L’Ukraine marque le 30e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl

Tchernobyl (Ukraine) – L’Ukraine marquait mardi le 30e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, pire accident nucléaire de l’Histoire, ayant fait, selon certaines estimations, des milliers de morts et contaminé jusqu’aux trois quarts de l’Europe.

« Tchernobyl est devenu la plus grave catastrophe provoquée par l’homme au monde. Nous sommes ici pour faire tout ce qui est possible afin de prévenir de tels accidents à l’avenir« , a déclaré le président ukrainien Petro Porochenko, lors d’une cérémonie sur le site.

Il a également déposé des fleurs au pied d’un monument aux victimes de Tchernobyl près de la centrale accidentée, située à une centaine de kilomètres au nord de Kiev.

Le chef d’Etat a assisté à la signature par Suma Chakrabarti, président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), d’un accord de 40 millions d’euros pour le projet de construction d’un dépôt pour le combustible nucléaire usagé de Tchernobyl.

« Nous sommes très reconnaissants envers toute la communauté internationale, notamment la Berd et le G7. (…) C’est un geste de solidarité important« , a-t-il ajouté.

Le G7 s’est aussi engagé à verser 47,5 millions d’euros supplémentaires pour financer la construction de ce nouveau dépôt de stockage du combustible usagé des réacteurs numéros 1,2 et 3 de Tchernobyl.

– Réserve protégée –

« Trente ans après l’accident de Tchernobyl, il est crucial que l’Ukraine et la communauté internationale mènent des efforts conjoints pour transformer le site en un lieu sûr pour l’environnement« , a souligné M. Chakrabarti à Kiev lundi.

Le président ukrainien a dans cette optique signé un décret sur la création d’une réserve protégée pour préserver la biosphère de la zone de Tchernobyl et mener des études afin de la rendre plus sûre, selon un communiqué de la présidence mardi. Le territoire s’étendra sur une superficie totale de 227.000 hectares et comprendra la zone d’exclusion de 30 kilomètres autour de la centrale.

Le 26 avril 1986, à 01H23, le réacteur numéro 4 explosait au cours d’un test de sûreté.

Pendant dix jours, le combustible nucléaire a brûlé, rejetant dans l’atmosphère des éléments radioactifs qui contaminèrent, selon certaines estimations, jusqu’aux trois quarts de l’Europe, mais surtout la Russie, l’Ukraine, le Bélarus, alors républiques soviétiques.

Moscou a d’abord tenté de cacher l’accident. Si la première alerte publique a été donnée le 28 avril par la Suède, qui avait détecté une hausse de la radioactivité, le chef de l’Etat soviétique Mikhaïl Gorbatchev n’est intervenu publiquement que le 14 mai.

– Nombre exact de morts inconnu –

Au total, 116.000 personnes ont dû être évacuées en 1986 d’un périmètre de 30 kilomètres autour de la centrale, toujours zone d’exclusion aujourd’hui. Dans les années suivantes, 230.000 autres ont connu le même sort.

Aujourd’hui, cinq millions d’Ukrainiens, Biélorusses et Russes vivent toujours dans des territoires irradiés à divers degrés.

En quatre ans, quelque 600.000 Soviétiques connus depuis sous le nom de « liquidateurs » ont été dépêchés sur les lieux de l’accident avec une faible protection, voire aucune, pour éteindre l’incendie, construire une chape de béton afin d’isoler le réacteur accidenté et nettoyer les territoires aux alentours.

Aujourd’hui, le bilan humain de la catastrophe fait toujours débat. Le comité scientifique de l’ONU (Unscear) ne reconnaît officiellement qu’une trentaine de morts chez les opérateurs et pompiers tués par des radiations aiguës juste après l’explosion, mais selon certaines estimations le bilan se chiffre en milliers.

Malgré la catastrophe, trois autres réacteurs de Tchernobyl ont continué de produire de l’électricité jusqu’en décembre 2000.

Le « sarcophage » de béton bâti à la va-vite en 1986 au-dessus du réacteur accidenté menaçant de s’écrouler et d’exposer à l’air libre 200 tonnes de magma hautement radioactif, la communauté internationale s’est engagée à financer la construction d’une nouvelle chape plus sûre.

A cette fin, un fonds géré par la Berd a été créé et, au fil des années, les fonds ont été réunis pour ce projet d’un coût total de 2,1 milliards d’euros.

Une gigantesque arche étanche en acier, lourde de 25 tonnes et haute de 110 mètres, est déjà assemblée et va être glissée au-dessus de la vieille chape pour devenir opérationnelle fin 2017.