Le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés s’est alarmé ce mercredi d’un possible naufrage en mer Méditerranée qui aurait coûté la vie à 500 personnes. L’instance se base sur la foi de témoignages de survivants.
Les victimes se compteraient par centaines. Des migrants secourus en Méditerranée et débarqués à Kalamata, en Grèce, ont raconté avoir assisté à un naufrage ayant fait jusqu’à 500 morts, a annoncé ce mercredi une porte-parole du Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR).
Sur 41 personnes, 23 sont originaires de Somalie, 11 d’Ethiopie, 6 d’Egypte et une du Soudan, ils sont 37 hommes, 3 femmes et un enfant de 3 ans voyageant avec sa famille. Ces rescapés, hébergés dans un stade municipal, décrivent « un grand naufrage qui a eu lieu en mer Méditerranée et qui a tué environ 500 personnes », a expliqué Carlotta Sami, porte-parole du HCR pour l’Europe du Sud basée à Rome. »Les témoignages concordent, affirme-t-elle, Certains disent avoir perdu des proches. »
Un bateau surchargé
Elle précise que des doutes subsistent sur la date de ce naufrage. Selon elle, les migrants ont dérivé en mer jusqu’à être repérés et secourus samedi, puis ont été débarqués à Kalamata dimanche. Ils auraient pris la mer près de Tobrouk, dans l’est de la Libye, à bord d’une embarcation délabrée transportant entre 100 et 200 personnes.
En pleine mer, les passagers auraient rejoint un autre bateau de 30 m de long déjà chargé de migrants, à bord duquel les passeurs ont essayé de faire monter les autres. Mais sous l’effet de la surcharge et du mouvement des déplacements, ce plus grand bateau aurait chaviré. « Parmi les 41 survivants se trouvent des gens qui n’avaient pas encore embarqué à bord du plus grand bateau ainsi que des gens qui ont réussi à nager jusqu’au plus petit bateau après le naufrage », a expliqué Carlotta Sami. Selon la police portuaire grecque, les survivants auraient été pris en charge par un navire de la marine marchande battant pavillon des Philippines le 16 avril et déposés sur les côtes grecques de Kalamata, dans la presqu’île du Péloponnèse.
« Certains d’entre eux faisaient partie de mes étudiants »
D’après un représentant de la communauté somalienne en Egypte, cité par The Guardian, plusieurs des personnes décédées étaient originaires de Somalie et vivaient en Egypte. « Les familles pleurent leurs enfants qui se sont noyés en mer. (…) Sur les réseaux sociaux, je n’arrête pas de voir défiler des photos de personnes qui se sont noyées. Certains d’entre eux faisaient partie de mes étudiants », a-t-il expliqué.
The Guardian rappelle que l’annonce de ce naufrage s’est faite plusieurs jours après les faits, car les versions des naufragés variaient sensiblement jusqu’ici. Certains affirmaient que le bateau qui s’est renversé était parti d’Egypte tandis que d’autres indiquaient que les survivants avaient été pris en charge en Italie. Les autorités pensent détenir désormais la bonne version des faits. Les survivants ne devraient pas retourner en Turquie, en dépit de l’accord signé entre le pays et l’Union européenne, car ils sont partis de Libye, avec qui l’UE n’a pas encore négocié de politique de retour des migrants.
800 morts noyés en 2015
Selon une responsable de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Athènes, ces rescapés ont reçu un permis de séjour de 1 à 6 mois en fonction de leur nationalité.
Cet accident intervient à l’aube du sinistre anniversaire du naufrage qui a fait le plus de victimes en Méditerranée. Le 18 avril 2015, 800 migrants s’étaient noyées dans le naufrage de leur embarcation surchargée, au large des côtes libyennes. En septembre 2014, un autre drame avait déjà fait jusqu’à 500 morts. Depuis le mois de janvier, 761 personnes qui tentaient de traverser la Méditerranée se sont noyées.
Dans un communiqué, le HCR a réclamé une nouvelle fois « l’augmentation de voies régulières pour admettre les réfugiés et les demandeurs d’asile en Europe » afin de faire baisser la demande pour « les dangereuses traversées clandestines ».