Explosions sur le trajet du bus de l’équipe de Dortmund: ce que l’on sait

Trois charges explosives ont endommagé le bus de l’équipe de football du Borussia Dortmund, qui se dirigeait vers son stade, pour le quart de finale aller de la Ligue des champions contre Monaco. Un joueur, Marc Bartra, a été blessé, le match est reporté à mercredi.

Le bus de l’équipe de football allemande du Borussia Dortmund a été endommagé et un joueur blessé ce mardi soir par « l’explosion » de trois « charges », peu avant un match de Ligue des champions contre l’AS Monaco. Que s’est-il passé? Qui a été touché? Quelles suites pour la compétition? L’Express fait le point.

Ce qu’il s’est passé

Les faits se sont produits peu avant la rencontre entre le club allemand et l’équipe française de Monaco, en quart de finale aller de la Ligue des champions. Le bus venait à peine de partir de l’hôtel des joueurs dans un quartier du sud-ouest de Dortmund pour se rendre au stade Signal Iduna Park, situé à 18 kilomètres de distance, lorsque « trois charges explosives ont détoné », faisant voler en éclats les vitres du bus, a expliqué un porte-parole de la police locale, Gunnar Wortmann.

« Après l’explosion, nous nous sommes tous baissés dans le bus, ceux qui pouvaient se sont couchés par terre », a raconté le gardien de but de Dortmund Roman Bürki. D’après le parquet anti-terroriste allemand, les charges semblent avoir été dissimulées dans une haie et actionnées au passage du bus. Des analyses supplémentaires sont en cours pour déterminer la substance explosive exacte utilisée.

Combien de victimes?

Une personne à l’intérieur du bus a été blessée, a précisé Gunnar Wortman. Il s’agit du défenseur international espagnol de Dortmund, Marc Bartra, âgé de 26 ans, qui a été touché au bras et à la main. Hospitalisé, son opération du poignet s’est bien passée, mais il ne pourra pas participer à la rencontre reportée à ce mercredi.

Formé au FC Barcelone, l’espagnol Marc Bartra, 26 ans, a rejoint le Borussia en juin dernier pour remplacer le défenseur allemand Marc Hummels, parti au Bayern Munich. Sélectionné à 12 reprises avec l’Espagne, il a participé cette saison à 18 rencontres de Bundesliga, le championnat allemand, et est devenu incontournable aux yeux de son entraîneur Thomas Tuchel. Réputé pour son jeu de tête et sa qualité technique, il devait être titulaire contre Monaco en charnière centrale.

Un policier a également été légèrement blessé par la déflagration.

Un homme en détention

L’enquête en cours s’est concentrée « sur deux suspects appartenant à la mouvance islamiste », dont l’un d’eux « a été interpellé », a déclaré le parquet antiterroriste allemand. Présenté par la justice comme Abdoul Beset A., l’homme est un Irakien de 26 ans. Il avait quitté son pays d’origine pour la Turquie en mars 2015 avant de gagner l’Allemagne début 2016. Selon le quotidien Süddeutsche Zeitung, il réside à Wuppertal, une ville située comme Dortmund dans la région de la Ruhr.

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Cependant, « l’enquête n’a pas permis jusqu’à présent de trouver d’éléments montrant que le suspect a participé à l’attentat », a indiqué le parquet antiterroriste allemand jeudi 13 avril. L’individu a néanmoins été placé en détention pour son appartenance présumée dans son pays, à partir de fin 2014 « au plus tard », au groupe Etat islamique.

L’autre suspect est un Allemand de 28 ans habitant à Fröndenberg, qui a été interpellé peu après l’attentat contre l’équipe du Borussia Dortmund. Faute d’éléments à charge, il n’a pas été placé en garde à vue.

Trois lettres de revendication

Une représentante du parquet anti-terroriste, Frauke Köhler, a précisé que la police avait retrouvé sur les lieux du drame trois lettres identiques de revendication laissant penser à un attentat djihadiste. « Il en ressort qu’une motivation islamiste pour les faits est possible », a dit la magistrate.

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Cette missive réclame la fin de la participation de l’Allemagne à la lutte contre l’organisation Etat islamique et exige en particulier qu’elle retire ses chasseurs Tornados, qui opèrent depuis la Turquie vers la Syrie. Une autre revendication, circulant en ligne, prête l’attaque à un groupe anti-fasciste, mais cette piste semble perdre de la consistance.Selon le quotidien Bild, les explosifs étaient des « bombes artisanales ».

Quelles suites pour la compétition?

À un quart d’heure du coup d’envoi, vers 20h30, le club de Dortmund a annoncé que le match était officiellement reporté au mercredi 12 avril, 18h45.

Le Borussia a ensuite invité les supporters qui ne disposaient pas d’un hébergement de consulter le hashtag #Bedforawayfans.

L’AS Monaco a remporté le match (3-2). Très remonté en conférence de presse, l’entraîneur du BvB a expliqué qu’il n’avait pas été consulté au sujet de cette programmation. Selon Thomas Tuchel, l’UEFA à forcé son équipe à jouer sans prendre en compte son avis.

Quelles réactions?

La chancelière allemande Angela Merkel s’est dite « horrifiée » par cette « répugnante » attaque, a indiqué mercredi son porte-parole Steffen Seibert. Les enquêteurs « feront tout pour retrouver et traduire en justice le ou les coupables », a-t-il ajouté.

Mardi soir, le ministre français des Sports, Patrick Kanner, a évoqué « la violence terroriste » sur Twitter. « Le sport est une cible privilégiée de la violence terroriste. Ne cédons pas », a-t-il écrit, avant de supprimer son post.

Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a personnellement assuré sur le réseau social se tenir « informé des nouvelles en provenance de Dortmund et de la santé de Marc Bartra, à qui [il] souhaite un prompt rétablissement ».

« Ce soir, nous sommes tous avec le Borussia Dortmund », a tweeté Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière allemande, Angela Merkel, saluant « la réaction des supporters de Monaco », qui ont chanté « Dortmund, Dortmund » dans le stade après l’annonce de l’incident.