L’affaiblissement électoral et institutionnel d’écologistes divisés

À l’issue de la séquence électorale de 2012, EELV avait incontestblement franchi un seuil dans l’histoire de son développement. Pour la première fois, le parti disposait de deux groupes parlementaires. Deux ministres écologistes siégeaient au gouvernement et EELV participait à de très nombreuses majorités municipales et régionales. D’un point de vue militant, le parti comptait plus de 15 000 adhérents et près de 20 000 sympathisants engagés (les coopérateurs). Les très bons résultats obtenus lors des scrutins intermédiaires qui avaient précédé 2012 (européennes de 2009, régionales de 2010 et cantonales de 2011), tout comme l’élection d’une vingtaine de députés lors des législatives de 2012, dans le cadre d’un accord avec le Parti socialiste (PS), étaient une preuve supplémentaire de cette dynamique, même si la contre-performance d’Eva Joly à l’élection présidentielle de 2012 (2,3%) indiquait déjà un repli dans les urnes. La période qui suit 2012 fut nettement plus défavorable à EELV, avec la recrudescence des tensions internes liées à la participation au gouvernement, les défections de nombreux responsables, les départs de près de la moitié des adhérents, et l’affaiblissement des résultats électoraux, illustré dans le tableau ci-dessous. Conséquence directe de ces difficultés : après les régionales de 2015, le parti ne dispose plus que de 6 députés européens (contre 14 en 2009) et 62 conseillers régionaux (contre 261 en 2010). La séquence électorale de 2017 fut particulièrement difficile pour EELV. D’abord, alors que la quasi-totalité des cadres du parti appelait à sa candidature, le refus de Nicolas Hulot de se présenter à la présidentielle a précipité le parti dans une primaire au corps électoral très restreint (un peu plus de 12 000 participants), marquée par la défaite de Cécile Duflot, ancienne ministre et dirigeante du parti, et l’élection d’un candidat à la notoriété limitée, Yannick Jadot. Ces difficultés se sont encore renforcées à l’issue de la primaire de la Belle Alliance populaire, puisque le candidat victorieux, Benoît Hamon, avait fait siennes les positions d’EELV sur la plupart des enjeux écologistes(lutte contre toutesles pollutions, diminution de la place du travail dans la société, transition écologique, par exemple). Cela explique en partie le choix d’une alliance avec le Parti socialiste, menant à ce que, pour la première fois depuis 1974, l’écologie politique n’ait pas de candidat attitré lors de l’élection présidentielle.