Emmanuel Macron: beaucoup d’amis patrons, peu de soutiens politiques

L’ancien ministre de l’Économie, qui a démissionné mardi, souhaite se consacrer exclusivement à ses ambitions présidentielles. Mais ses soutiens, rares dans la classe politique, se trouvent plutôt dans les milieux économiques.

Un pas de plus vers 2017. Emmanuel Macron a démissionné mardi du ministère de l’Economie pour se consacrer entièrement à son mouvement citoyen « En marche! ». Comprendre: préparer une éventuelle candidature à l’élection présidentielle. Reste à savoir avec qui.

Le paradoxe Macron

Car il y a un paradoxe Macron. Au sommet dans les sondages – 36% des Français souhaitent qu’ils se présentent à la magistrature suprême selon une enquête Odoxa -, l’ancien conseiller de François Hollande revendique peu de soutiens politiques.

Jamais élu, Emmanuel Macron n’a aucun encrage local. Il n’est pas encarté au Parti socialiste, où il n’a pas bâti un réseau de soutiens. Idem au Parlement, où les proches de l’ancien ministre ne sont pas légion. A l’Assemblée nationale, les députés Richard Ferrand, Arnaud Leroy, Pascal Terrasse et Alain Tourret (PRG) marchent à ses côtés.

Gérard Collomb en tête de file

Au sénat, Gérard Collomb et François Patriat croient aux chances de l’impétrant. Ce dernier a rédigé une note à l’attention d’Emmanuel Macron, dans laquelle il fait état des soutiens de l’ancien ministre à la haute-assemblée, indiquait en mai La Tribune. Elle en recensait 17, répartis en trois catégories: les « confirmés », les « probables » et ceux qui sont « à tester, sans information fiable quant à leur positionnement ».

Emmanuel Macron, incarnation de la démocratie d’opinion, espère que sa popularité confortera son assise politique et lui apportera d’autres soutiens politiques. Interrogé sur BTMTV, le maire de Lyon Gérard Collomb a assuré ce mercredi que son poulain disposait du soutien d’une « cinquantaine de parlementaires de gauche » et que certains députés et sénateurs de droite allaient franchir le Rubicon dans les prochains jours.

Henry Hermand, homme de l’ombre

Si peu de responsables politiques ont fait allégeance à Emmanuel Macron, l’ancien banquier bénéficie de relais importants dans les milieux économiques et intellectuels. L’homme d’affaires Henry Hermand, ancien soutien de Michel Rocard et bienfaiteur de la « deuxième gauche » est un proche de l’ancien locataire de Bercy, qu’il connaît depuis son passage à l’ENA. « Il n’a jamais pris une décision importante sans m’en parler », confie au Monde celui qui fut témoin de son mariage en 2007.

D’autres membres de la société civile, comme le directeur du think-tank Terra Nova, Thierry Pech, ou le président de la fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein, prêtent main forte à l’ambitieux démissionnaire. Enfin, Emmanuel Macron a noué des liens étroits avec Claude Bébéar, le fondateur d’AXA et Marc Simoncini, le créateur de Meetic. Le mouvement « En Marche! », qui revendique 60 000 adhérents, est par ailleurs domicilié à l’adresse de l’épouse du directeur de l’Institut Montaigne, un cercle de réflexion réputé proche du patronat et fondé par Claude Bébéar, selon Médiapart.