Paris – Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a placé vendredi les patrons d’abattoirs devant leurs responsabilités en publiant l’intégralité des rapports d’inspection menées dans 259 abattoirs français en avril, après la diffusion de vidéo choquantes par une association de défense du bien-être animal, L214.
Le gouvernement « va publier aujourd’hui tous les contrôles faits sur les abattoirs pour que tout le monde soit transparent« , avait annoncé le matin-même M. Le Foll sur RTL.
Ces inspections avaient été ordonnées en avril dans l’ensemble des abattoirs de France par le ministre après la divulgation, par l’association L214, d’images d’animaux maltraités dans des abattoirs. Une synthèse en avait été publiée mi-mai, mais pas le détail des inspections, qui n’est pas habituellement dévoilé au grand public.
Depuis, le ministre a « pris des décisions législatives pour que la maltraitance animale soit un délit (…), pour que celui qui est responsable de l’abattoir soit pénalisé« .
Et il n’a pas très bien vécu que l’ancienne actrice et défenseur des animaux Brigitte Bardot l’interpelle dans une lettre ouverte: « Je n’accepte pas qu’on me traite de +Ministre de la Souffrance+« , a-t-il clamé.
« Chacun a une responsabilité, mais il ne faut pas se tromper, le premier responsable dans un abattoir, c’est le professionnel« , a en effet assuré à l’AFP le patron de la Direction générale de l’Alimentation (DGAL) au sein du ministère, Patrick Dehaumont.
Si des manquements sont observés, c’est donc à lui d’y remédier. « Nous n’avons rien à cacher« , a assuré M. Dehaumont.
Les rapports sont « une photographie » de l’état des abattoirs au mois d’avril, et il n’y apparaît pas les notifications qui ont suivis, les procès verbaux ou le retrait de l’agrément de trois d’entre eux, qu’on ne peut donc pas identifier.
– non conforme –
D’ailleurs depuis, leur situation a évolué, l’un de ces trois abattoirs a fermé, un autre a rouvert après avoir réalisé des travaux et le dernier doit faire des essais techniques la semaine prochaine après travaux, selon M. Dehaumont.
Le but est surtout de montrer la méthodologie des services de l’Etat.
La liste donne accès pour chaque abattoir visité aux constatations des inspecteurs sur 44 critères concernant la conformité des locaux, des équipements, les conditions d’abattages (étourdissement par électronarcose c’est-à-dire électrocution par exemple), ainsi que les connaissances et la tenue de travail du personnel.
On peut y lire des indications très précises: « le piège utilisé pour les petits ruminants et les porcs n’est pas bien adapté (…) une immobilisation complète reste difficile« , ou encore « en fin de +tuerie+, un défaut d’électronarcose a obligé l’opérateur à aller chercher la pince de secours et pendant ce temps-là, un porc s’est échappé du restrainer (piège, NDLR)« .
Seuls les noms des inspecteurs et des personnes auditionnées ont été retirés.
La fin du rapport dresse la liste des « non-conformités » que le responsable de l’abattoir doit corriger ainsi qu’une note allant de A (conforme) à D (non conforme).
Vendredi à la mi-journée, le site du ministère avait publié la synthèse des résultats de l’audit déjà rendu public par le ministre lui-même le 18 mai lors d’une audition de la Commission d’enquête parlementaire sur les abattoirs.
D’après cet audit, sur 259 abattoirs contrôlés, près de 70% des inspections avaient conclu à un niveau de maîtrise de la protection des animaux « satisfaisant (20%) à acceptable (49%)« . Mais dans 31% des inspections, le niveau de maîtrise des risques a été jugé « insuffisant« .
Les non-conformités les plus graves concernaient moins de 5% des chaînes inspectées, soit 19 lignes d’abattage, qui ont été fermées.