Nancy – Le gouvernement quasiment au complet s’est retrouvé vendredi soir à Nancy pour un séminaire de 24 heures, une « mise au vert » hors de Paris destinée à rapprocher les ministres et à préparer les annonces de l’exécutif la semaine prochaine.
Les 17 ministres et 10 secrétaires d’État -seuls manquaient Nicolas Hulot et Elisabeth Borne retenus par une inauguration de ligne ferroviaire- sont arrivés dans la cité lorraine vers 19H00 pour un dîner de travail autour du Premier ministre Édouard Philippe.
A trois jours du discours d’Emmanuel Macron devant le Congrès, placé à la veille de la déclaration de politique générale de son chef de gouvernement, le séminaire doit permettre de peaufiner les grands chantiers que s’apprête à lancer l’exécutif.
Vendredi soir pour le dîner, il s’agissait d’un « temps d’échange, je dirais plus +philosophique+ sur certains sujets« , a expliqué le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner.
L’écrivain et ancien conseiller de François Mitterrand, Erik Orsenna a participé aux agapes, de même que deux « héros du quotidien« , l’ancien député Jean-Marie Schléret, engagé pour les handicapés et l’astronaute Thomas Pesquet.
« Je vais leur raconter ma mission et voir quels sont les points communs entre une mission spatiale et diriger la France« , a déclaré le récent locataire de la Station spatiale internationale.
La réunion, qui s’est tenue vendredi sur le campus des grandes écoles de Nancy, se prolongera à la préfecture de Meurthe-et-Moselle samedi, davantage sur le fond.
Après le signal d’alarme de la Cour des Comptes sur le dérapage budgétaire, son président Didier Migaud sera présent avec les ministres.
Édouard Philippe doit annoncer en deux temps, mardi à l’Assemblée puis mi-juillet, les mesures retenues pour rester à 3% de déficit public et non 3,2% comme l’a révélé l’audit des Sages de la rue Cambon.
Le gel du point d’indice des salaires des fonctionnaires a déjà été annoncé par le ministre du Budget Gérald Darmanin.
Le Premier ministre n’a « aucun domaine sur lequel il s’interdit de se poser des questions« , a précisé une source proche d’Edouard Philippe vendredi soir.
En matière de sécurité, « on ne va pas baisser nos ambitions, mais on va voir comment on peut maîtriser la dépense« , a-t-on indiqué.
Autre invité de marque samedi: l’emblématique François Molins, procureur de la République de Paris et figure de la justice antiterroriste française.
Le rassemblement a aussi valeur de symbole, en préférant aux habituels lieux de pouvoir parisien une ville de province, dans ce quart nord-est de la France confronté à la crise économique.
« Le Premier ministre voulait envoyer le signal qu’on n’était pas dans l’entre-soi« , a souligné son entourage.
La délocalisation du gouvernement en province en début de quinquennat a des précédents: en octobre 2007, Nicolas Sarkozy avait ainsi dirigé un Conseil des ministres en Corse. Sous le quinquennat Hollande, plusieurs conseils interministériels réunissant de larges parties de l’exécutif avaient également été organisés en dehors de Paris.
En décidant de réunir députés et sénateurs en Congrès à Versailles, à la veille d’une déclaration de politique générale qui est la traditionnelle heure de gloire des nouveaux Premiers ministres, Emmanuel Macron a relancé les questionnements autour de sa conception présidentielle, suscitant de vives réactions de l’opposition, dont une partie boycottera son discours à Versailles.
– ‘Castration symbolique’ –
Si certains y ont vu la droite ligne de la Ve République et d’un président qui s’adresse directement aux parlementaires et au peuple, d’autres observateurs y ont décelé une décision humiliante pour le Premier ministre.
« C’est une castration symbolique« , juge ainsi un conseiller gouvernemental interrogé par l’AFP.
Le chef du gouvernement a reçu mi-juin les différentes « feuilles de route » de ses ministres, qui doivent nourrir son premier grand discours de mardi.
Outre les finances publiques, l’éducation, la sécurité, ainsi que la méthode de travail interministérielle sont les trois grandes thématiques de la journée de samedi, selon Matignon.
Dans cette réunion aux petits airs de « team building » ou de « week-end d’intégration« , l’objectif est au passage de souder l’équipe gouvernementale.
Plusieurs ministres se sont retrouvés pour boire un verre en terrasse vendredi soir sur la célèbre place Stanislas.
« Les ministres ne se connaissent pas tous, l’idée est de se retrouver dans un cadre informel« , explique Matignon: pas de conseillers, pas de berlines ministérielles mais un car pour des membres du gouvernement, arrivés en TGV, qui logeront dans deux hôtels de la cité lorraine.
L’exercice doit s’achever samedi après-midi par une conférence de presse.