Comment soulager l’eczéma?

C’est la maladie de peau qui génère le plus de consultations. L’eczéma, s’il concerne principalement les enfants, peut persister à l’âge adulte. Des précautions d’hygiène aux traitements médicaux, tour d’horizon des techniques pour le soulager à l’occasion de la journée mondiale de l’eczéma.

Une pathologie encore mal connue

L’eczéma atopique

L’eczéma atopique (ou dermatite atopique), est une maladie chronique de la peau qui se caractérise par des rougeurs, des squames et d’intenses démangeaisons (le prurit), principalement dans les plis de la peau mais aussi sur le visage, les mains et les pieds. Très fréquente chez les enfants et les adolescents (jusqu’à 30%), cette affection peut persister chez l’adulte (2 à 10%) et touche de plus en plus de personnes dans les pays industrialisés. On estime ainsi que les cas auraient doublé, voire triplé ces trente dernières années.

Si le mécanisme de l’eczéma est encore mal connu, on sait en revanche qu’il est souvent associé à des allergies alimentaires, des rhinites ou crises d’asthme, et que les symptômes se retrouvent chez les membres d’une même famille.

« La première chose à faire lors d’une consultation, c’est rechercher une prédisposition familiale », explique Marie-Christine Albenois, dermatologue à Toulon. » Il s’agit ensuite de vérifier s’il n’y a pas d’allergies, que ce soit alimentaire ou environnemental, avec les poussières et les pollens. Le test s’effectue sur le bras, il est indolore et la lecture est immédiate. » Le stress, enfin, peut être un facteur aggravant, « mais pas un élément déclencheur », relève le docteur.

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L’eczéma de contact

Très variable d’un malade à l’autre, l’eczéma peut survenir une fois dans une vie, ou resurgir régulièrement par poussées. Mais il arrive qu’il se déclenche au contact direct de la peau avec une substance, qu’il s’agira ensuite d’éliminer. « L’eczéma de contact touche plus fréquemment les adultes, et peut être lié au milieu professionnel », relève le médecin. Bijoux fantaisies, coloration pour cheveux, gants de protection, parfums, cosmétiques… Les causes sont multiples mais les symptômes identiques: une irritation et des démangeaisons parfois très gênantes.

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Des symptômes handicapants

« Je souffre d’eczéma atopique depuis toute petite dans les plis des bras et des jambes. A l’âge adulte, il s’est concentré sur le visage et le cou », raconte Stéphanie, 26 ans. La jeune femme, qui souffre également de nombreuses allergies, s’est tournée vers une l’association française de l’eczéma pour parler de son mal-être. « Il y a d’abord la douleur physique, les démangeaisons, les tiraillements. Puis la douleur psychique, à cause du regard que l’on porte sur soi, mais aussi que les autres portent sur nous ».

Que ce soit pour limiter les poussées ou en atténuer les effets de l’eczéma, les malades doivent adapter leur mode de vie. « Ma fille Laureen, 10 ans, est atteinte de dermatite atopique depuis l’âge de trois mois », témoigne Séverine. « Les poussées d’eczéma étant fréquentes, nous nous sommes équipés d’un aspirateur avec filtre, d’un nettoyeur vapeur pour limiter l’utilisation de détergents, nous avons retiré moquettes, tapis, plantes, diminué le nombre de peluches et de coussins. » Toute la famille s’est retrouvée affectée par la maladie de l’enfant, notamment en cas de crises importantes. Pour qu’elle comprenne mieux sa pathologie, Laureen est inscrite à l’une des écoles de l’atopie -lieu d’écoute pour parents et enfants- mises en place par la Fondation pour la dermatite atopique, qui apporte des conseils pour le quotidien.

Les bons gestes au quotidien

Pour les enfants comme pour les adultes, il existe certaines précautions à prendre pour éviter l’apparition d’une poussée d’eczéma atopique.

« Il faut laver sans agresser », détaille le docteur Albenois qui conseille d’opter pour des gels sans savon, de prendre des douches plutôt que des bains, de limiter la température de l’eau et la durée de la douche… Sans tomber dans l’exagération! « J’ai vu des mamans qui ne lavaient quasiment plus leur enfant par crainte des irritations. Au contraire, quand cela démange, il ne faut pas hésiter à nettoyer. » De même, après un sport intense ou un coup de chaud, une douche rapide s’impose car la transpiration irrite la peau. Et on se sèche en tamponnant la serviette, sans frotter.

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Dans la maison, on pense à aérer quotidiennement la chambre, été comme hiver, et on évite les couettes ou oreillers en plumes, allergènes. Côté vêtements, il faut oublier la laine ou le synthétique, pour opter pour des habits en coton ou en soie.

L’eczéma entraînant une sécheresse aiguë (xérose), il est primordial d’hydrater la peau avec des crèmes émollientes, « pour reconstituer le film hydro-lipidique. » A utiliser en traitement, mais aussi quotidiennement pour prévenir les poussées. Quant au maquillage, hypoallergénique, il peut être appliqué sur les rougeurs mais pas sur les plaies. Enfin, il est conseillé de se couper les ongles courts, pour éviter les dégâts en cas de grattage.

Stéphanie et Séverine ont elles adopté des astuces  » maison » au quotidien. Ainsi, crèmes et eau thermale sont stockées au frigo car le froid apaise le prurit.

Les traitements médicaux

S’il est pour le moment impossible de guérir l’eczéma, différents traitements peuvent toutefois améliorer la qualité de vie du patient, limiter les poussées et doivent être associés à une hydratation quotidienne.

L’homéopathie

Solution naturelle permettant une approche moins agressive que les corticoïdes, l’homéopathie peut montrer des résultats satisfaisants contre l’eczéma. Un impératif cependant: se tourner vers un homéopathe, qui saura conseiller le traitement adapté à chaque type de dermatite.

Les antihistaminiques

Les antihistaminiques par voie orale, utilisés contre les allergies, sont parfois prescrits pour soulager les démangeaisons. Ils peuvent notamment aider l’enfant à dormir en lui évitant de se gratter toute la nuit.

Les dermocorticoides

« Là où il y a eczéma, il y a forcément corticoïdes », affirme Marie-Christine Albenois. « Les crèmes sont très différentes de la cortisone en cachets, qui effraie souvent les patients. » Appliquées une fois par jour, les crèmes ou lotions, prescrites par un médecin, sont indispensables pour calmer l’inflammation et diminuer les lésions. A noter que des effets secondaires (maux de ventre…) peuvent parfois être ressentis.

Les immunosuppresseurs

« Il ne faut pas avoir peur des traitements plus forts, qui peuvent montrer de très bons résultats », s’exclame la dermatologue. Prescrits pour les eczémas graves, les immunosuppresseurs à usage local (tacrolimus, pimécrolimus, sous forme de pommade) sont plutôt réservés aux adultes. Utilisés pour empêcher les phénomènes de rejet après une greffe d’organe, ils sont là encore très efficaces sur certains patients, mais à n’utiliser qu’en seconde intention.