Des heures de coiffage au peigne fin, des remèdes de grand-mère, une razzia à la pharmacie à la recherche du produit miracle: quand les poux envahissent la tête des enfants, la lutte des parents peut être acharnée. Mais quel produit est vraiment efficace? L’avis de Catherine Combescot, chercheuse spécialisée dans l’étude des poux à l’université de Tours.
C’est le cauchemar des parents. Quand les poux s’invitent sur les têtes des enfants, la guerre est déclarée. Et elle peut être rude. « Ils peuvent rester 18 heures dans l’eau en fermant leurs stigmates respiratoires. C’est dire s’ils sont résistants », annonce d’entrée de jeu Catherine Combescot, qui étudie les poux à l’Université de Tours depuis plus de 30 ans.
On comprend mieux dès lors, pourquoi il est si difficile de venir à bout des pédiculoses -leur nom scientifique. « Il est essentiel d’agir vite et bien pour lutter contre l’infestation et casser le cycle biologique, car le pou se reproduit à un rythme infernal: un pou mature -17 jours après la ponte- peut pondre 4 à 10 oeufs par jour pendant un mois et demi environ. Les lentes mettront ensuite entre 6 à 10 jours à éclore », prévient la spécialiste.
Agir vite et bien, mais comment?
« Les solutions à base d’insecticides neurotoxiques -Pyréthrine ou Malathion- utilisées dès les années 1950, étaient parvenues à stopper l’infestation. Ces produits à appliquer en deux fois à une semaine d’intervalle étaient efficaces, mais ont déclenché des phénomènes de résistance », explique Catherine Combescot.
N’y a-t-il aujourd’hui pas d’autre solution que celle des Egyptiens qui se rasaient la tête pour éviter les poux? A lire les conseils des parents sur Internet, il y en aurait pléthore: « La lavande, ça marche vraiment bien. On a oublié d’en mettre pendant deux semaines à ma fille et elle a attrapé des poux! », raconte Emilie. « Il faut imbiber toute la tête d’huile d’olive et laisser poser une ou deux heures. Les poux tombent tout seuls », assure Eva. « Quand j’étais petite, rien n’était plus efficace que le vinaigre de vin. Ça sent fort, mais c’est très efficace. Les poux tombaient tout seuls sur la table et je finissais par les écraser par sécurité », se souvient Sarah.
La meilleure solution: les produits à action mécanique
« La lavande est un répulsif qui peut être efficace sur une courte période, mais neurotoxique à fortes doses. L’huile d’olive peut avoir une action enveloppante si elle est bien appliquée. Le vinaigre resserre les écailles du cheveu et peut permettre de faire mieux glisser les lentes sur le peigne fin », concède Catherine Combescot.
La spécialiste reste toutefois dubitative. Aucune de ces solutions n’obtient de résultats suffisamment probants pour tuer 100% de poux et lentes en une seule application comme les produits qu’elle recommande dans le cadre d’un test pour le site Scoleo, comme le Pouxit ou le Duo LP pro.
« En enrobant les poux et les lentes, ces produits à action mécanique les privent de toutes leurs fonctions vitales, il n’est donc pas nécessaire de retraiter sept jours plus tard », assure Catherine Combescot.
Mais si elles sont efficaces, ces solutions ont aussi un coût -une quinzaine d’euros par flacon pour une ou deux têtes- qui peut être difficile à assumer, surtout lorsque l’on sait qu’il est indispensable de traiter toute la famille.
Moins chère, l’utilisation d’un peigne fin métallique -entre 10 et 20 euros- s’est également avérée probante, même si cela nécessite une discipline contraignante. « Pendant quinze jours, il faut peigner les cheveux au-dessus d’un lavabo en partant de la racine, à la base du cheveu et en insistant sur la nuque et les oreilles », explique Catherine Combescot.
Pour un traitement collectif et concomitant
Quelle que soit la méthode utilisée, celle-ci doit s’assortir d’une liste de précautions indispensables, que la chercheuse rappelle dans un document complet publié sur le site de l’Université de Tours:
– Couper les cheveux aux épaules maximum
– Traiter toute la famille ainsi que toutes les personnes de l’entourage de l’enfant
– Laver les draps et les serviettes de toilettes à 60°C
– Mettre trois jours dans un sac fermé -ou sous un drap- tout ce qui a pu toucher les cheveux contaminés
Des solutions qui pour Catherine Combescot sonneront comme un éternel recommencement tant que le traitement collectif et concomitant ne sera pas instauré. La chercheuse milite en effet pour la mise en place d’une journée hebdomadaire de prévention au niveau national. « Dans toute la France, les foyers contrôleraient leurs têtes le vendredi soir et se traiteraient le lendemain si besoin. » Vendredi, jour d’épouillage? Pas sûr que les enfants apprécient.