Contexte des marchés du logement en République Tchèque

En République Tchèque en 201623, 78,2 % de la population étaient propriétaires d’un logement (19,4 % avec un emprunt immobilier, 58,8 % sans emprunt immobilier) et 21,8 % étaient locataires (16 % au prix du marché, 5,8 % à prix réduit ou gratuit). L’immobilier en République Tchèque est en surchauffe, en particulier à Prague du fait d’un manque criant de nouveaux logements – le nombre de permis de construire a été réduit de moitié entre 2008 et 2015 -, d’une hausse de la demande accompagnant une forte croissance économique, de taux d’intérêts bas entraînant l’augmentation exclusive des prêts hypothécaires de long-terme, et de la hausse des achats de logements comme placements financiers. En 2016, le prix moyen d’un appartement neuf dans la capitale était de 75 600 couronnes (2 980 €) par mètre carré, contre 92 600 couronnes (3 650 €) en 2017, soit une augmentation annuelle de 22 % – la plus forte d’Europe selon la Banque Centrale Tchèque. C’est donc dans ce pays que l’accession la moins abordable à la propriété a été observée : les ménages doivent économiser pendant presque 11 ans pour pouvoir acheter un nouveau logement. La Banque Centrale a pris des dispositions afin d’apaiser le marché hypothécaire, les risques d’endettement excessif des ménages étant réels dans l’hypothèse d’un ralentissement économique ou d’une augmentation des taux d’intérêts. Selon un rapport gouvernemental, 18 000 appartements à Prague sont des locations de court-terme type Airbnb, et plus de 50 % sont la propriété de firmes possédant des centaines de locations de ce type. La stratégie « Concept de Prévention et de Lutte contre les problématiques du sans-abrisme en République Tchèque jusqu’en 2020  » véhicule une interprétation erronée du logement d’abord, en optant pour une approche par paliers et en passant sous silence les solutions de logement au motif qu’elles seraient détaillées dans la loi sur le logement social. Une législation ambitieuse sur le logement social avait été en effet élaborée en 2016 par le précédent gouvernement, priorisant la production de logement abordable et l’accès au logement pour les jeunes et les familles avec enfants. Elle n’a pas été adoptée, et le changement de majorité en 2017 a rendu son futur incertain. Ainsi, des directions politiques ont été formulées, et un consensus existe concernant le potentiel transformateur de l’investissement dans le logement social à destination des personnes sansabri ; mais dans les faits, le nombre de logements abordables pour ces personnes est largement insuffisant. Malgré l’existence, depuis 2003, de financements au niveau du gouvernement central pour la production de logements locatifs abordables pour les personnes dans le besoin, leur utilisation par les autorités locales a été limitée. De plus, durant la période de financement 2014-2020, si les fonds européens structurels ont été massivement fléchés vers le logement social, ils n’ont été que rarement utilisés jusqu’à présent : ni la stratégie sur le sans-abrisme, ni le plan sur le logement social n’ont été intégrés dans les Programmes Opérationnels, en raison non seulement du fait que les programmes ont été rédigés avant les stratégies, mais aussi parce que le Concept n’a pas été soutenu par l’ensemble des ministères. En revanche, là où des experts ont été consultés pour rédiger les Programmes Opérationnels, les thèmes de l’inclusion sociale et du sans-abrisme ont été intégrés, comme dans celui de la région de Prague.