Comment lutter contre les perturbateurs endocriniens?

Une étude publiée ce jeudi montre que les écolos aussi ont des perturbateurs endocriniens plein les cheveux. Ces substances chimiques présentes dans un certain nombre de produits du quotidien sont suspectées d’avoir des effets néfastes sur la santé. Comment les éviter?

Ils sont partout. Dans votre assiette, votre trousse de toilette, votre salon, vos placards. Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques, d’origine naturelle ou artificielle, particulièrement présents dans notre environnement. Il est donc difficile de leur échapper. Pour preuve, même les écolos sont contaminés, comme le montre une étude de l’ONG Générations Futures, publiée ce jeudi.

LIRE AUSSI >> Autissier et les perturbateurs endocriniens: « 30 ans après, je reste contaminée »

Sept personnalités de l’écologie, dont Yann Arthus-Bertrand, Nicolas Hulot ou encore Delphine Batho ont fait analyser l’une de leurs mèches de cheveux. Les résultats sont édifiants. Leurs cheveux « renferment tous un cocktail important de nombreux perturbateurs endocriniens (de 36 à 68 par personne) bien que quatre familles de substances chimiques seulement aient été recherchées », souligne Générations Futures dans son rapport.

Problèmes de fertilité, malformations génitales, voire cancers… Ces perturbateurs endocriniens sont soupçonnés d’avoir un certain nombre de conséquences néfastes sur la santé. « Des études épidémiologiques observent en particulier une évolution de la fréquence de pathologies diverses touchant notamment les organes de la reproduction, ou encore des altérations de la fertilité pour lesquelles les chercheurs interrogent une relation possible avec des effets perturbateurs endocriniens », écrit sobrement l’Agence nationale de sécurité sanitaire.

Ce constat posé, comment lutter alors que l’on est exposé quotidiennement? « Il faut tout faire pour limiter l’exposition, explique Laurent Chevallier, auteur du Guide antitoxique de la grossesse. Ce sont des gestes à acquérir qui permettent de neutraliser un certain nombre de ces perturbateurs endocriniens. » Ce médecin met en garde contre « l’effet cocktail », c’est-à-dire l’accumulation de plusieurs substances nocives qui « majorent le risque ».

Dans la trousse de toilette

Triclosan dans le dentifrice, benzophénone dans le fond de teint, parabènes dans le rouge à lèvres, phtalates dans le parfum, triphenyl phosphate dans le vernis, resorcinol dans les colorations… La liste est longue et non exhaustive. « On trouve beaucoup de pertubateurs endocriniens dans les cosmétiques. Une étude Notéo a montré qu’on en trouvait, au moins un, dans un tiers des produits d’hygiène-beauté classiques.

Nous, ce qu’on recommande pour faire le ménage dans la trousse de toilette, c’est de se fier à l’éco-label européen », explique à L’Express Ludivine Ferrer, présidente de « Santé environnement France ». Son association publie des guides santé pour aider les consommateurs en leur donnant des conseils pratiques. Vous pouvez également commencer à scruter les étiquettes et la composition des produits, ce qui peut parfois s’avérer compliqué. « Les éther de glycol ont une quarantaine de noms chimiques. Or, tout le monde n’a pas de master en physique chimie. »Si vous voulez quand même essayer, l’UFC Que choisir a mis en ligne sur sont site les fiches des molécules toxiques à éviter.

LIRE AUSSI >> Perturbateurs endocriniens et cosmétiques: « Il faut aller vers plus de simplicité »

« Il faut bien hiérarchiser les risques, nuance Laurent Chevallier. De nombreuses crèmes solaires sont composées de substances nocives. Pour autant, on ne les utilise que 15 jours par an. Alors que le fond de teint, ou le déodorant, sont des produits utilisés quotidiennement. »

Dans l’alimentation

La règle du bio s’applique ici également, les pesticides pouvant jouer le rôle de perturbateurs endocriniens. Mais elle n’est pas la seule. « Le plus simple, c’est de manger frais, conseille Ludivine Ferrer. Evitez tout ce qui est emballages plastiques et boîtes en conserve. »

Pour réchauffer vos aliments au micro-ondes, préférez les assiettes ou plats en verre. « La chaleur fait migrer le bisphénol ou les phtalates dans les aliments. » Autre recommandation de l’association: pas plus de deux repas à partir de poisson gras comme le saumon par semaine, voire une fois pour les femmes enceintes. En cause la présence possible de PCB, des dérivés chimiques chlorés.

« A partir du moment où l’on élimine des paniers de courses tout un tas de produits inutiles comme les sodas ou les biscuits, facilement remplaçables par exemple par des fruits, il est possible d’acheter bio, sans que l’addition ne soit beaucoup plus élevée », assure le Docteur Chevallier.

Ailleurs dans la maison

Produits pour laver la vaisselle, les sols ou encore les vitres… Comme pour les cosmétiques, il existe des produits d’entretien éco-labellisés. Mais vous pouvez tout aussi bien avoir recours au vinaigre blanc, au bicarbonate de soude et à de l’eau chaude pour nettoyer. Ils sont tout aussi efficaces mais nettement moins nocifs.

Les produits ménagers ne sont d’ailleurs pas les seuls dont il faut se méfier. « Les désodorisants, bougies parfumées et encens sont à bannir », prévient Ludivine Ferrer. Dans tous les cas, l’aération régulière de votre maison est nécessaire. Enfin, en cas de travaux, soyez attentifs aux produits utilisés pour peindre, d’autant plus s’il s’agit de la chambre du bébé. Tâche à éviter pour les femmes enceintes.

Chaque année, en France, on estime que la pollution de l’air intérieur serait responsable de près de 20 000 décès prématurés, selon une étude réalisée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI).