Il est intéressant de savoir quelles ont été les premières politiques forestières, car cela en dit long sur la suite, selon moi. Philippe le Bel crée l’administration des Eaux et Forêts en 1291 et l’ordonnance de Brunoy signée par Philippe VI de Valois instaure une ébauche de Code forestier pour le Royaume en 1346. Cette dernière ordonnance précise que « les maîtres des eaux et forêts enquerront et visiteront toutes les forez et bois et feront les ventes qui y sont, en regard à ce que les dites forez puissent perpétuellement soutenir en bon estat » (analysé par Arnould, 2001). Ainsi, dans les forêts du roi, par exemple en cas de coupe, 10 arbres doivent être gardés par arpent (soit 0,5 ha) aussi bien dans les taillis que dans les futaies, et le défrichement est contrôlé pour lutter contre les pressions fortes des usages agricoles. Trois siècles plus tard, l’état des forêts ne s’améliorant pourtant pas, l’ordonnance de Colbert (1669) marque la volonté de voir les forêts « produire avec abondance au public tous les avantages qu’il peut en espérer », identifiant les différents « usages » en forêt, alors très variés, et établissant des règles de gestion afin que les bois soient abattus « suivant la possibilité des forêts ». Des inventaires précis des ressources disponibles pour le Royaume et l’armée sont réalisés, et des principes et contrôles limitant le pâturage, la chasse, l’utilisation des glandées sont posés. Les taillis doivent avoir une rotation supérieure à 10 ans, et 16 tiges par arpent doivent être réservées en futaie en cas de coupe, y compris dans les forêts privées. Les forêts des communautés doivent de plus réserver ¼ de la surface en futaie (« quart en réserve »).