Les Etats-Unis se préparent à l’arrivée de Matthew, au moins 14 morts dans les Caraïbes

Miami – Le sud-est des Etats-Unis se préparait à recevoir l’impact de Matthew, l’ouragan le plus puissant à frapper les Caraïbes en dix ans se dirigeant directement en sa direction après avoir déjà fait 14 morts.

Particulièrement vulnérable, Haïti, pays le plus pauvre de la région, affichait le plus lourd bilan avec au moins dix morts, selon les chiffres encore très provisoires donnés mercredi, une partie du pays ayant été longuement coupée du monde.

Matthew balayait mercredi soir l’archipel touristique des Bahamas avec des vents légèrement plus faibles mais restant violents, à 185 km/h, forçant la fermeture des aéroports.

L’ouragan « devrait s’intensifier plus tard ce soir et jeudi« , mettait en garde le centre américain de surveillance des ouragans (NHC) à 00H00 GMT.

Se déplaçant lentement à 19 km/h vers le nord-ouest, « Matthew traversera les Bahamas ce soir et demain, et devrait arriver très proche de la côte Est de la Floride d’ici demain soir« , précisaient ses météorologues.

L’ouragan devrait rester au moins en catégorie 3 sur 5 (vents supérieurs à 178 km/h), voire gagner en puissance à mesure qu’il se rapproche des côtes américaines, selon le NHC. Vendredi, ses vents avaient atteint 260 km/h (cat. 5).

Il se trouvait à 580 kilomètres au sud-est de West Palm Beach, station balnéaire de Floride située à une centaine de kilomètres au nord de Miami.

– Inondations dangereuses attendues –

Distribution gratuite de sacs de sable, péages levés et ouverture de refuges, cet Etat du sud-est des Etats-Unis habitué aux tempêtes tropicales se préparait néanmoins frénétiquement à l’arrivée de Matthew.

Barack Obama a averti qu’il s’agissait d’une « tempête sérieuse« , appelant les Américains à la vigilance. Les gouverneurs de plusieurs Etats menacés ont décrété l’état d’urgence.

« Si vous pouvez partir, faites-le maintenant« , a déclaré le gouverneur de la Floride Rick Scott, en ordonnant mercredi d’évacuer, volontairement ou obligatoirement selon les comtés, les zones sur la trajectoire de l’ouragan.

La Floride pourrait être « directement touchée » par le coeur de l’ouragan, a prévenu Rick Scott qui a mobilisé 500 militaires de la Garde nationale, 6.000 autres restant en alerte. L’impact sera de toutes façons « dévastateur« , a-t-il dit.

Un grand tronçon de côte de la Floride a été placé en alerte ouragan, depuis Golden Beach, à une trentaine de kilomètres au nord de Miami, jusqu’à la limite entre les comtés de Flagler et Volusia, quelque 400 kilomètres plus au nord.

Des vents violents et fortes précipitations caractéristiques des tempêtes tropicales sont attendus dès jeudi matin tôt en Floride, selon le NHC. « De hautes vagues provoquées par Matthew causeront une montée des eaux bien avant et bien au-delà de la trajectoire » de l’oeil de l’ouragan, avertissent ses météorologues.

« Il existe un risque d’inondations menaçant les vies humaines ces 36 prochaines heures le long de la côte Est de Floride« .

Battues par les vents, les plages du comté de Volusia d’ordinaire fréquentées par de nombreux touristes étaient désertées mercredi, tandis que les bouteilles d’eau et conserves venaient à manquer sur les étalages de certains supermarchés.

Au nord de Volusia, jusqu’à la rivière Savannah à la frontière entre la Géorgie et la Caroline du Sud, la côte a été placée sous surveillance ouragan, ce qui signifie qu’on peut s’attendre à de fortes précipitations et des vents violents d’ici vendredi soir.

En Caroline du Sud, déjà frappée en 2015 par de graves inondations, plus d’un million de personnes vivant près des côtes ont reçu l’ordre de se réfugier dès mercredi à l’intérieur des terres. L’armée américaine a elle décidé mercredi de mettre à l’abri plusieurs navires et avions en les éloignant de la trajectoire de l’ouragan.

– Choléra en Haïti –

Matthew a fait au moins 14 morts, dix en Haïti et quatre en République dominicaine selon un bilan encore très provisoire. Il a aussi frappé la Colombie, la Jamaïque et Cuba, où quatre localités côtières dans l’est de l’île ont subi d’importants dégâts mais les autorités ne faisaient pas état de victimes mercredi.

Vers 15H00 GMT, l’US Navy a signalé un retour à la normale sur sa base de Guantanamo, à Cuba.

C’est en Haïti qu’on craignait le plus une aggravation du bilan, le pays étant très vulnérable aux aléas climatiques en raison de l’importante déforestation et peinant encore à se relever du violent séisme de 2010.

Après plus de 18 heures de silence complet, les communications ont pu finalement être rétablies mercredi soir avec le département de la Grande Anse, dans le sud-ouest, les autorités qualifiant la situation de « très préoccupante » après avoir observé de nombreuses habitations endommagées et de vastes inondations. Comme redouté, les inondations ont entraîné une résurgence du choléra: déjà huit nouveaux cas ont été recensés, selon les autorités.

Le bureau des Nations unies pour l’aide humanitaire (OCHA) a estimé mercredi que 300.000 Haïtiens avaient besoin d’une assistance immédiate.

Neuf hélicoptères militaires américains devaient arriver en Haïti à partir de jeudi matin pour des opérations de secours, selon l’armée américaine, un porte-avions et deux autres navires se tenant également prêts à intervenir.

La Bourse de Paris finit en nette hausse sur fond d’accalmie bancaire

Paris – La Bourse de Paris a terminé en nette hausse (+1,11%) mardi, repassant au-dessus des 4.500 points grâce à l’essor du pétrole et de l’automobile, sur fond d’accalmie bancaire.

L’indice CAC 40 a gagné 49,53 points à 4.503,09 points, dans un volume d’échanges de 3,1 milliards d’euros. La veille, il avait grappillé 0,12%.

Parmi les autres marchés européens, Londres a gagné 1,30% et Francfort a pris 1,03%. Par ailleurs, l’Eurostoxx 50 a progressé de 1,03%.

La cote parisienne a ouvert dans le vert avant d’accentuer sa progression tout au long de la séance.

« Le marché a été porté par plusieurs thématiques relativement fortes, notamment le secteur de l’énergie« , note auprès de l’AFP Frédéric Rozier, conseiller de gestion de Meeschaert Gestion Privée.

« Le pétrole casse ses résistances. L’ouragan Matthew arrive dans des zones de stockage de barils, des plates-formes sont évacuées. Cela crée une tension qui explique pourquoi le secteur de l’énergie est bien orienté« , poursuit-il.

Par ailleurs, le marché parisien a également été dopé par le secteur automobile, malgré des ventes automobiles en demi-teinte aux États-Unis, ce lundi.

« Le secteur a profité de recommandations à l’achat » par Exane BNPParibas, explique M. Rozier.

Dans ce contexte, les valeurs bancaires, bien orientées, « ne se distinguaient pas plus que les autres et étaient au milieu du peloton« , poursuit M. Rozier. Néanmoins, le secteur poursuivait son rebond après une semaine difficile.

Deutsche Bank, sous la menace d’une amende de 14 milliards de dollars réclamée par les États-Unis pour solder un litige lié aux emprunts toxiques en 2008, a essuyé une tempête la semaine dernière, entraînant à la baisse les autres banques européennes.

Mais l’annonce vendredi d’un possible accord entre les deux parties pour le paiement d’une amende de 5,4 milliards de dollars a toutefois un peu apaisé les esprits.

Sur le plan des indicateurs, les prix à la production industrielle en août en zone euro ont reculé de 0,2%, contre une hausse de 0,3% le mois précédent.

Par ailleurs, le Fonds monétaire international (FMI) a publié ses prévisions, laissant apparaître une croissance modérée en zone euro en 2016, avant un ralentissement en 2017.

Le FMI a également révisé à la baisse des prévisions de croissance américaine, sans que cela ne semble peser sur les marchés.

Du côté des valeurs, le secteur de l’automobile a progressé, Peugeot prenant 3,13% à 13,84 euros et Renault 2,83% à 75,58 euros, tandis que Faurecia gagnait 2,03% à 35,72 euros et Valeo 1,12% à 52,40 euros.

Les titres liés au pétrole ont également fini en hausse, à l’image de Total (+1,85 à 43,11 euros), CGG (+0,45% à 24,50 euros), Technip (+1,87% à 55,50 euros) ou Vallourec (+1,11% à 4,18 euros).

Le secteur financier a terminé bien orienté, comme BNP Paribas (+0,91% à 46,03 euros), Société Générale (+1,46% à 30,91 euros), Natixis (+2,67% à 4,22 euros) et Crédit Agricole (+1,23% à 8,89 euros).

Safran a gagné 3,20% à 66,48 euros après avoir cédé sa filiale de sécurité à Oberthur Technologies, détenu par un fonds américain, pour 2,4 milliards d’euros.

LVMH a été dynamisé (+3,03% à 156,60 euros) par l’annonce de l’acquisition de 80% du fabricant de valises haut de gamme allemand Rimowa pour 640 millions d’euros.

Europcar a été porté (+4,48% à 8,35 euros) par l’annonce de bonnes perspectives, le groupe visant un chiffre d’affaires supérieur à 3 milliards d’ici 2020.

Les valeurs liées à l’immobilier ont en revanche souffert, à l’image de Klepierre (-1,15% à 39,99 euros), Foncière des Régions (-1,56% à 81,82 euros) et Gecina (-1,89% à 137,60 euros).

Bonduelle a reculé de 4,56% à 22,00 euros, pénalisé par le recul de 22,5% du bénéfice net annuel du groupe agroalimentaire.

Sanofi a pris 1,10% à 68,99 euros après avoir réorganisé son activité chimie en deux entités opérationnelles, l’une pour ses propres besoins et une autre dédiée à des clients externes, pour laquelle le groupe pharmaceutique envisage plusieurs options, dont une cession, selon des sources concordantes interrogées mardi.

Orange a gagné 1,78% à 14,05 euros après avoir annoncé être devenu actionnaire majoritaire de Groupama Banque, à hauteur de 65% du capital.

Cac 40 (Euronext)

Syrie: à « bout de patience », Washington suspend ses pourparlers avec Moscou

Washington – Les Etats-Unis ont annoncé lundi qu’ils suspendaient leurs pourparlers avec la Russie sur un cessez-le-feu en Syrie, après la destruction totale du plus grand hôpital du secteur rebelle d’Alep dans un bombardement aérien.

Le régime syrien mène depuis onze jours, avec l’aide de la Russie, une vaste offensive pour reprendre cette partie d’Alep, au prix de bombardements massifs qui ont suscité l’indignation des pays occidentaux.

« Tout le monde est à bout de patience avec la Russie« , a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest. « Il n’y a plus rien dont les Etats-Unis et la Russie puissent parler » à propos de la Syrie, a-t-il ajouté.

Moscou a assuré peu après « regretter » la décision de Washington.

De son côté, l’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie Staffan de Mistura a assuré dans un communiqué que « l’ONU va continuer à faire pression énergiquement en faveur d’une solution politique au conflit syrien malgré l’issue extrêmement décevante des discussions longues et intenses entre deux acteurs internationaux cruciaux« .

Les Etats-Unis ont par ailleurs annoncé qu’ils avaient procédé lundi à une frappe aérienne près d’Idleb (nord-ouest) visant un responsable « important » d’Al-Qaïda en Syrie. Le Pentagone n’a pas précisé s’il avait été tué et n’a pas dévoilé son identité.

L’ancienne branche d’Al-Qaïda en Syrie, le Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra), a annoncé peu après la mort d’un responsable, Ahmed Salama Mabrouk, un Egyptien plus connu sous son nom de guerre de Abu Faraj, dans une frappe aérienne de la coalition menée par les Etats-Unis.

Malgré la suspension de leurs tractations sur la Syrie, Washington et Moscou vont néanmoins continuer à échanger des informations à travers le mécanisme de « deconfliction » qui vise à éviter un incident entre leurs avions au-dessus de la Syrie.

Dans le secteur rebelle d’Alep, décrit comme « l’enfer sur Terre » par l’ONU qui évoque « la plus grave catastrophe humanitaire jamais vue en Syrie« , le plus grand hôpital a été complètement détruit lundi par des raids.

Moscou s’est félicité de la « grande efficacité » de ses frappes, démentant tout bombardement d’hôpital ou d’école malgré les accusations des Occidentaux.

« L’hôpital a été visé directement par des raids aériens« , a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

« L’hôpital M10, le plus grand d’Alep-Est, (…) a été détruit, et n’est plus en service de manière permanente« , a tweeté Adham Sahloul de la Syrian American Medical Society (SAMS), une ONG médicale qui soutient l’hôpital.

– ‘Peur pour le personnel’ –

« On a peur que l’immeuble s’effondre sur la partie souterraine de l’hôpital » (…) nous avons peur pour le personnel », a ajouté M. Sahloul.

D’après SAMS, le bombardement a fait trois morts parmi les employés de maintenance de l’hôpital, connu sous le nom de code M10 pour des raisons de sécurité. L’établissement a été visé à plusieurs reprises par des raids aériens, notamment samedi.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) n’a pas été en mesure d’indiquer si les tirs provenaient d’avions du régime ou de son allié russe.

Depuis son lancement le 22 septembre, cette campagne militaire a permis aux forces pro-gouvernementales de grignoter du terrain aux rebelles dans le centre et le nord d’Alep, avec des bombardements qui ont fait au moins 220 morts selon l’OSDH.

Divisée depuis 2012 entre secteur Ouest contrôlé par le régime et des quartiers Est aux mains des rebelles, Alep est devenue le principal front du conflit syrien, qui a fait plus de 300.000 morts en cinq ans.

Environ 250.000 personnes, dont 100.000 enfants, vivent dans les quartiers Est assiégés par le régime, selon l’ONU.

« Les accusations selon lesquelles la Russie aurait bombardé des installations médicales, des hôpitaux ou des écoles sont toutes sans fondement« , a indiqué un vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov, estimant que l’intervention des forces aériennes russes avait aidé à « éviter un chaos absolu » en Syrie.

– Douma, un 2e Alep’ –

Sur d’autres champs de bataille, la rébellion perd également du terrain dans la province de Damas, où la ville rebelle de Douma a été la cible de raids intenses, ses habitants craignant de subir le même sort qu’Alep.

Ces bombardements s’inscrivent dans le cadre d’une offensive gouvernementale lancée il y a cinq mois et qui a rogné progressivement le territoire contrôlé par la rébellion dans cette région.

Soutenues par des milices libanaise, afghane et même iranienne, les forces loyalistes sont désormais à trois kilomètres à l’est de Douma.

Sur le plan diplomatique, le Conseil de sécurité de l’ONU étudiait lundi un projet français de résolution visant à instaurer un cessez-le-feu à Alep depuis l’échec de l’accord américano-russe.

M. Gatilov a indiqué dans l’après-midi que la Russie ne soutenait pas ce projet.

L’ambassadeur russe à l’ONU Vitali Tchourkine a seulement précisé à des journalistes que Moscou « examinait » le texte, soulevant des questions sur le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu.

Son homologue britannique Matthew Rycroft a apporté le soutien de son pays au projet français, tout en soulignant que « ce qui va mettre fin à la guerre n’est pas un bout de papier« .