EN DIRECT. Panama Papers: « Toutes les informations seront exploitées »

Voici le dernier point de la soirée sur l’affaire des Panama Papers :

Le Monde et une centaine de médias ont dévoilé dimanche soir un scandale mondial d’évasion fiscale. Ils se sont basés sur des millions de documents qui ont fuité du cabinet d’avocat panaméen, Mossak Fonseco, chargé de domicilier des sociétés offshore.

– En 2012, le Panama avait été retiré de la liste des pays non-coopératifs sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Aujourd’hui, Michel Sapin envisage de l’y inscrire à nouveau, tandis que Manuel Valls a exprimé « l’intransigeance de la France dans la lutte contre l’évasion fiscale et pour la transparence financière. À Panama, comme partout ailleurs ». L’Express revient sur les relations qui lient les deux pays.

– Au-delà des centaines de personnes citées, les Panama Papers mettent en lumière les nombreuses stratégies mises en place par les fraudeurs, des montages offshore aux sociétés écran.

– La justice française a de son côté ouvert une enquête préliminaire pour « blanchiment de fraudes fiscales aggravées ». Le secrétaire d’Etat du Budget Christian Eckert a assuré que l’ensemble des informations publiées dans l’affaire des Panama Papers vont être « exploitées » par l’administration fiscale.

Un proche de Marine Le Pen, Frédéric Châtillon, a par ailleurs annoncé lui-même sur Facebook qu’il « [aurait] droit demain aux honneurs du Monde dans l’affaire de #PanamaPapers ». Interrogé sur la possible présence du Front national et sa présidente sur les listes, Florian Philippot a pour sa part martelé que « ni le Front national ni Marine Le Pen n’ont de « compte offshore » ou de « compte au Panama ».

Patrick Drahi, cité dans l’enquête des Panama Papers, a démenti avoir utilisé une société panaméenne à des fins d’évasion fiscale. Le groupe Altice (maison mère de SFR et propriétaire de L’Express) reconnaît avoir eu recours à une société enregistrée au Panama mais « dans des conditions parfaitement légales » et « sans aucune incidence fiscale » a-t-il indiqué via un communiqué.

– Même son de cloche pour Lionel Messi. Dans un communiqué, le footballeur a parlé d’accusations « fausses et injurieuses » et menace de poursuivre en justice les médias qui ont diffusé ces documents.

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Et en Islande, les habitants se sont rassemblés en masse pour exiger le départ de leur Premier ministre, Sigmundur Davíð Gunnlaugsso, qui refuse pour l’heure l’idée de quitter son poste. Il a détenu dans le plus grand secret, jusqu’en 2009, une entreprise enregistrée dans les Îles Vierges britanniques. Une pilule qui a du mal à passer dans un pays durement touché par les excès de ses banques.

Nous vous tiendrons au courant en cas de nouvelles informations.

Nagorny-Karabakh: la Russie et les Etats-Unis appellent au cessez-le-feu

Erevan – La Russie et les Etats-Unis ont appelé à un cessez-le-feu immédiat au Nagorny Karabakh, territoire disputé où au moins 30 soldats ont été tués dans des combats entre forces azerbaïdjanaises et arméniennes.

Ces affrontements, qui ont débuté dans la nuit de vendredi à samedi, sont les plus meurtriers survenus depuis 1994 dans cette région d’Azerbaïdjan à majorité arménienne qui a proclamé son indépendance en 1991 et que se disputent Bakou et Erevan.

Le président russe Vladimir Poutine a appelé samedi « les deux parties à un cessez-le-feu immédiat et à faire preuve de retenue pour éviter qu’il y ait de nouvelles victimes« .

Les ministres russes des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et de la Défense, Sergueï Choïgou, ont téléphoné à leurs homologues azerbaïdjanais et arménien.

A Washington, le secrétaire d’Etat américain John Kerry, condamnant « dans les termes les plus forts » les affrontements, a pressé les deux parties de « respecter strictement le cessez-le-feu« . « Il n’y a pas de solution militaire à ce conflit« , a déclaré le chef de la diplomatie américaine.

– Accusations mutuelles –

Arménie et Azerbaïdjan s’accusent mutuellement d’avoir déclenché les hostilités.

Selon Erevan, « l’Azerbaïdjan a lancé vendredi soir une attaque massive à la frontière du Nagorny-Karabakh avec chars, artillerie et hélicoptères« .

Bakou a immédiatement démenti, assurant que ses forces n’avaient fait que répondre à une attaque venue du côté arménien.

Le président arménien Serge Sarkissian a déclaré lors d’une allocution télévisée qu’il s’agissait « des plus graves combats armés depuis l’instauration d’un cessez-le-feu en 1994« .

« Au cours des combats avec les forces armées azerbaïdjanaises, de notre côté, 18 militaires arméniens ont été tués et environ 35 blessés« , a déclaré M. Sarkissian.

Erevan a également annoncé la mort d’un garçon de 12 ans, touché par des tirs d’artillerie azerbaïdjanais qui ont aussi blessé deux civils dans un village de la frontière.

Sept civils ont été blessés au total, selon les autorités de cette région séparatiste soutenue par l’Arménie.

Selon le ministère azerbaïdjanais de la Défense, « douze soldats azerbaïdjanais ont été tués au combat et un hélicoptère a été abattu par les forces arméniennes« .

Bakou a en outre indiqué qu’un civil avait été tué du côté azerbaïdjanais.

Les deux parties ont fait état en fin de journée d’une stabilisation de la situation.

« Au cours des deux dernières heures, la situation sur la ligne de confrontation s’est stabilisée. Les tirs ont cessé« , a déclaré vers 18h30 GMT à l’AFP le porte-parole du ministère azerbaïdjanais de la Défense Vaguif Diargakhli.

Erevan a assuré « avoir ramené la situation sous contrôle et infligé des pertes importantes » à l’armée ennemie. « La situation reste tendue« , a toutefois estimé M. Sarkissian, qui présidait une réunion d’urgence de son gouvernement.

– ‘Entrer immédiatement en négociations’ –

M. Kerry et le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ont demandé aux belligérants « d’entrer immédiatement en négociations sous les auspices du groupe de Minsk« .

Ce groupe de médiateurs internationaux réunis sous l’égide de l’OSCE a souligné sa « vive préoccupation » devant le risque d’une escalade.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a réclamé un « arrêt immédiat des combats« . Il s’est dit « particulièrement préoccupé par l’usage d’armes lourdes et par le grand nombre de victimes, dont des civils« .

La responsable de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini, a elle aussi « appelé à la fin immédiate des combats et au respect du cessez-le-feu » de 1994, de même que le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorbjoern Jagland, et le président français, François Hollande.

Le Nagorny-Karabakh, rattaché à l’Azerbaïdjan à l’époque soviétique, a été entre 1988 et 1994 le théâtre d’une guerre qui a fait 30.000 morts et des centaines de milliers de réfugiés, principalement des Azerbaïdjanais. Il est désormais peuplé majoritairement d’Arméniens.

Malgré la signature en 1994 d’un cessez-le-feu, aucun traité de paix n’a été signé.

L’Azerbaïdjan menace périodiquement de reprendre par la force la région séparatiste si les négociations n’aboutissent pas. L’Arménie estime pour sa part qu’elle pourrait faire face à toute offensive.

En 2014, les tensions entre les deux pays s’étaient intensifiées avec, en novembre, le crash d’un hélicoptère arménien abattu par les forces azerbaïdjanaises et la mort des trois membres de son équipage, selon les médias arméniens. Depuis, des accrochages armés ont régulièrement lieu.

Libye: le gouvernement d’union nationale réussit à rallier des soutiens

Tripoli – Le gouvernement d’union nationale libyen a réussi à rallier des soutiens, dont celui de milices et de villes, suscitant l’espoir que cette autorité appuyée par la communauté internationale puisse sortir la Libye du chaos.

Le chef de ce gouvernement formé sous l’égide de l’ONU, Fayez al-Sarraj, est apparu vendredi pour la première fois en public dans une mosquée de la capitale, après avoir débarqué mercredi d’un navire militaire libyen dans la base navale de Tripoli.

Son arrivée a suscité la colère du gouvernement et du Parlement non reconnus internationalement installés à Tripoli et liés à la coalition de milices Fajr Libya, qui l’ont sommé de partir ou d’en assumer les conséquences.

M. Sarraj a néanmoins déjoué les pronostics en recevant de multiples soutiens, malgré la fermeture de certaines routes et des tirs dans la capitale, qui ont fait craindre aux habitants de nouvelles violences.

Portant un coup aux autorités liées à Fajr Libya, qui contrôlent Tripoli depuis août 2014, des milices de la capitale ont fait allégeance à M. Sarraj, de même que les autorités de dix villes de l’ouest de la Libye.

Les municipalités de ces dix villes situées entre Tripoli et la frontière tunisienne, dont Sabratha, Zawiya et Zouara, ont appelé jeudi dans un communiqué à « soutenir le gouvernement d’union« .

M. Sarraj a aussi reçu le soutien des gardes des principales installations pétrolières. « Désormais, les recettes de l’exportation du pétrole par les principales installations (de l’est du pays) iront au nouveau gouvernement« , a déclaré à l’AFP un porte-parole des gardes des installations.

Et quelque 300 Libyens, défiant le déploiement sécuritaire, ont manifesté à Tripoli, aux cris de « Le peuple veut le gouvernement d’union! Dégage, Ghweil!« , référence au chef du gouvernement non reconnu, Khalifa al-Ghweil.

– ‘Importante étape vers la stabilité’ –

Le Conseil de sécurité de l’ONU a salué à l’unanimité vendredi l’installation à Tripoli du chef du gouvernement d’union nationale, qui « marque une importante étape vers la stabilité du pays et la remise sur les rails du processus politique« .

Les 15 pays membres du Conseil ont renouvelé dans un communiqué leur appel aux Etats à « cesser de soutenir ou d’avoir des contacts officiels avec les institutions parallèles qui prétendent être l’autorité légitime mais sont en dehors de l’accord politique libyen« .

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, tué en 2011 à la suite d’une révolte soutenue par une intervention militaire occidentale, les milices font la loi dans le pays, sur fond de luttes de pouvoir et de violences sanglantes.

Ce chaos a favorisé l’émergence en Libye du groupe jihadiste Etat islamique (EI), maître de vastes territoires en Irak et en Syrie et responsable d’atrocités et d’attentats meurtriers en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Occident.

Les soutiens à M. Sarraj semblent s’expliquer par la lassitude des Libyens devant le chaos sécuritaire et économique et par l’espoir que suscite son gouvernement qui a promis, avec l’aide de la communauté internationale, d’unifier le pays, de bâtir une armée forte et d’améliorer l’économie exsangue marquée par une profonde crise de liquidités.

-‘Pas de cash’ –

Pour Hussein Dawwadi, chef de la municipalité de Sabratha, « la situation est mauvaise, la vie est devenue beaucoup trop chère, il n’y pas de cash« .

« Nous estimons qu’il est temps de soutenir ce gouvernement. Il ne va pas changer les choses immédiatement, mais nous sommes confiants qu’il commencera au moins à régler les problèmes un à un« , a-t-il déclaré vendredi.

Depuis des mois, la communauté internationale appelle de ses voeux une autorité unifiée avec laquelle elle puisse travailler pour stopper l’influence jihadiste, la crise migratoire et relancer la production pétrolière.

Vendredi, M. Sarraj est sorti pour la première fois de la base navale où des personnalités politiques et économiques, dont le gouverneur de la Banque centrale, étaient venues le rencontrer.

Le Premier ministre et des membres du gouvernement d’union « s’adonnent à la prière du vendredi dans la mosquée de Mizrane dans le centre de la capitale Tripoli« , indiquait la page Facebook de M. Sarraj.

Depuis des semaines, les habitants de Tripoli, confrontés à une cherté de vie d’un niveau inégalé, font la queue devant les banques pour retirer un montant d’argent limité.

Pour aider son protégé, l’Union européenne a imposé jeudi des sanctions à des responsables liés à Fajr Libya mais aussi au président du Parlement rival de Tobrouk (est), Aguila Saleh.

Le gouvernement d’union a été créé après un accord signé fin 2015 sous l’égide de l’ONU par des députés des deux Parlements rivaux et ce malgré l’opposition des chefs de ces institutions.