Le film qu’on peut zapper ce soir: Les Dents de la mer 4, La Revanche

RTL 9 diffuse ce 22 janvier 20h40 le quatrime et ultime pisode de la saga du grand requin blanc, film en totale perdition. Avec un peu de chance, vous le raterez.

Ce vendredi 22 janvier à 20h40, RTL9 diffuse Les Dents de la Mer 4: la revanche, un film à la dérive réalisé par Joseph Sargent en 1987. Il s’agit du quatrième et dernier épisode de la saga mise à l’eau par le chef-d’oeuvre de Spielberg en 1975. Au casting: Lorraine Gary, Michael Caine, les dreadlocks de Mario Van Peebles, un acteur barbu barbant, un scénario qui fuit, un bateau banane, des figurants qui ricanent et un gros requin en carton. Bref, la recette parfaite pour un véritable sinistre.

L’histoire, parce qu’il y en a une

« La petite station balnéaire d’Amity a retrouvé son calme depuis quelques années. L’un des fils d’Ellen, la veuve du shérif, a repris le poste de son père et, alors que plus personne ne croyait à la malédiction du grand requin blanc, celui-ci est attaqué et dévoré par un nouveau monstre. Ellen est persuadée que le requin en veut à sa famille… »

Le réalisateur Joseph Sargent sur le tournage. Casquette à l'envers, à l'image du scénario.

Le réalisateur Joseph Sargent sur le tournage. Casquette à l’envers, à l’image du scénario.

PROD DB/UNIVERSAL/DR

Un scénario submersible

Le film a la prétention de raconter l’histoire d’un requin blanc qui parcourt des milliers de kilomètres pour se rendre aux Bahamas – ça fait toujours de jolis plans ensoleillés -, afin d’éradiquer les proches du chef Brody, héros du premier film. En clair, l’ultime combat de la mamie Brody contre le requin en toc, un Monte-Cristo version carcharodon carcharias. Tout tient dans l’accroche abracadabrante de l’affiche:

« Cette fois, c’est personnel. »

Cette fois, c’est irrationnel plutôt. Le scénario se noie dans un océan d’invraisemblances. Il ignore ainsi totalement les événements du troisième épisode, déjà regrettable mais divertissant. Ainsi, le personnage du petit frère terrorisé par la moindre goutte d’eau devient ici… garde-côte! Autre échouage scénaristique du film, les flashbacks du personnage principal, la veuve du chef Brody. Ceux-ci reprennent tranquillement des plans du premier film de Spielberg. Reyclage fatal. En effet, Ellen Brody n’a pas du tout assisté aux scènes en question. Comment peut-elle s’en souvenir? Le numéro 4 s’assied complètement sur cette contradiction.

>> Lire: Films de requins: pourquoi sont-ils si bébêtes?

Michael Caine, pas très fin limier

Imaginez Laurence Olivier dans Godzilla 4 la revanche. Telle est la douleur ressentie en constatant que Sir Michael Caine se compromet dans ce naufrage. « J’ai un petit rôle là-dedans, j’étais nommé pour l’Oscar [pour le film Hannahetsessoeurs], je devais juste jouer ce petit rôle, ça devait durer dix jours. Et évidemment, ces dix jours sont tombés en plein pendant la cérémonie, j’étais coincé, contractuellement engagé, je ne pouvais pas partir. Ce fut un désastre, le film aussi » confie-t-il à IGN Movies.

Michael Caine se mouille pour son tiers provisionnel.

Michael Caine se mouille pour son tiers provisionnel.

PROD DB/UNIVERSAL/DR

La légende raconte que le comédien aurait également déclaré: « Je n’ai jamais vu le film, mais tout le monde me dit que c’est pas terrible. Par contre, j’ai vu la maison que j’ai pu me construire avec, et elle, elle est vraiment terrible! » L’avantage pour l’acteur, se dorer la pilule sous le soleil des Bahamas. Et participer à des scènes au montage douteux: à l’instar de celle où, alors qu’il sort tout juste de l’eau, le plan suivant montre sa chemise parfaitement sèche…

Mario Van Peebles perdu dans cette galère, avec Lance Guest, également aperçu dans la suite d'Halloween. Mais là, c'est son jeu qui fait peur.

Mario Van Peebles perdu dans cette galère, avec Lance Guest, également aperçu dans la suite d’Halloween. Mais là, c’est son jeu qui fait peur.

PROD DB/UNIVERSAL/DR

Des effets spéciaux incroyables, au sens propre du terme

Car personne n’y croit une seconde. Pour le critique Roger Ebert, « les maquettes du requin sont si lentes qu’on a l’impression qu’elles se reposent sur les bateaux au lieu de les attaquer. La créature la plus effrayante du film est une anguille ». Les trucages complètement ratés sont légion: la présence à l’écran du rail sur lequel glisse le faux requin, sa gencive en baudruche qui éclate tel un furoncle, jusqu’à la scène finale, apothéose nanar qu’Ed Wood n’aurait pas reniée. On y voit la veuve Brody à la barre d’un bateau qui navigue à deux kilomètres à l’heure. Elle fonce sur le requin. Celui-ci bondit hors de l’eau rugissant tel un lion -rugissements audibles à l’écran, voir vidéo ci-dessous. L’animal revanchard se fait poignarder (!) par la proue du navire, et explose (!) comme s’il était gavé d’explosifs. Ajoutez à cela une nouvelle fois un montage incohérent, qui alterne plans filmés aux Bahamas, et plans filmés dans un bassin à Hollywood. Faciles à repérer: la météo n’est pas la même dans ces deux endroits, et on voit l’eau clapoter sur le mur du bassin du studio.

En version longue:

A sa sortie, la sanction est rapide. Le film sombre au box-office mondial avec seulement 51 millions de dollars, contre plus de 80 pour le numéro 3, 208 pour le numéro 2, et enfin 430 pour le film de Steven Spielberg. Il est par ailleurs un des rares films à afficher une moyenne de zéro sur le site Rotten Tomatoes. Qu’il repose au large, et au fond.

Les Dents de la mer, la revanche. Vendredi 22 janvier à 20h40 sur RTL9.