Paris – Deux jours après l’élection d’Emmanuel Macron, le PS s’est accordé tant bien que mal mardi sur un programme pour les législatives, sans Manuel Valls qui va briguer l’investiture En Marche!, la droite temporise, et le FN est secoué par le retrait prochain de Marion Maréchal-Le Pen.
Pendant qu’Emmanuel Macron continue à répondre aux nombreux messages de félicitations reçus du monde entier, selon son entourage, Parti socialiste, Les Républicains et FN se sont réunis mardi pour définir leurs stratégies, notamment en vue des élections législatives.
A Solférino, siège du PS, c’était avis de tempête. Avant même le début du Bureau national à 10H30, Manuel Valls a affirmé qu’il serait « candidat de la majorité présidentielle » en juin.
« Ce Parti socialiste est mort« , a insisté l’ancien Premier ministre, appelant à « donner une majorité large et cohérente, sans futurs frondeurs, si vous voyez ce que je veux dire, à Emmanuel Macron pour qu’il puisse gouverner« .
Reste à voir si Manuel Valls sera investi. Une postulante avait été retenue dans son actuelle circonscription de l’Essonne a souligné Jean-Paul Delevoye, « M. Investitures » du parti présidentiel.
Le nom des 577 candidats de « La République en marche » sera dévoilé avant jeudi midi.
Le Premier secrétaire du PS a prévenu l’ancien locataire de Matignon: « impossible » de conserver sa carte au PS en revendiquant l’étiquette En Marche!. Et tout socialiste portant l’étiquette En Marche! devra affronter un candidat PS, a assuré Jean-Christophe Cambadélis.
Le bureau national du parti a approuvé mardi une plateforme pour le scrutin de juin, lâchant plusieurs propositions de Benoît Hamon et posant certaines lignes rouges à l’égard d’Emmanuel Macron: refus du recours aux ordonnances pour modifier le code du travail, « refus de la suppression de l’impôt sur la fortune pour les plus riches« , par exemple.
Tiraillé entre son aile droite et son aile gauche, le Parti socialiste s’est aussi accordé sur une ligne d' »autonomie constructive » pour les législatives. « Nous avons réussi à trouver un chemin commun, même s’il y a toujours des interrogations« , a vanté le patron du PS, après la réunion dans l’après-midi de près de 300 candidats.
– Petits débauchages –
A droite, l’effet Macron fait aussi des remous. Le secrétaire général adjoint des Républicains Eric Ciotti a accusé le président élu de vouloir « détruire » son parti, mais aussi le PS en essayant de faire « des petits débauchages« .
« Nous, il ne nous détruira pas. Parce qu’on a une colonne vertébrale, des convictions, des valeurs« , a clamé le député des Alpes-Maritimes.
Selon François Baroin, qui conduit la bataille des législatives pour la droite, seule une part « marginale » d’élus LR serait « tentée » de rejoindre En Marche!
« Ceux qui choisissent Macron, ils seront +En Marche!+ mais plus Républicains« , a averti le sénateur-maire de Troyes.
En coulisses, les tractations vont bon train entre l’entourage de M. Macron et une frange de la droite. Le nouveau président, désireux d’élargir sa base, souhaite adresser un signe à son électorat en intégrant au gouvernement des personnalités de droite, parmi lesquelles pourraient figurer le juppéiste Edouard Philippe ou Bruno Le Maire.
En attendant, Les Républicains ont validé, sans vote, en bureau politique leur programme amendé pour les législatives, revenant sur quelques dispositions du programme présidentiel de François Fillon. Une idée générale: améliorer le pouvoir d’achat des Français, en proposant notamment une baisse d’impôts.
Enfin, à l’extrême droite, coup de tonnerre: Marion Maréchal-Le Pen annoncera mercredi dans la presse quotidienne régionale qu’elle quitte son mandat de cheffe de l’opposition FN au Conseil régional de Paca et n’est finalement pas candidate à un nouveau mandat de députée du Vaucluse.
L’élue de 27 ans avait exprimé à de nombreuses reprises son envie de se lancer dans le privé, et laissé poindre sa lassitude quant aux relations compliquées au sein du parti notamment avec sa tante Marine Le Pen. Cette « désertion » peut « avoir des conséquences terribles » sur le prochain scrutin, a jugé son grand-père Jean-Marie Le Pen.
Le FN espère devenir « la première force d’opposition« , selon son vice-président Florian Philippot. Un « conseil stratégique » s’est tenu dans l’après-midi pour analyser le score dimanche de Marine Le Pen (33,9%), qui a déçu les frontistes.