Diffusé sur une chaîne australienne, un reportage montrant les réactions « des locaux » face au port du burkini par des australiennes sur une plage de Villeneuve-Loubet entend dénoncer le « racisme français » et « l’interdiction du burkini ».
[EDIT DU 26/09/2016. Depuis la publication de cette vidéo, certains témoins de la scène sur la plage ont affirmé à Nice-Matin que le reportage avait été faussé par les journalistes australiens. Le journal The Australian met aussi en cause l’honnêteté de la Zeynab Alshelh, dont le père fait partie d’une association qui se serait, selon le quotidien, illustrée pour sa défense « d’un islam radical dans ses groupes de prières ».
LIRE >> Burkini: l’accablant reportage australien en France aurait-il été bidonné?]
Si la polémique autour du burkini a particulièrement agité la France cet été, elle est aussi partiellement retombée, notamment depuis la décision du Conseil d’État de suspendre son interdiction. Mais elle n’a pas fini d’alimenter les réactions à l’étranger. Ni les critiques. Ni les leçons de morales. En témoigne le reportage, diffusé par chaîne australienne Channel 7, dressant le portrait caricatural d’une France raciste tout en mettant en scène le voyage de Zeynab Alshelh, une jeune australienne musulmane, sous fond de musique dramatique.
VOIR AUSSI >> Burkini, attentat: les musulmans de Nice témoignent
Déterminée à « montrer sa solidarité avec les musulmanes françaises » et à défendre « la façon de vivre australienne », cette étudiante en médecine et judokate de 23 ans a décidé de porter son burkini -ce maillot de bain inventé par une couturière australienne- sur une plage de Villeneuve-Loubet. Cette ville du sud de la France, dirigée par Lionnel Luca (Les Républicains), avait été l’une des premières à interdire le port du burkini.
« Forcés de faire demi-tour »
« Juste après avoir posé les pieds sur cette plage française [avec des membres de sa famille, NDLR], ils ont reçu une leçon montrant jusqu’à quel point les locaux peuvent être hostiles envers les musulmans », lance la journaliste qui accompagne la famille, tout en filmant un homme leur demandant de « faire demi-tour » et de « partir » et une femme brandissant son pouce orienté vers le bas.
« On a été forcé de partir, on a été menacé par les locaux qui nous ont dit que si on ne quittait pas la plage ils appelleraient la police », témoigne ensuite Zeynab Alshelh face caméra, visiblement émue.
Dans un article publié en même temps que la diffusion du reportage, Channel 7 n’hésite pas à déclarer que « le sentiment antimusulman (…) est plus fort en France que dans n’importe quel autre pays ». Une affirmation illustrée par l’interview de Lionel Tivoli, président du groupe FN au Conseil municipal d’Antibes et seul politique français interrogé dans le reportage, qui affirme notamment que « l’islamisme est responsable des attaques terroristes ».
Lionnel Luca « désolé pour cette jeune australienne », mais…
Le document, qui a largement circulé sur les réseaux sociaux depuis sa diffusion, dimanche 18 septembre, a provoqué la réaction de nombreux internautes, mais aussi du maire de la ville, Lionnel Luca. « Je suis sincèrement désolé pour cette jeune Australienne, a-t-il indiqué. Mais elle aurait quand même pu peut-être se demander si les gens du coin n’étaient pas encore sous le coup de l’émotion de l’attentat qui a fait 86 victimes » en juillet à Nice, a-t-il tenté de justifier.
« Elle ne peut pas venir en toute innocence sur nos plages comme çà avec un habit religieux qui est le signe de l’intégrisme qui nous a meurtris. En rajouter, en pointant du doigt telle commune une fois rentrée au pays, je trouve ça aussi assez indécent », a-t-il ajouté.
Le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative française, a suspendu en août l’arrêté municipal prohibant le port du burkini sur les plages de Villeneuve-Loubet, y voyant « une violation illégale des libertés fondamentales ».