Total signe un accord gazier en Iran malgré les pressions américaines

Téhéran – Le groupe français Total, à la tête d’un consortium international avec le chinois CNPCI, a signé lundi un accord gazier de 4,8 milliards de dollars avec Téhéran, malgré les pressions de Washington qui envisage de nouvelles sanctions contre l’Iran.

En vertu de ce contrat d’une durée de 20 ans, le consortium investira deux milliards de dollars (1,76 milliard d’euros) dès la première étape du développement de la phase 11 du vaste champ gazier offshore Pars-Sud.

Total devient ainsi la première grande compagnie occidentale du secteur des hydrocarbures à revenir en Iran depuis la levée partielle des sanctions internationales en janvier 2016, en vertu de l’accord nucléaire signé en 2015 avec les grandes puissances, dont la France et les États-Unis.

« Aujourd’hui est un jour historique pour Total, le jour où nous revenons en Iran« , a déclaré le PDG du groupe Patrick Pouyanné lors de la signature de l’accord à Téhéran.

« J’espère que cet accord entre une grande société européenne, française, et l’Iran va donner des idées à d’autres sociétés de venir en Iran parce que le développement économique c’est la façon aussi d’apporter la paix« , a déclaré à l’AFP M. Pouyanné.

« Nous sommes là pour construire des ponts et pas pour faire des murs, nous nous développons en Iran au Qatar, aux Émirats, partout où nous pouvons le faire« , a-t-il ajouté.

« Nous n’oublierons jamais que Total a été le précurseur« , a pour sa part lancé le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namadar Zanganeh.

Selon lui, l’industrie des hydrocarbures iranienne a besoin de 200 milliards de dollars (176 milliards d’euros) d’investissement sur les cinq prochaines années.

L’Iran dispose des deuxièmes réserves mondiales de gaz, après la Russie, et des quatrièmes réserves mondiales de pétrole, mais les compagnies étrangères restent globalement réticentes à investir dans ce pays en raison de sanctions américaines toujours en vigueur.

Total a même nommé une personne chargée de surveiller et s’assurer que les mesures américaines à l’encontre de l’Iran sont respectées. En évitant en particulier que l’argent soit acheminé aux Gardiens de la révolution, armée d’élite du régime, qui contrôlent de larges secteurs de l’économie, mais dont le rôle est dénoncé par les États-Unis.

– Europe contre États-Unis –

En vertu de l’accord conclu avec Total, le groupe français détiendra 50,1% des parts du consortium qui exploitera le champ gazier, suivi du groupe China National Petroleum Corporation (CNPCI) avec 30% et de l’Iranien Petropars (19,9%).

Le PDG de Total a rappelé que son groupe « avait une longue histoire en Iran« , évoquant le développement des phases 2 et 3 de Pars-Sud dans les années 1990.

Le gaz produit « alimentera le marché domestique iranien à compter de 2021« , a précisé à l’AFP un porte-parole de Total.

L’objectif est d’atteindre une production de 400.000 barils équivalent pétrole par jour. Les responsables iraniens misent sur un revenu de 54 milliards de dollars aux prix actuels durant les 20 ans que durera ce contrat.

La signature de l’accord avec Total intervient quelques jours après une tournée du ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, en Europe.

M. Zarif avait été reçu vendredi par le chef de l’État français Emmanuel Macron après avoir rencontré le président allemand Frank-Walter Steinmeier et le Premier ministre italien Paolo Gentiloni.

Téhéran cherche à renforcer les relations avec l’Union européenne, face à une administration américaine hostile.

« Malgré l’hostilité déraisonnable des États-Unis, l’UE reste engagée à l’égard de l’accord nucléaire et de l’entente constructive » avec l’Iran, avait écrit M. Zarif dans un tweet.

– Difficultés pour investir –

L’administration Trump dénonce régulièrement l’accord nucléaire de 2015, et la Maison Blanche a annoncé pour les prochaines semaines un réexamen de la politique américaine en ce qui concerne cet accord.

Mi-juin, le Sénat américain a voté en faveur d’un projet de loi en faveur de nouvelles sanctions contre l’Iran, accusé de « soutien à des actes terroristes internationaux« . Il doit encore être examiné par la Chambre des représentants.

Les grandes banques internationales hésitent à travailler avec Téhéran par crainte de mesures punitives de Washington. La probabilité d’un renforcement des sanctions a aussi refroidi les ardeurs de sociétés comme le groupe d’hydrocarbures britannique BP alors que d’autres entreprises comme Shell (Pays-Bas/Royaume-Uni) ou Gazprom (Russie) ont pour l’instant conclu seulement des accords préliminaires.

« Les compagnies qui opèrent en Iran vont continuer à affronter une série de problèmes structurels, notamment la corruption, la bureaucratie, une instabilité potentielle » et la réticence de certains notamment dans la classe politique « à permettre une implication étrangère dans l’économie« , souligne la société consultante BMI Research dans une note publiée lundi.

Depuis la levée des sanctions, Total est la troisième grande entreprise française à revenir en Iran, après les groupes automobiles PSA et Renault.

Sahel: vers une force antijihadiste dans quelques mois, Macron réclame des résultats

Bamako – Les dirigeants des pays du G5 Sahel, en présence du président français Emmanuel Macron, ont acté dimanche à Bamako la constitution d’une force antijihadiste conjointe et débloqué des fonds pour commencer son déploiement en septembre-octobre.

Réunis au sommet, les présidents Ibrahim Boubacar Keïta (Mali), Idriss Déby Itno (Tchad), Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso), et Mahamadou Issoufou (Niger) se sont engagés à une contribution de 10 millions d’euros chacun, qui s’ajouteront aux 50 millions promis par l’Union européenne.

De quoi amorcer le financement d’une force qui devrait coûter 423 millions d’euros, a indiqué le président malien lors d’une conférence de presse avec son homologue français au terme du sommet.

« Il y a urgence, parce que ceux qui sont en face n’attendent pas« , a expliqué M. Keïta, en référence aux jihadistes.

« Pas besoin de réunir tous les financements pour commencer« , a renchéri M. Macron, qui a annoncé une aide matérielle et logistique française équivalente à 8 millions d’euros d’ici à la fin de l’année, avec notamment 70 véhicules tactiques et du matériel de transmission et de protection.

Le président français a souhaité une mise en place du commandement fin août, ajoutant : « L’important c’est que cette force conjointe soit pleinement opérationnelle à l’automne, avec les premiers financements débloqués (…) et qu’elle ait ses premiers résultats« .

Face à la dégradation de la situation dans le centre du Mali, limitrophe du Burkina Faso et du Niger, gagnés à leur tour par les violences jihadistes, le G5 avait réactivé, lors d’un sommet en février, à Bamako, le projet de cette force.

Déployée dans un premier temps aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, avec un effectif initial de 5.000 hommes, basée à Sévaré (centre du Mali), elle s’ajoutera à l’opération française Barkhane qui traque les jihadistes dans le Sahel et à la Mission de l’ONU au Mali (Minusma).

Pour compléter les fonds nécessaires, une conférence des donateurs est prévue prochainement, avec selon Paris un apport programmé de l’Allemagne, qui participe déjà en force à la Minusma et à la mission européenne de formation de l’armée malienne.

– ‘Première trace de vie’ –

Mais le président français a enjoint le G5 Sahel de démontrer l’efficacité de cette force pour convaincre les donateurs, alors que le Conseil de sécurité de l’ONU a salué par une résolution le 21 juin ce déploiement, sans lui délivrer ni mandat ni fonds.

« Ce sera à vous et à vos armées de convaincre que le G5 peut être efficace, dans le respect des conventions humanitaires, pour convaincre nos partenaires« , a-t-il prévenu.

Il a aussi pressé les dirigeants du G5 de mener « des réformes institutionnelles et des efforts de gouvernance, appelés par vos populations« .

A M. Keïta, il a redemandé la « pleine mise en oeuvre de l’accord de paix » de mai-juin 2015, censé isoler les jihadistes, notamment par une décentralisation en faveur des régions du Nord.

Dans un nouveau geste de défi aux dirigeants du G5, la principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, a diffusé samedi une vidéo montrant six étrangers enlevés au Mali et au Burkina Faso entre 2011 et 2017, dont une Française.

« Ces gens ne sont rien, ce sont des terroristes, des voyous et des assassins« , a réagi M. Macron, tout en se réjouissant d’avoir « pour la première fois depuis des mois une trace de vie pour Sophie Pétronin« , l’otage française, enlevée en décembre.

Concernant les préoccupations financières exprimées la semaine dernière par le président tchadien, dont le pays participe déjà aux opérations de la Minusma et de la force multinationale contre le groupe islamiste nigérian Boko Haram, il a été rasséréné par les discussions du sommet, seon MM. Keïta et Macron.

Le président français a aussi annoncé une augmentation des aides au développement pour le Sahel, via l’Agence française de développement, à raison de 200 millions d’euros sur 5 ans.

Toujours sur le volet développement, M. Macron a ajouté avoir « bon espoir que le 13 juillet« , le Conseil des ministres franco-allemand à Paris serait l’occasion d’annoncer une aide allemande au Sahel.

Sous le label d' »alliance pour le Sahel« , il espère mobiliser d’autres donateurs, notamment des institutions internationales.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, en grande partie chassés par une intervention militaire internationale lancée en 2013 à l’initiative de la France.

Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques, malgré l’accord de paix.

France: les LGV vers Bordeaux et Rennes inaugurées en grande pompe

Bordeaux – Les nouvelles lignes TGV, qui relient Paris à Bordeaux en 2H04 et à Rennes en 1H25, ont été inaugurées samedi, à la veille de leurs débuts commerciaux, mais des menaces pèsent sur le projet de prolongement au sud vers Toulouse et Dax.

C’est la première fois que deux LGV sont inaugurées en même temps et ces liaisons étaient très attendues par les capitales bretonne et girondine. Les gares se sont refait une beauté pour accueillir les 4 millions de voyageurs supplémentaires que la SNCF espère attirer sur ces lignes d’ici 2019.

Le train inaugural pour Bordeaux, le premier à partir en début de matinée, est arrivé à destination avec à son bord le président de la SNCF, Guillaume Pepy, les ministres de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, et des Transports, Élisabeth Borne.

Il a été suivi d’un second train, arrivé en début de soirée à Rennes, où avait notamment pris place le président Emmanuel Macron après un bain de foule et des selfies avant le départ à la gare Paris-Montparnasse.

Ce voyage vers la Bretagne a nécessité une grosse organisation avec trois TGV: un premier pour ouvrir la voie afin de déjouer d’éventuels obstacles, le deuxième avec le président et un troisième pour fermer la voie.

Durant le trajet, M. Macron a tenu à rassurer les agents SNCF présents, en leur affirmant qu’il ne fallait « pas avoir peur de l’ouverture à la concurrence » du rail en France, prévue par Bruxelles à partir de 2019, et que la « richesse » de l’entreprise publique était son « réseau national« .

Lors de la première cérémonie d’inauguration, qui se tenait sur les bords de la Garonne à Bordeaux, les élus locaux se sont inquiétés pour le prolongement vers le sud de la LGV, qui mettrait Toulouse à 3 heures de Paris, contre 4h20 à partir du 2 juillet.

Emmanuel Macron s’est néanmoins montré réservé, lors d’un discours à Rennes, sur la mise en chantier de nouvelles LGV dans les prochaines années.

« Le combat que je souhaite engager pour les années à venir, ce sont les transports du quotidien« , a-t-il affirmé, ajoutant qu’il n’entendait pas « relancer de grands projets nouveaux mais financer le renouvellement des infrastructures« , sans toutefois explicitement évoquer le projet de prolongement.

Le tribunal administratif de Bordeaux avait annulé jeudi une partie de la déclaration d’utilité publique, mettant en péril l’ensemble du projet. Élisabeth Borne a annoncé que l’Etat ferait appel, tout en réaffirmant elle aussi la priorité aux trains du quotidien.

« Il faudra hiérarchiser les priorités, il faudra aussi réfléchir à des modes de financement« , a-t-elle indiqué à la presse en marge de l’inauguration.

– 2.700 km de LGV –

Les TGV vont en Bretagne et en Aquitaine depuis près de 20 ans, mais la LGV pour Rennes s’arrêtait un peu avant Le Mans (Sarthe), celle pour Bordeaux prenait fin à Tours-Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) et les trains circulaient ensuite sur voie classique.

Grâce à un décroché à hauteur de Sablé-sur-Sarthe (Sarthe), des trains directs circuleront désormais entre Rennes, Laval, Angers et Nantes.

La ligne entre Le Mans et Rennes, construite en partenariat avec Eiffage, a coûté 2,8 milliards d’euros, plus 600 millions pour les aménagements complémentaires (travaux en gare, signalisation, etc…).

Le budget de Tours-Bordeaux s’élève à 7,8 milliards d’euros, plus 1,2 milliard pour les aménagements, avec un montage inédit: un partenariat public-privé (PPP) avec une filiale du groupe Vinci pour la construction, mais aussi pendant 50 ans pour l’exploitation, une première.

Concrètement, les opérateurs, pour y faire circuler leurs trains, paieront les péages non pas au gestionnaire d’infrastructure SNCF Réseau mais à Lisea, consortium mené par Vinci. La SNCF a déjà annoncé qu’il lui en coûtera 90 millions d’euros pour cette demi-année.

Par ailleurs, pour cette ligne, le gestionnaire d’infrastructure SNCF Réseau court toujours après 350 millions d’euros. Parmi les 33 collectivités locales qui participent au financement, à hauteur de 1,3 milliard d’euros, certaines ont suspendu leurs versements.

Une autre LGV doit être inaugurée cette année, le contournement Nîmes-Montpellier, à l’automne. La France comptera alors 2.700 kilomètres de LGV.

Le gouvernement se délocalise en province pour préparer ses grands chantiers

Nancy – Le gouvernement quasiment au complet s’est retrouvé vendredi soir à Nancy pour un séminaire de 24 heures, une « mise au vert » hors de Paris destinée à rapprocher les ministres et à préparer les annonces de l’exécutif la semaine prochaine.

Les 17 ministres et 10 secrétaires d’État -seuls manquaient Nicolas Hulot et Elisabeth Borne retenus par une inauguration de ligne ferroviaire- sont arrivés dans la cité lorraine vers 19H00 pour un dîner de travail autour du Premier ministre Édouard Philippe.

A trois jours du discours d’Emmanuel Macron devant le Congrès, placé à la veille de la déclaration de politique générale de son chef de gouvernement, le séminaire doit permettre de peaufiner les grands chantiers que s’apprête à lancer l’exécutif.

Vendredi soir pour le dîner, il s’agissait d’un « temps d’échange, je dirais plus +philosophique+ sur certains sujets« , a expliqué le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner.

L’écrivain et ancien conseiller de François Mitterrand, Erik Orsenna a participé aux agapes, de même que deux « héros du quotidien« , l’ancien député Jean-Marie Schléret, engagé pour les handicapés et l’astronaute Thomas Pesquet.

« Je vais leur raconter ma mission et voir quels sont les points communs entre une mission spatiale et diriger la France« , a déclaré le récent locataire de la Station spatiale internationale.

La réunion, qui s’est tenue vendredi sur le campus des grandes écoles de Nancy, se prolongera à la préfecture de Meurthe-et-Moselle samedi, davantage sur le fond.

Après le signal d’alarme de la Cour des Comptes sur le dérapage budgétaire, son président Didier Migaud sera présent avec les ministres.

Édouard Philippe doit annoncer en deux temps, mardi à l’Assemblée puis mi-juillet, les mesures retenues pour rester à 3% de déficit public et non 3,2% comme l’a révélé l’audit des Sages de la rue Cambon.

Le gel du point d’indice des salaires des fonctionnaires a déjà été annoncé par le ministre du Budget Gérald Darmanin.

Le Premier ministre n’a « aucun domaine sur lequel il s’interdit de se poser des questions« , a précisé une source proche d’Edouard Philippe vendredi soir.

En matière de sécurité, « on ne va pas baisser nos ambitions, mais on va voir comment on peut maîtriser la dépense« , a-t-on indiqué.

Autre invité de marque samedi: l’emblématique François Molins, procureur de la République de Paris et figure de la justice antiterroriste française.

Le rassemblement a aussi valeur de symbole, en préférant aux habituels lieux de pouvoir parisien une ville de province, dans ce quart nord-est de la France confronté à la crise économique.

« Le Premier ministre voulait envoyer le signal qu’on n’était pas dans l’entre-soi« , a souligné son entourage.

La délocalisation du gouvernement en province en début de quinquennat a des précédents: en octobre 2007, Nicolas Sarkozy avait ainsi dirigé un Conseil des ministres en Corse. Sous le quinquennat Hollande, plusieurs conseils interministériels réunissant de larges parties de l’exécutif avaient également été organisés en dehors de Paris.

En décidant de réunir députés et sénateurs en Congrès à Versailles, à la veille d’une déclaration de politique générale qui est la traditionnelle heure de gloire des nouveaux Premiers ministres, Emmanuel Macron a relancé les questionnements autour de sa conception présidentielle, suscitant de vives réactions de l’opposition, dont une partie boycottera son discours à Versailles.

– ‘Castration symbolique’ –

Si certains y ont vu la droite ligne de la Ve République et d’un président qui s’adresse directement aux parlementaires et au peuple, d’autres observateurs y ont décelé une décision humiliante pour le Premier ministre.

« C’est une castration symbolique« , juge ainsi un conseiller gouvernemental interrogé par l’AFP.

Le chef du gouvernement a reçu mi-juin les différentes « feuilles de route » de ses ministres, qui doivent nourrir son premier grand discours de mardi.

Outre les finances publiques, l’éducation, la sécurité, ainsi que la méthode de travail interministérielle sont les trois grandes thématiques de la journée de samedi, selon Matignon.

Dans cette réunion aux petits airs de « team building » ou de « week-end d’intégration« , l’objectif est au passage de souder l’équipe gouvernementale.

Plusieurs ministres se sont retrouvés pour boire un verre en terrasse vendredi soir sur la célèbre place Stanislas.

« Les ministres ne se connaissent pas tous, l’idée est de se retrouver dans un cadre informel« , explique Matignon: pas de conseillers, pas de berlines ministérielles mais un car pour des membres du gouvernement, arrivés en TGV, qui logeront dans deux hôtels de la cité lorraine.

L’exercice doit s’achever samedi après-midi par une conférence de presse.

La Bourse de Paris finit le semestre en repli (-0,65%)

Paris – La Bourse de Paris a fini en repli (-0,65%) vendredi, terminant le trimestre dans la morosité, les investisseurs nourrissant des craintes sur une normalisation de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE).

L’indice CAC 40 a cédé 33,67 points à 5.120,68 points, son plus bas niveau depuis le 21 avril, dans un volume d’échanges animé de 4,2 milliards d’euros. La veille, il avait fini en recul de 1,88%.

Au cours de la semaine écoulée, l’indice a cédé 2,76%. Ses gains depuis le début de l’année atteignent 5,31%.

Après avoir débuté à l’équilibre, la place parisienne a gagné du terrain avant de changer totalement de tendance lors d’une séance fébrile de fin de semestre.

« Le catalyseur du dernier mouvement de baisse en Europe est le changement de ton des banquiers centraux, et surtout (du président de la Banque centrale européenne) Mario Draghi, qui a surpris avec une nouvelle rhétorique« , explique à l’AFP Alexandre Baradez, analyste de IG France.

Lors d’un discours mardi, M. Draghi a en effet déclaré que la conjoncture en zone euro était solide et que les pressions inflationnistes étaient en bonne voie, un contexte rendant possible un plus faible soutien monétaire.

« Ce sont clairement les banques centrales qui expliquent la correction« , poursuit M. Baradez, le marché craignant une normalisation des politiques monétaires accommodantes mises en place depuis la crise.

Dans ce contexte, les nombreuses statistiques publiées dans la journée ont peu pesé sur le moral des investisseurs.

Aux Etats-Unis, l’inflation a poursuivi son ralentissement en mai pour tomber à son plus faible niveau en six mois à 1,4%.

Le moral des ménages a de son côté progressé en juin, davantage que ne l’escomptaient les analystes, tandis que l’activité économique dans la région de Chicago a connu une hausse surprise en juin pour atteindre son plus haut niveau en 3 ans.

– Inflation au ralenti –

En zone euro, l’inflation a ralenti à 1,3% contre 1,4% en mai, restant bien au-dessous de l’objectif de 2,0% affiché par la BCE.

Cela n’a pas suffi néanmoins à rassurer le marché sur les intentions de l’institution de Francfort.

« Le marché arbitre: d’un côté il y a les propos de Mario Draghi, de l’autre côté les chiffres. Pour l’instant ce sont les propos de Mario Draghi qui priment« , analyse ainsi M. Baradez.

En matière de valeurs, Technicolor a lâché 9,46% à 3,82 euros après avoir revu à la baisse son résultat brut d’exploitation.

Tikehau Capital a pris 3,95% à 24,20 euros après avoir lancé une augmentation de capital de 610 millions d’euros.

Les valeurs liées au secteur pétrolier ont reculé à l’image de Total (-1,40% à 43,29 euros), Vallourec (-1,28% à 5,32 euros) et CGG (-0,74% à 4,04 euros).

Oeneo a perdu 2,62% à 9,31 euros. Le fabricant de tonneaux et bouchons a annoncé le départ du président de son conseil d’administration, François Morinière, qui passera le relais à un administrateur de longue date du groupe, Hervé Claquin.

Derichebourg est monté de 0,61% à 7,40 euros, aidé par un contrat décroché par sa filiale Derichebourg Aqua, dans la ville de Saint-Leu sur l’île de La Réunion, pour un montant de plus de 30 millions d’euros.

Global Bioenergies a été lesté (-8,52% à 17,50 euros) après une levée de 10,25 millions d’euros lors d’un placement privé, soit plus que l’objectif qu’elle avait annoncé la veille.

Partouche a été dopé (+11,03% à 32,20 euros), sans être pénalisé par la prévision d’un « léger recul » de sa rentabilité opérationnelle sur l’exercice en cours, après avoir publié un bénéfice net en hausse, mais un résultat opérationnel en baisse au premier semestre.

Orchestra Premaman a chuté de 28,75% à 7,31 euros, pénalisé par une perte nette de 33,6 millions d’euros pour son exercice clos fin février.

CAC 40 (Euronext)

Déficit: face au budget « insincère » de Hollande, que peut faire Macron?

Un constat accablant: le déficit public devrait déraper à 3,2% du PIB en 2017 selon la Cour des comptes, qui tacle dans un audit le dernier budget du président Hollande.

Il y a neuf mois, Michel Sapin et son « fidèle professeur de mathématique » Christian Eckert, n’étaient pas peu fiers de présenter les grandes lignes du dernier budget du quinquennat Hollande. Au dernier étage de Bercy, les deux anciens locataires jonglaient alors entre attaques contre le programme de la droite, et défense d’une trajectoire budgétaire enfin des clous de nos engagements européens.

Seulement, si le Budget 2017 devait permettre « à la France de sortir de la procédure de déficits accumulés depuis 2008 », et donc de repasser sous la barre fatidique des 3% de déficit public, il semblerait bien que les projections du dernier gouvernement étaient particulièrement optimistes.

Les prévisions « insincères » de l’équipe Hollande

En effet, l’audit commandé par le nouvel exécutif à la Cour des comptes sur la situation budgétaire du pays, publié ce jeudi, acte un manque de 9 milliards d’euros pour atteindre la prévision de déficit 2017 à 2,8% du PIB. Ce « trou » atteindrait même 17 milliards d’euros en 2018, en raison notamment de dépenses de la dernière année qui s’annoncent supérieures de 10 milliards à ce qui avait été prévu.

Photo d'illustration: le président de la Cour des comptes Didier Migaud le 10 février 2016.

Photo d’illustration: le président de la Cour des comptes Didier Migaud le 10 février 2016.

REUTERS/Charles Platiau

« Des hauts fonctionnaires du Trésor et du Budget ont alerté les magistrats », précisait déjà Le Canard enchaîné cette semaine, alors que l’audit de la Cour des comptes qualifie d' »insincères » les prévisions budgétaires présentées à la fin du quinquennat Hollande. Les deux ministres de l’Economie et du Budget auraient même sous-évalués les notes des hauts fonctionnaires de Bercy et leurs « sombres constats (qui) ne cadraient pas avec le désir d’afficher une situation budgétaire qui s’améliorait », selon un magistrat de la Cour.

Les chiffres publiés officiellement par la Cour ce jeudi confirment ainsi plusieurs estimations (et rumeurs) publiées ces derniers jours, évaluant le déficit public à 3,2% cette année, soit un dérapage de 8 à 9 milliards d’euros par rapport au cap des 2,8%. Un engagement pourtant reformulé début avril lors de la présentation du programme de stabilité envoyé à Bruxelles.

De nouveaux arbitrages dès cet été?

Le nouveau gouvernement, qui comme le veut la tradition a commandé ce rapport à la Cour des comptes afin de disposer d’une publication « transparente », n’a pas fait mystère de cette situation, multipliant ça et là les messages alarmistes. « Il faut que l’Etat, les collectivités locales, les dépenses sociales, chacun fasse un effort », a indiqué Bruno Le Maire sur le plateau de TF1 lundi soir. Le Premier ministre Edouard Phlilippe avait sous-entendu dans L’Express la semaine dernière qu’un serrage de vis budgétaire serait possible dès 2017 selon la situation exacte des finances publiques.

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Durant la campagne électorale, Emmanuel Macron s’est lui engagé à ramener le déficit sous la barre des 3% cette année, ce qui impliquerait de trouver « seulement » 4 à 5 milliards d’euros pour boucler le budget 2017. Alors que les premières feuilles de routes ont été envoyées aux ministères, que se profile toujours la promesse de la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des Français (8 milliards), de l’allégement des cotisations patronales et salariales (entre 3 et 4 milliards) ou encore de la transformation du CICE en baisse de charges (20 milliards), la nouvelle équipe gouvernementale devra faire des choix dès cet été sur les réformes qu’elle juge nécessaire… et celles qui peuvent attendre.

Car dans son programme, souvent jugé déséquilibré malgré de réelles volontés d’économies, les dépenses prévues en début de quinquennat par le président Macron seront nombreuses. Hausse du budget de la Défense (3,5 milliards), ouverture de l’assurance-chômage aux démissionnaires et aux indépendants (4,8 milliards), transformation de l’ISF (2 milliards)… Soit autant de manque à gagner pour les caisses de l’Etat qui devrait une nouvelle fois couper dans les dépenses pour entrer dans les clous. Entre la gestion du solde de l’héritage Hollande et le financement du programme Macron, il devrait y avoir du travail cet été pour les fonctionnaires de Bercy.

Qatar-Arabie saoudite: comprendre la crise en cinq points

Retour sur les enjeux de la crise entre Doha, Riyad et Abu Dhabi alors que les Etats-Unis, par la voix du secrétaire d’Etat, tentent de dissiper les tensions.

C’est la plus grave crise diplomatique au Moyen-Orient depuis des années. Mis au ban par Ryad et ses alliés de la région, le Qatar, pays gazier parmi les plus riches au monde, est soumis à un blocus par ses voisins qui exigent la soumission du petit émirat. Retour en cinq points sur l’escalade des tensions.

Rupture des liens diplomatiques

Le 5 juin, l’Arabie saoudite, l’Égypte, Bahreïn et les Émirats arabes unis mettent un terme à leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Une décision assortie de mesures économiques, comme la fermeture des frontières terrestres et maritimes, l’interdiction de survol et des restrictions sur le déplacement des personnes.

Officiellement, Doha est accusé par l’Arabie saoudite et ses alliés de « soutien au terrorisme ». Les accusateurs mettent dans le même sac les groupes djihadistes Al-Qaïda et le groupe État islamique (EI), les mouvements islamistes comme les Frères musulmans, confrérie soutenue par le Qatar pendant les Printemps arabes, le Hezbollah libanais ainsi que le Hamas palestinien.

Les premières conséquences pleuvent. Les locaux d’Al-Jazeera à Ryad sont fermés. L’Égypte et six compagnies aériennes du Golfe suspendent des vols sur Doha. Les supermarchés sont pris d’assaut, de peur d’une pénurie alimentaire.

Téhéran, dont les relations avec le Qatar étaient plutôt tièdes jusque-là, malgré le partage d’un champ gazier entre les deux pays, envoie de l’aide alimentaire à la péninsule dès le 11 juin, ce qui à l’inverse de l’effet voulu, pourrait renforcer l’influence de Téhéran dans la région.

Les motifs de Riyad et d’Abu Dhabi

Cette déstabilisation est principalement pilotée par l’Arabe saoudite et les Emirats arabes unis. Riyad souhaite étendre son influence sur la région et d’attirer l’attention des États-Unis, expliquait à L’Express Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS, au début de la crise.

ANALYSE >> Pourquoi le Qatar est mis au ban par l’Arabie Saoudite et ses alliés

« L’objectif pour l’Arabie saoudite et ses alliés est de faire comprendre aux États-Unis qu’ils sont les partenaires à privilégier pour combattre le terrorisme », disait-il. De fait, la rupture des relations avec le Qatar se produit quinze jours après une visite à Ryad du président américainDonald Trump.

Les Emirats et l’Arabie saoudite ne pardonnent pas non plus à Al-Jazeera, chaîne qatarie très suivie dans toute la région, d’avoir relayé les mouvements de contestation contre les régimes autoritaires pendant les printemps arabes, en particulier les opposants islamistes susceptibles de menacer les monarchies absolues.

La Turquie prend la défense de Doha

Dès le début de la crise, Recep Tayyip Erdogan prend la défense de Doha. « S’efforcer d’isoler un pays dans tous les domaines […] est inhumain, contraire [aux valeurs de] l’islam », déclare le président turc, lors d’un discours retransmis à la télévision le 13 juin. Le 7 juin, le Parlement turc approuve la mise en oeuvre d’un accord datant de 2014 permettant le déploiement de troupes sur une base turque au Qatar. Le 22, Ankara annonce l’envoi de 5 véhicules blindés et 23 militaires ainsi que de denrées alimentaires.

Le 25 juin, Erdogan réitère son soutien à la péninsule, critiquant l’ultimatum posé par les pays du Golfe pour lever l’embargo. Il s’agit « d’une attaque contre les droits souverains d’un pays », dit-il. Le lendemain, Bahreïn accuse Doha de chercher une « escalade militaire », en allusion au déploiement de soldats turcs.

Le grand écart américain

Les Etats-Unis, eux, jouent un rôle des plus ambigus dans cette crise. C’est quelque jours après la réception fastueuse de Donald Trump en Arabie saoudite et ses félicitations sur Twitter que Riyad et Abu Dhabi ont déclaré la guerre au Qatar, encouragés, selon la plupart des analystes, par ce qu’ils prenaient pour un blanc-seing du locataire de la Maison Blanche.

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Mais il apparaît rapidement que le Pentagone et le secrétariat d’Etat ne partagent pas cette ligne. Pour cause, l’émirat abrite le Commandement central des forces aériennes des États-Unis, avec 10 000 soldats américains stationnés sur la base d’Al-Udeid. Depuis, Rex Tillerson tente de calmer les ardeurs des émirs saoudiens et émiratis. En devant composer avec Trump qui souffle le chaud et le froid. Tandis que Bob Corker, sénateur républicain influent, menace de bloquer les futures ventes d’armes aux six pays du Conseil de coopération du Golfe tant que le conflit ne sera pas résolu.

Les conditions posées par Riyad et ses alliés

Le 22 juin, Riyad et Abu Dhabi posent treize conditions pour mettre fin au blocus, avec un ultimatum de 10 jours. Parmi celles-ci, la réduction des relations de Doha avec l’Iran, la fermeture de la chaîne Al-Jazeera, ainsi la base militaire turque sur son sol. Le 27 juin, le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir, en déplacement à Washington, réaffirme que les demandes au Qatar ne sont « pas négociables ». Interrogé sur la demande de fermeture d’Al Jazeera, un diplomate émirati répond: « nous ne promouvons pas la liberté de la presse ».

Le Qatar, lui, campe sur son refus et réclame des preuves des accusations de terrorisme. La liste n’est « pas destinée à combattre le terrorisme, mais à empiéter sur la souveraineté du Qatar et à s’ingérer dans sa politique étrangère », rétorque Doha.

« Le Qatar s’engagera dans un dialogue constructif » avec ses adversaires « si leurs allégations (sur le soutien au « terrorisme ») sont soutenues par des preuves claires », insiste le ministre des Affaires étrangères Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani.

Colombie : sept touristes morts, deux disparus après un naufrage

Guatapé (Colombie) – Les secouristes colombiens cherchaient encore lundi deux touristes disparus la veille dans le naufrage d’un bateau sur le lac de Guatapé (nord-ouest), qui a fait au moins sept morts.

L’Unité nationale pour la gestion des catastrophes (UNGRD) a fait état lundi soir de sept morts, deux disparus et 158 rescapés, dont deux toujours hospitalisés dans un état « stable« .

Parmi les touristes secourus figurent trois Belges.

« Nous allons poursuivre les recherches pour retrouver les deux disparus (…) jusqu’à ce qu’ils soient retrouvés« , a indiqué lors d’une conférence de presse, Carlos Iván Márquez, directeur de l’UNGRD, précisant qu’il s’agit de deux femmes âgées de 35 et 62 ans.

M. Márquez a indique que les corps des personnes décédées ont été identifiés.

La présence d’algues dans le lac aux eaux froides, dont la profondeur atteint 30 à 40 mètres, complique les recherches des secouristes – une équipe de 35 plongeurs -, qui suspectaient que des corps restent coincés parmi les quatre ponts de l’embarcation, baptisée « Almirante« .

Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux et que l’AFP a pu authentifier, on peut voir le bateau, qui transportait 161 passagers et six membres d’équipage, en train de tanguer avant de commencer à couler.

Les autorités ignorent encore les raisons de ce naufrage, survenu en quelques minutes seulement dimanche vers 14H00 (19H00 GMT) dans le lac du barrage El Peñol de Guatapé, à environ 68 kilomètres de Medellin.

Le bateau avait « très peu de gilets de sauvetage« , a raconté Angela, qui se trouvait à bord avec son fils Esteban, âgé de 7 ans.

Angela, sa mère Marta, décédée dans le naufrage, et Esteban ont été secourus par des estivants en jet-ski mais « à ce moment-là, ma mère a lâché son bras » et Angela l’a perdue de vue, a témoigné Viviana, la fille de la victime, le visage fatigué d’avoir fait le tour des hôpitaux toute la nuit.

– « Ils ressemblaient à des fourmis » –

« Quand je suis arrivé, je les ai attrapés, ils ressemblaient à des fourmis« , a raconté à l’AFP Yovan Betancur, 28 ans, qui, avec son bateau a réussi à sauver douze personnes des eaux froides et profondes du lac.

Carlos Campuzano, 44 ans, qui passé dix ans à promener des touristes avec son bateau, est arrivé le premier sur les lieux du drame.

« Le premier et le deuxième étage avaient déjà coulé et le bateau tanguait (… ) les personnes étaient en état de choc, c’était le chaos« , s’est souvenu le navigateur qui, en faisant trois voyages a permis de sauver au moins 30 personnes.

Le site est très apprécié des Colombiens, pour y effectuer des promenades en bateau, pêcher ou pratiquer le jet-ski, notamment lors des week-ends prolongés comme c’était le cas dimanche, ce lundi étant férié en Colombie.

« Il n’y avait pas de gilets de sauvetage, il n’y avait rien. Seuls quelques bateaux sont venus nous aider en nous jetant des gilets. C’était le chaos total, tout le monde criait, nous avons prié… Nous ne savions pas quoi faire« , a déclaré une passagère, Lorena Salazar.

Les passagers ne portaient pas de gilets de sauvetage et parmi eux, se trouvaient « beaucoup d’enfants« , a également témoigné aux médias locaux une autre survivante, Laura Baquero, précisant que les deux premiers niveaux de l’embarcation « étaient surpeuplés« .

Il y a « des plaintes et réclamations » concernant le manque de gilets de sauvetage, a confirmé à l’AFP le vice-ministre des Transports, Alejandro Maya, soulignant que les papiers du bateau étaient en règle.

Le parquet a indiqué dans un communiqué qu’il demanderait aux autorités locales « un rapport sur les contrôles (…) des services de navigation sur le lac, l’usage de gilets de sauvetage et les limites de vitesse« .

Le président Juan Manuel Santos, qui s’était rapidement rendu sur place, a exclu que l’accident soit lié à un problème de surcharge.

Trois jours de deuil ont été déclarés par la municipalité de Guatapé.

Bertrand lance un pavé dans la mare LR, Wauquiez réplique

Paris – Xavier Bertrand a lancé dimanche un pavé dans la mare des Républicains en annonçant qu’il ne briguerait pas la présidence du parti et en attaquant la ligne de Laurent Wauquiez: accusé de courir « après l’extrême droite », ce dernier a qualifié ces propos de « médiocres aigreurs ».

Le président de la région des Hauts-de-France, que certains voyaient partant, a annoncé dans un entretien au Journal du dimanche qu’il ne briguerait pas la présidence du parti à l’automne, privilégiant son « engagement » régional.

Disant ne pas vouloir déclencher « une nouvelle guerre des chefs » mais attaquant M. Wauquiez, à la ligne jugée davantage conservatrice et qui « court après l’extrême droite« , M. Bertrand a jugé que la présidente de la région Ile-de-France « Valérie Pécresse serait une très bonne candidate« .

Au sein du parti LR, fracturé, « nous continuons à vivre ensemble, mais ça fait bien longtemps qu’on ne s’aime plus. Et on a peut-être plus grand-chose à faire ensemble« , a encore lancé l’ex-ministre.

Va-t-il créer son parti? « La question ne se pose pas aujourd’hui« , a-t-il répondu, épinglant aussi le président Emmanuel Macron, notamment pour sa tactique de « diviser pour régner » en attirant des personnalités de droite.

A ces déclarations au vitriol, M. Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a répondu dimanche après-midi dans un tweet. « Amis: ne répondez pas aux invectives et caricatures« , a-t-il écrit. « Ne laissons pas les médiocres aigreurs nous détourner du seul objectif qui compte: la reconstruction d’une droite fière de ses valeurs« , a-t-il ajouté.

– ‘Ne pas flinguer les talents’ –

Certains autres élus ont semblé vouloir calmer le jeu.

Le député LR et ancien ministre Eric Woerth a trouvé sur Europe1/CNews/Les Echos « encore » possible pour les membres de son parti de « vivre et travailler ensemble« , alertant néanmoins sur le « risque de s’isoler en autant de chapelles que de lignes politiques« .

« Avant de s’occuper des hommes ou des femmes qui incarnent la droite républicaine, il faut d’abord s’occuper d’éclaircir ce que nous sommes« , a-t-il jugé, observant que sa famille avait « toujours été divisé(e)« .

Glissant qu' »on a plein de talents et on ne va pas commencer à les flinguer« , M. Woerth a assuré que « personne n’a envie de courir derrière le FN« .

« Quand vous prenez une claque, il y a ce type de remise en question des leaders et une crise de leadership« , a tempéré la vice-présidente LR de la région Ile-de-France, Florence Portelli, sur Rmc.fr. « Si on part sur une querelle de coqs » entre « des gens qui seraient plus ou moins à droite« , cela « ne résoudra pas le travail de fond que nous devons mener et qui prendra du temps« , a-t-elle noté, tout en qualifiant Mme Pécresse de « personne de très grande qualité » représentant « une droite qu'(elle) aime bien« .

Franck Riester, un des députés du groupe LR-UDI « constructif » vis-à-vis de la majorité macroniste, a, lui, estimé nécessaire de « refonder en profondeur » la droite, « avec des gens différents« , sous peine de se retrouver « en 2022 pas plus nombreux que le PS » à l’Assemblée.

Prié de dire s’il se sentait toujours de la même famille politique que M. Wauquiez, M. Riester a considéré que « le coin est de plus en plus fort entre les deux droites, mais il y a des points de convergence« , comme la volonté de « restaurer l’autorité de l’Etat« .

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Cyberharcèlement des femmes et personnes LGBT: « Je me prépare toujours à pire »

Au sommet Lesbians who tech, trois femmes ont témoigné de ce type de cyberharcèlement. Un phénomène « systémique », face auquel il existe toujours peu de solutions concrètes.

Dans les sous-sols des locaux parisiens de Google ce vendredi, des dizaines de femmes. Face à elles, sur la scène, Mx Cordélia, Charlotte Thiounn, Wissale Achargui prennent place. On tend un micro à la première. « Est-ce que tu t’étais préparée au cyberharcèlement, toi? » lui demande-t-on.

« C’est devenu assez inévitable »

Les trois intervenantes sont venues au sommet Lesbians who tech (le premier du genre à Paris), pour parler d’un sujet qu’elles connaissent trop bien. En tant que femmes, personnes LGBTQ ou personnes de couleur, elles ont toutes, un jour ou l’autre, été victimes de harcèlement sur internet. Et à en croire les chuchotements qui parcourent l’assistance de temps à autres, elles ne sont pas les seules.

« C’est devenu assez inévitable, en fait », confirme Wissale Achargui, membre du collectif Féministes vs cyberharcèlement. On a souvent l’image -parce que c’est celle qui est normalement véhiculée dans les médias et ailleurs- d’événements sensationnels, de quelque chose d’unique, qui sort de l’ordinaire. Quelque chose qui s’est passé parce que des gens ont pété un câble, parce qu’ils étaient dans un environnement où ça n’allait pas à un instant ‘t’. Ce qu’on oublie de dire, c’est que ce n’est pas que ça. Le cyberharcèlement, c’est aussi un phénomène redondant, systémique, qui vise quotidiennement les femmes, les personnes racisées ou LGBT. »

À sa gauche, Cordélia, alias Princ(ess)e LGBT sur YouTube, acquiesce. « Moi, je reçois environ 20 ou 30 messages d’insultes par semaine. C’est des ‘on va te brûler’, ‘espèce de dégénérée’, des ‘PD’, ‘putes’, des réflexions sexuelles déplacées. Leur préféré, ça reste de me traiter de ‘décadence occidentale' ». Les commentaires sous ses vidéos sont violents, et ne s’arrêtent pas au virtuel. « On commence à me reconnaître un peu dans la rue, explique celle qui compte déjà 15 000 abonnés, et parfois, je ne sais pas trop qui j’ai en face de moi, et je me fais de petites frayeurs ».

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2000 commentaires haineux par semaine

En dépit de la gravité des événements, Cordélia tente, émue, de dédramatiser. « Je m’y attendais, après… J’avais vu ce qui arrivait à d’autres meufs, je m’y étais préparée. Mais ça va, je ne me plains pas moi, j’ai plutôt de la chance. J’ai des amies qui peuvent recevoir jusqu’à 2000 commentaires déplacés en l’espace de seulement quelques jours. » Selon la youtubeuse, certaines auraient ensuite fait des dépressions. « Ça bouffe », admet-elle presque timidement. Le harcèlement est d’autant plus compliqué à subir qu’il reste bien souvent incompris. Chez les proches, mais aussi chez « les flics ».

« Quand tu vas essayer de les voir, s’ils ne te rient pas au nez en refusant de prendre ta plainte [ce qui est illégal] ou même ta main courante, tu as bien de la chance », reconnaît Cordélia.

Wissale Achargui raconte que parfois, il arrive que des policiers ne connaissent même pas le réseau social qui pose problème. Pour elle, ce retard est d’autant plus grave que « ça demande déjà beaucoup de courage et de force psychologique pour se déplacer au commissariat et en parler. »

Des textes de lois « toujours insuffisants »

C’est d’ailleurs pour cela que celle qui se définit comme « afro-féministe intersectionnelle » a monté avec d’autres femmes le collectif Féministes vs cyberharcèlement, début 2016. Et depuis, l’étudiante en histoire et arabe raconte avoir reçu des dizaines d’appels à l’aide. « Souvent, ce sont des jeunes filles, de 14, 15 ou 16 ans. Elles nous racontent être victimes de cyberviolence, ou de revenge porn, ou encore [victimes de diffusion] de photos d’elles dénudées sur internet. » À ces victimes, Wissale Achargui propose l’aide d’un psychologue, et liste des textes de lois « en progrès, mais toujours largement insuffisants. »

Les textes législatifs ne précisent pas qui l’on peut poursuivre pour cyberharcèlement: est-ce la personne qui a posté le premier message déclenchant une vague de commentaires? Les 2000 autres harceleurs? Ou uniquement ceux qui ont envoyé plusieurs insultes? Des menaces? Ensuite, vient la question des preuves. Comme l’explique Charlotte Thiounn, du hackerspace féministe et LGBT Reset, « les captures d’écran, bien souvent, ça ne sert à rien […] Ça n’a pas de valeur juridique. »

« Ou alors, note Princ(ess)e LGBT, il faut les faire prendre par un notaire ou un huissier. Et il vaut mieux être riche: ça coûte environ 500 euros, puis 100 euros par capture. »

Dans le public, quelques rires sarcastiques et soupirs résonnent. « Il existe d’autres outils, reprend Charlotte Thiounn, comme Tweet save, qui permet de conserver l’URL du compte utilisateur associée à un commentaire, même s’il est supprimé. Sinon, il y a des logiciels qui enregistrent toute la page web. C’est juridiquement valable. Mais c’est aussi payant… »

Signaler les contenus est souvent inutile

Que faire alors? Signaler les contenus? « On a parfois été plusieurs centaines à signaler un même commentaire ou une même photo, et rien ne s’est passé, regrette Wissale Achargui. Il faudrait que les réseaux sociaux fassent quelque chose. Mais pour l’instant, ils y mettent plutôt de la mauvaise volonté. » Ces sites sont régulièrement accusés de laisser passer des campagnes de cyberharcèlement. Certes, des efforts ont été faits d’un point de vue technique. Facebook, par exemple, a accentué sa lutte contre le revenge porn.

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Quelques « victoires » sont aussi à dénombrer, à l’image de la suppression par YouTube des vidéos de Raptor Dissident, un vidéaste accusé d’avoir incité à harceler la comédienne Marion Seclin. Mais comme bien souvent, ce même exemple est aussi révélateur de l’inaction d’autres plateformes… Car sur Twitter, Marion Seclin a continué à se faire insulter des semaines, voire des mois après la vidéo à l’origine de son lynchage verbal.

« Clairement, c’est des réseaux sociaux qu’on attend le plus de changements », assure d’un ton déterminé Wissale Achargui. « Sans compter que même si c’était efficace, renchérit Charlotte Thiounn, c’est un vrai parcours du combattant que de demander par exemple la suppression d’une photo sur un réseau social. Sur Twitter, il y a tout un tas d’étapes à passer, comme photocopier son passeport… Franchement, quand il s’agit de très jeunes filles qui se retrouvent avec des images pédopornographiques d’elles postées, vous imaginez bien que ce n’est pas évident de se plier à ce genre de règles. »

« Ça ne peut pas s’améliorer »

D’autres solutions existent pour tenter de se protéger. En parler, d’abord, « ne pas hésiter à se couper des réseaux sociaux si nécessaire », masquer les profils des harceleurs. En amont, l’on peut aussi prendre quelques précautions techniques, comme des mots de passe bien sécurisés pour ne pas se faire pirater son compte, une attention particulière aux données que l’on laisse sur internet (parfois l’adresse sur les Pages jaunes, ou le numéro de téléphone sur un CV en ligne).

Sur YouTube, Cordélia a aussi fait le choix des « listes noires », qui lui permettent de supprimer de manière automatique certains commentaires, grâce à l’identification de mots-clés. « Bon ça demande de les mettre à jour tout le temps, concède-t-elle, parce que ceux qui viennent m’insulter inventent toujours de nouvelles fautes d’orthographe. » D’autres de ses connaissances ont tout bonnement supprimé l’espace commentaire. Mais pour elle, pas question: « c’est aussi un lieu où on s’échange des témoignages, ou les gens se soutiennent… », estime la vidéaste.

Comme les autres intervenantes, elle ne cache pas son pessimisme. « Je me prépare toujours à pire, admet-elle. Quand on voit comme ça avance sur le sujet, je me dis que ça ne peut pas s’améliorer. Bientôt, j’aurais sans doute des centaines de commentaires me traitant de ‘sale gouine’ sous mes vidéos. Et je ne pourrais pas y faire grand chose. »