Paris – En déplacement vendredi et samedi au Portugal où une « gauche plurielle » dirige le pays, Benoît Hamon explore la voie qu’il espère appliquer en France, même si l’accord avec Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot tarde à se dessiner.
« Bien sûr que c’est symbolique: pour notre premier déplacement international, on ne va pas aller voir Mme Merkel à Berlin mais plutôt un gouvernement de gauche« , résume le député de Paris Pascal Cherki, proche de M. Hamon et co-organisateur du voyage du candidat socialiste à l’élection présidentielle.
En quête d’un hypothétique rassemblement des forces de gauche en France, à 9 semaines du premier tour, M. Hamon aimerait trouver la formule magique à Lisbonne où il rencontrera notamment Antonio Costa, le Premier ministre portugais, qui a accepté de modifier son agenda pour le recevoir samedi après-midi.
« On veut montrer l’exemple d’une gauche plurielle qui fonctionne, avec un Premier ministre reconnu sur la scène internationale« , renchérit Jean-Marc Germain, co-directeur de campagne de M. Hamon.
M. Costa, secrétaire général du Parti socialiste local, avait été nommé Premier ministre en novembre 2015 grâce au soutien de la gauche radicale et des communistes. Fin négociateur, l’ancien maire de Lisbonne a en même temps réussi à rassurer la Commission européenne sur son engagement à juguler les déficits. Sans s’aliéner ses alliés.
Ce tour de force intéresse forcément M. Hamon, tenant de l’aile gauche de son camp, qui cherche à matérialiser les convergences existantes avec Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie – Les Verts, et Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise.
Jeudi soir, les électeurs de la primaire EELV ont validé par vote l’engagement des discussions entre les trois hommes, et un accord entre MM. Hamon et Jadot semble proche. Il pourrait même être officialisé dès lundi, selon l’entourage du candidat écologiste.
Les négociations sont nettement plus âpres entre MM. Hamon et Mélenchon. Ce dernier a proposé mercredi au candidat socialiste une rencontre en fin de semaine prochaine.
Les deux hommes se sont « parlé » et doivent encore le faire vendredi, a précisé Benoît Hamon juste avant de s’envoler pour le Portugal, tout en admettant que trouver un accord « sera difficile« .
Peut-être pourra-t-il s’appuyer sur un sondage Odoxa pour franceinfo auprès de 300 sympathisants de gauche publié vendredi indiquant que 44% privilégient l’hypothèse d’un désistement de M. Mélenchon en faveur de M. Hamon. Mais c’est à peine plus que les 40% qui pensent aussi que l’un et l’autre doivent se présenter.
– bientôt l’Afrique et l’Allemagne –
M. Hamon pourra évoquer cette délicate situation vendredi soir lors d’une rencontre avec les partis politiques de gauche portugais, précédée d’un entretien avec les syndicats.
« L’autre objectif de ce déplacement est d’aborder le thème de la légalisation du cannabis et la mise en place de politiques d’accompagnement et de prévention« , indique Pascal Cherki.
Le Portugal a en effet décriminalisé l’usage de toutes les drogues en 2001 et fait figure d’avant-garde sur le sujet. Dans cette optique M. Hamon, qui plaide pour la légalisation du cannabis afin de « tuer les trafics« , débattra avec des « associations investies dans la dépénalisation des drogues« , selon son programme.
Ce déplacement doit aussi permettre d’étoffer la stature internationale de M. Hamon, méconnu à l’étranger.
L’ancien ministre de l’Education devrait dans les deux mois à venir se rendre en Afrique, très probablement au Sénégal où il a passé une partie de son enfance pour y avoir suivi son père, ingénieur aux Arsenaux de Brest détaché à Dakar.
M. Hamon devrait aussi effectuer malgré tout une étape en Allemagne pour « échanger avec Angela Merkel« .
Il entend « mettre sur la table des discussions avec les Allemands (…) la proposition d’une relance du projet européen articulée autour d’un traité de l’énergie, d’un nouveau traité budgétaire (…) d’un plan d’investissement de 1.000 milliards d’euros en faveur de la transition écologique, et d’une nouvelle défense européenne« , a déclaré le candidat dans une interview aux Inrockuptibles.
« Nous avons également des missi dominici qui font le tour de l’Europe pour rencontrer des partenaires« , précise-t-on dans l’entourage de M. Hamon.