Plagiat: les copier-coller du physicien Étienne Klein

[Exclusif] Le très médiatique physicien s’est livré à des plagiats d’écrivains célèbres dans son nouveau succès de librairie consacré à Einstein. Il a aussi pratiqué les emprunts dans ses chroniques. Révélations.

[Exclusif] Les Français l’adorent. Il est peut-être aujourd’hui le scientifique le plus médiatique de notre pays. Avec sa manière bien à lui de raconter les grandes énigmes de l’univers, que cela soit dans ses chroniques sur France Culture ou dans ses ouvrages grand public, le physicien Etienne Klein a de nombreux fans, au premier rang desquels Françoise Hardy ou le comédien Alexandre Astier.

Consécration, le 26 septembre dernier, par un décret de François Hollande, il a été nommé président de l’Institut des hautes études pour la science et la technologie (IHEST), organisme chargé de réfléchir à la place de la science dans notre société. Ses livres, publiés dans la prestigieuse collection Champs-Flammarion, s’écoulent jusqu’à 45000 exemplaires. Le secret de ce virevoltant directeur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique? Une manière pédagogique et humoristique de brasser les paradoxes à coups de formules brillantes.

De simples copier-coller

Prenons par exemple la dernière page du Pays qu’habitait Albert Einstein (Actes Sud), paru le mois dernier et qui figure dans le top 30 des ventes de L’Express. Voici ce qu’on y lit: « L’excitation médiatique, l’hédonisme institué en règle de vie, l’eschatologie consumériste de notre société ne conjuguent-ils pas leurs échappements délétères pour anesthésier notre sensation d’un ciel? Où sont les hauteurs vers lesquelles lever les yeux? »

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Du pur Etienne Klein, serait-on tenté de dire. Sauf que ce paragraphe a été recopié mot pour mot sur un texte de François Cassingena-Trévedy intitulé Effet de serre, paru en mars 2015 dans la très sérieuse revue des jésuites Etudes. Une revue qu’Etienne Klein connaît bien, puisqu’il y contribue régulièrement et qu’il en est le « conseiller ». En bon français, un tel emprunt ne s’appelle-t-il pas un plagiat?

De nombreux autres passages de sa biographie d’Einstein sont de simples copier-coller d’auteurs souvent célèbres. Etrangement, ce sont les passages les plus personnels, les plus littéraires, ceux où Etienne Klein se met lui-même en scène, ceux qui, précisément font le bonheur du lecteur, qui, souvent, ne sont pas de sa plume. Page 89, le physicien raconte ainsi son séjour à Berne, sur les traces de l’inventeur de la théorie de la relativité, et évoque joliment un ciel bleu « miroir sans tain d’une infinie transparence ». La formule est de Gaston Bachelard, dans L’Air et les songes.

Des plagiats sans guillemet ni référence

Le physicien poursuit: « L’étonnement, ce n’est pas que les choses soient: c’est qu’elles soient telles, et non telles autres. » Cette fois-ci, la phrase est de Paul Valéry, dans son Introduction à la méthode de Léonard de Vinci. Et le physicien d’enchaîner : « La lumière est d’abord ce que m’apprennent d’elle mes yeux, ce qui me fait différent de l’aveugle, ce qui en elle est, d’un certain point de vue, matière à miracle. » Là, le passage est puisé dans Le Paysan de Paris, d’Aragon. Bref, cette page n’est qu’un assemblage de plagiats, sans le moindre guillemet ni la moindre référence.

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Nous avons également repéré dans ce même ouvrage de nombreux passages « empruntés » à Zola, Zweig, Jacobson, Bachelard ou Philippe Claudel – un casting qui, au passage, dénote un certain goût littéraire… Dans d’autres de ses livres, ce sont Cioran ou Bertrand Russell. « C’est évidemment contraire à toutes les règles scientifiques et universitaires », commente un collègue du physicien, un peu estomaqué. Titulaire d’une habilitation à diriger des recherches (HDR), grade le plus élevé de l’université française, Étienne Klein n’est évidemment pas sans savoir que toute citation doit figurer entre guillemets et que ses références doivent être indiquées.

Parfois, la méthode est plus brutale: ce sont des paragraphes ou des pages entiers qui font l’objet de copier-coller. En 2015, le physicien participe ainsi au Dictionnaire de la pensée écologique, un ouvrage collectif de référence publié par les très sérieuses Presses universitaires de France (PUF). Il est chargé de l’entrée « Energie ». Des blocs entiers sont purement et simplement repris d’un article publié dix ans plus tôt par un autre chercheur, Roger Balian, dans L’Energie de demain. Une pratique d’autant plus risquée que, conformément à son habitude, Étienne Klein a recyclé ce même texte sous forme de chroniques (France Culture, La Croix) et de conférences.

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Il arrive même que cela soit quasiment tout le texte d’une chronique qui ne soit qu’un gigantesque copier-coller. Le 16 juin dernier, en plein Euro de football, Étienne Klein publie dans La Croix l’un de ces textes savoureux qui ont fait sa renommée: une explication scientifique de la trajectoire du ballon vers le but, intitulée « L’Art du coup franc ». Brillante démonstration. Sauf qu’elle est empruntée mot pour mot à l’ouvrage La Matière espace-temps, signé Gilles Cohen-Tannoudji et Michel Spiro, paru chez Fayard, en 1986, auteurs et source qui ne sont pas même mentionnés.

Parfois, dans certaines de ses chroniques pour France Culture ou La Croix, Étienne Klein utilise une autre technique: il cite discrètement une fois les références d’un article ou d’un livre, puis en recopie littéralement le contenu sur plusieurs paragraphes sans le moindre guillemet, de sorte qu’on a l’impression de lire du Étienne Klein là où il s’agit en réalité du texte d’un autre.

Les institutions universitaires touchées par ricochet

« C’est un peu comme si un auteur écrivant sur le peuple citait le nom de Victor Hugo au début, puis s’appropriait sans le signaler une page des Misérables! » s’étonne un spécialiste. Dans son ouvrage Le Monde selon Klein, le texte Histoires d’eau est ainsi en grande partie fidèlement recopié sur un article d’Yves Couder, chercheur au CNRS. Ici ou là, le physicien intercale au texte original l’une de ses petites pirouettes, pour donner à l’ensemble la « patte Étienne Klein ».

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Il faut bien le dire, par leur fréquence, ces plagiats s’apparentent à un dangereux système. Le physicien s’en explique dans nos colonnes, même si ses arguments ne convaincront sans doute pas tout le monde.

Mais, par ricochet, ces emprunts atteignent des institutions universitaires (Étienne Klein est enseignant à l’Ecole centrale), des médias de référence (il anime une émission chaque samedi sur France Culture, La Conversation scientifique), des éditeurs prestigieux (Actes Sud, la collection Champs-Flammarion), sans parler de la myriade de prix et de décorations que le physicien a reçus. Comment toutes ces institutions réagiront-elles?

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Gambie: Jammeh va contester les résultats électoraux en justice

Banjul (Gambie) – Sous intenses pressions internationales pour céder le pouvoir, le chef de l’État gambien sortant Yahya Jammeh va contester en justice les résultats de l’élection présidentielle accordant la victoire à l’opposant Adama Barrow, a annoncé son parti.

La situation était calme dimanche à Banjul, quadrillée par les forces de sécurité depuis la déclaration télévisée de M. Jammeh vendredi soir revenant sur la reconnaissance de sa défaite au scrutin du 1er décembre et réclamant un nouveau vote.

Policiers et militaires tenaient des barrages à travers toute la capitale de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, mais la population – musulmane à 90% – vaquait à ses occupations, en ce jour de célébration de la naissance du prophète de l’islam, ont constaté des correspondants de l’AFP.

Le brusque revirement de Yahya Jammeh, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 22 ans, a suscité une vague de condamnations de la communauté internationale, qui l’a pressé de reconnaître sa défaite et de céder le pouvoir au président élu, y compris par une déclaration du Conseil de sécurité samedi.

Peu après, dans la nuit de samedi à dimanche, le parti au pouvoir, l’Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC), a annoncé qu’il allait contester les résultats devant la Cour suprême, compétente en matière de litiges électoraux.

La déclaration télévisée du président sortant « était un prélude au recours que l’APRC est en train de préparer devant la Cour suprême contre une décision frauduleuse de l’IEC » (Commission électorale indépendante), selon un communiqué du parti.

La saisine de la Cour doit intervenir dans les dix jours suivant la proclamation des résultats, soit en l’occurrence le 12 décembre, mais lundi étant férié en raison de la fête de dimanche, ce recours ne devrait être déposé que mardi, selon des juristes.

Par ailleurs, la Cour suprême n’étant pas au complet, plusieurs juges devront être nommés avant qu’elle ne puisse statuer.

– Appels au calme –

Le Sénégal, unique voisin de la Gambie et premier pays – avant les États-Unis – à avoir condamné le revirement de Yahya Jammeh, avec lequel il entretient des relations difficiles, a réitéré son appel au calme.

« En Gambie j’en appelle au respect du choix du peuple ami et souverain, dans la paix et le dialogue« , a écrit le président sénégalais Macky Sall sur son compte twitter dans la nuit de samedi à dimanche.

Au nom de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), dont elle est la présidente en exercice, Ellen Johnson Sirleaf, chef de l’État du Liberia, a estimé que ce revirement était « inacceptable et menaçait la paix non seulement en Gambie, mais dans tout la sous-région d’Afrique de l’Ouest« .

Selon un communiqué publié par la présidence libérienne et la Cédéao, Mme Sirleaf a « également adressé un message personnel au président Jammeh pour lui demander d’accepter les résultats de l’élection« .

Dans sa déclaration vendredi, M. Jammeh a assuré que « l’intervention de puissances étrangères ne changerait rien« , prévenant qu’il ne tolérerait aucune protestation dans les rues.

Il a empêché l’avion amenant une mission de la Cédéao de se poser à Banjul, selon le ministre sénégalais des Affaires étrangères Mankeur Ndiaye.

Le président élu a appelé samedi M. Jammeh à accepter sa défaite, rejetant sa demande de nouveau scrutin, et a invité ses propres partisans au calme.

« Je l’exhorte à changer de position et à accepter de bonne foi le verdict du peuple« , a déclaré M. Barrow à l’issue d’une réunion de l’opposition, soulignant que le président n’avait pas le pouvoir constitutionnel de convoquer un nouveau scrutin.

« Tout comme j’ai loyalement accepté les résultats, en croyant que la Commission électorale était indépendante, honnête et fiable, je les rejette dans leur totalité« , a affirmé M. Jammeh vendredi, dénonçant des « erreurs inacceptables » de la part des autorités électorales.

Cette crise en pleine saison touristique, une des principales sources de revenus du pays, inquiète la population.

Yahya Jammeh « ne devrait pas dire des choses qui vont faire fuir les touristes« , déclarait à l’AFP un vendeur de jus de fruits de Banjul.

Nouveau fort séisme au large des îles Salomon

Sydney – Un séisme de magnitude 6,9 a été enregistré samedi au large des îles Salomon, dans l’ouest du Pacifique, au lendemain d’une secousse majeure dans la même zone, a annoncé l’institut d’études géologique américain USGS, mais aucune alerte au tsunami n’a été lancée.

Ce séisme a frappé à 06H10 (heure locale) samedi (19H10 GMT vendredi). Son hypocentre était situé à 90 km à l’ouest de la capitale provinciale de Kirakira, à 10 km de profondeur, a précisé l’USGS.

Le risque de domages importants est faible, a-t-il estimé.

Le Centre d’alerte aux tsunami du Pacifique a indiqué de son côté qu’il n’émettait pas d’alerte après ce séisme.

Jeudi, un séisme de magnitude 7,8 était survenu dans la même zone, sans provoquer de dégâts importants.

Dans un premier temps, le Centre d’alerte avait craint un « important » tsunami, estimant que des vagues de un à trois mètres pourraient atteindre la côte par endroits sur les îles Salomon, voire atteindre d’autres pays de la région. Mais trois heures plus tard le centre d’alerte avait revu à la baisse le niveau d’alerte.

En 2013, l’archipel des Salomon, qui compte une douzaine d’îles et près de 500.000 habitants, a été frappé par un séisme de magnitude 8 et un tsunami qui ont fait au moins 10 morts et des milliers de sans abris.

Baptême du feu pour Cazeneuve, Valls en campagne, Peillon candidat

Paris – Bernard Cazeneuve a connu son baptême du feu de Premier ministre mercredi au Conseil des ministres et à l’Assemblée, tandis que son prédécesseur Manuel Valls lançait dans le Doubs sa campagne pour la primaire PS, avec un nouveau concurrent: l’ancien ministre Vincent Peillon.

Autre candidat à cette primaire (22-29 janvier), Arnaud Montebourg sera pour sa part en meeting mercredi soir à Dijon.

Après un Conseil de sécurité et de défense, M. Cazeneuve a assisté mercredi matin, dans ses nouvelles fonctions, à son premier Conseil des ministres, auquel tous les membres du gouvernement ont été conviés, y compris les secrétaires d’Etat.

« Je veux être un Premier ministre qui, au cours des prochains mois, à chaque instant, n’aura qu’une seule et unique préoccupation, avec le plus grand désintéressement: le sens de l’intérêt général, le sens de l’Etat, et le confortement des atouts de notre pays« , a déclaré M. Cazeneuve à la sortie.

Le nouveau locataire de Matignon, qui n’a procédé qu’à trois retouches au sein du gouvernement –dont Bruno Le Roux qui le remplace à l’Intérieur– et a nommé le préfet Patrick Strzoda directeur de son cabinet, a averti lors du Conseil que le gouvernement ne pouvait « pas être un lieu de débat » dans le cadre de la primaire du PS, selon des propos rapportés par le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.

Quant au président François Hollande, il « sera amené à s’exprimer régulièrement mais il parlera de tout sauf de la primaire« , selon son entourage.

Dans la foulée, pour sa première séance de questions au gouvernement dans ses nouvelles fonctions, Bernard Cazeneuve s’est lancé dans un grand plaidoyer en faveur de François Hollande, son « courage » et sa « lucidité« , et a prestement attaqué la droite en réponse au président du groupe Les Républicains Christian Jacob, après une ovation debout des parlementaires PS.

Un Conseil des ministres extraordinaire étudiera samedi la prolongation de l’état d’urgence, qui prend fin automatiquement quinze jours après la démission d’un gouvernement. Le Conseil autorisera également Bernard Cazeneuve à solliciter un vote de l’Assemblée à l’issue de la déclaration de politique générale qu’il prononcera mardi (15h00). L’intéressé table sur une « large majorité » dans l’hémicycle.

Manuel Valls étrenne, lui, ses habits de candidat dans le Doubs, au lendemain de son départ de Matignon. Mais l’ex-Premier ministre compte déjà un concurrent de plus dans la primaire: l’ancien ministre de l’Education (2012-2014) Vincent Peillon.

Cette candidature, qui devrait être officialisée en fin de semaine, « représente le coeur du Parti socialiste, à équidistance de Manuel Valls et des frondeurs« , a expliqué l’un de ses soutiens, le député marseillais Patrick Menucci.

En attendant, Manuel Valls doit visiter mercredi l’entreprise d’articles culinaires Cristel, une coopérative fromagère et rencontrera les représentants du personnel des entreprises Faurecia et Peugeot Scooter. Il visitera ensuite le marché de Montbéliard et tiendra une réunion publique à Audincourt.

Mardi soir, M. Valls s’est dit « convaincu » que la gauche pouvait gagner en 2017 la présidentielle. Il a aussi lancé un appel à une large participation à la primaire du PS, pour éviter que le seul noyau dur des électeurs socialistes participent. Signe de sa volonté de rassembler les « hollandais« , privés de « leur » candidat, il a choisi Didier Guillaume, président du groupe PS au Sénat, pour diriger sa campagne.

– Campagne tendue –

Mais la primaire s’annonce tendue. Manuel Valls est « le fondé de pouvoir » des années Hollande, a attaqué mercredi Arnaud Montebourg, en rappelant les propositions de son concurrent lors de la primaire de 2011 – « suppression de l’ISF« , « fin des 35 heures » et « TVA sociale » -, « exactement aujourd’hui le programme de François Fillon« .

M. Montebourg devait déjeuner mercredi en Côte d’Or avec des élus, visiter l’entreprise APF, spécialisée dans l’emploi de travailleurs handicapés, puis un Fablab social (laboratoire de fabrication ouvert au public) et échanger avec des membres de l’association Unis-Cité sur le service civique et le service national. L’ancien ministre terminera ce déplacement par une réunion publique à Dijon, ville où il avait entamé ses études de droit.

Les candidatures pour la primaire du PS seront closes le 15 décembre. Jean-Luc Bennahmias, investi par l’Union des Démocrates et écologistes (UDE), a annoncé mercredi avoir déposé sa candidature.

L’Italie en quête de stabilité

L'Italie lors des 1000 jours du gouvernement de Matteo Renzi

L’Italie lors des 1000 jours du gouvernement de Matteo Renzi

A la tête de l’Italie depuis près de trois ans, le chef du gouvernement Matteo Renzi démissionne le 5 décembre 2016, après l’échec du référendum de réforme constitutionnelle. Il laisse derrière lui un pays ayant renoué avec la croissance mais ouvre ainsi une période d’incertitudes, en l’absence d’alternative claire. Membre du Parti démocrate italien, Matteo Renzi était arrivé au pouvoir en février 2014, avec un programme de réformes tous azimuts, mettant à la casse la vieille classe politique. Mais son volontarisme n’a pas convaincu. Au pouvoir à Rome et à Turin, le Mouvement cinq étoiles, populiste et anti-système, ambitionne de prendre le pouvoir.

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Les Italiens votent sur une réforme constitutionnelle cruciale

Rome – Plus de 50 millions d’Italiens sont appelés à se prononcer dimanche par référendum sur une réforme constitutionnelle qui s’est transformée, en pleine vague populiste, en plébiscite sur le chef du gouvernement, Matteo Renzi (centre-gauche).

Les bureaux de votes doivent ouvrir à 07h00 (06h00 GMT) et fermer à 23h00 (22h00 GMT). Les premières estimations issues des sondages sont attendues dans la foulée et les résultats dans la nuit.

L’incertitude quant au résultat provoque des sueurs froides en Europe et sur les marchés financiers, où l’on redoute, après le choc du Brexit et la montée des mouvements populistes, une nouvelle phase d’instabilité dans la troisième économie de la zone euro.

Le scrutin porte sur une réforme constitutionnelle qui prévoit une réduction drastique des pouvoirs du Sénat, une limitation des prérogatives des régions et la suppression des provinces, l’équivalent des départements français.

Une vaste majorité de la classe politique, de la droite aux populistes du Mouvement 5 Etoiles (M5S) ou de la Ligue du Nord, en passant par tous les extrêmes et même des « frondeurs » du Parti démocrate (PD) de M. Renzi, appelle à voter « non » en dénonçant une trop forte concentration des pouvoirs dans les mains du chef du gouvernement.

– « Le statu quo est pire » –

Cette opposition est également unie dans son désir de chasser M. Renzi, arrivé au pouvoir en février 2014 et omniprésent dans les médias et sur les réseaux sociaux pour défendre « sa » réforme, censée simplifier la vie politique dans un pays ayant vu défiler 60 gouvernements depuis 1948.

« Renzi a eu le tort, dès le départ, de personnaliser ce scrutin, en disant qu’il démissionnerait en cas de victoire du non. Du coup, il concentre sur lui tout le mécontentement du pays, y compris celui des jeunes« , a expliqué Elena Piccolo, 21 ans, étudiante à Naples.

Les derniers sondages, qui remontent à deux semaines car ils sont interdits pendant les 15 jours précédant le scrutin, donnaient 5 à 8 points d’avance au non, mais avec encore beaucoup d’indécis.

Roberto Benini, chargé de communication à Rome, était pour sa part convaincu: « Cette réforme est un petit pas, mais un pas important. Avec un oui, nous aurons un gouvernement plus fort. Ce n’est pas une révolution, pas le paradis, mais l’alternative c’est le statu quo, qui est bien pire« , a-t-il affirmé à l’AFP.

– « C’est n’importe quoi » –

Antonio Canestri, boucher dans un quartier bourgeois de la capitale, était bien plus sceptique: « Nous savons ce que nous avons maintenant, nous ne savons pas ce que nous aurons avec la réforme mais j’ai peur d’un chaos économique si le non l’emporte« .

« Cette réforme, c’est n’importe quoi« , a insisté Carla Diaferia, une cliente qui votera non. « Il y a des points avec lesquels je suis d’accord mais ils auraient dû y aller pas à pas« .

Le président américain Barack Obama, la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ont en revanche ouvertement appelé à voter oui.

Du petit lait pour Beppe Grillo, le fondateur du Mouvement 5 étoiles, qui a exhorté vendredi les Italiens à voter « avec les tripes » pour défendre leurs libertés et leur indépendance, tout en se lançant dans un intrigant éloge du caractère « poétique » d’une éventuelle défaite.

En cas de victoire du non, le M5S devraity réclamer des élections anticipées, mais le président Sergio Mattarella ne devrait pas dissoudre le Parlement avant une réforme de la loi élisant les députés.

La réalité d’un retrait de M. Renzi en cas d’échec dépendra sans doute de l’ampleur du score. Même s’il présente la démission de son gouvernement, il pourrait en effet rester à la tête du PD, voire même être reconduit à la présidence du conseil. Mais il a répété qu’il ne prendrait jamais la tête d’un gouvernement « technique » chargé uniquement de réformer la loi électorale.

Trump met en garde les entreprises quittant les Etats-Unis

Indianapolis (Etats-Unis) – Le président élu Donald Trump a prévenu jeudi que les entreprises américaines délocalisant pour élaguer leurs coûts de production en subiraient « les conséquences », lors d’une visite dans une usine de l’Indiana qui vient de renoncer à un tel projet en échange d’avantages financiers.

« Les entreprises ne vont pas continuer à quitter les Etats-Unis sans qu’il y ait des conséquences. C’est fini ça. C’est fini« , a lancé M. Trump, dans une usine du fabricant de climatiseurs Carrier dont il affirme avoir sauvé plus de 1.000 emplois en empêchant un transfert d’activité vers le Mexique. « Quitter le pays va être très, très difficile » pour les entreprises, a-t-il prévenu.

Elu sur la promesse de sauvegarder les emplois ouvriers sur le sol américain, il a choisi de se rendre dans cette usine devenue cette semaine le symbole de la politique anti-délocalisations qu’il entend mener.

Carrier a annoncé mardi renoncer à son projet de délocalisation, affirmant sur Twitter avoir « conclu un accord avec le président élu« . Puis, dans un communiqué, elle a précisé que les « incitations proposées par l’Etat (de l’Indiana) ont joué un rôle important » dans sa décision.

« L’Etat de l’Indiana a offert à Carrier un package pluri-annuel de 7 millions de dollars, assorti de conditions en matière d’emploi, de maintien des postes de travail et d’investissement financier« , a précisé jeudi la filiale du géant United Technologies.

Selon les médias américains, elle va bénéficier d’allègements fiscaux pendant dix ans.

Cette visite était la première étape de la « tournée de la victoire » de Donald Trump et de son vice-président Mike Pence –également gouverneur de l’Indiana– dans les Etats industriels qui ont voté pour le duo républicain le 8 novembre.

« J’ai hâte d’aller dans l’Indiana aux côtés des ouvriers de Carrier qui sont super. Ils vont vendre beaucoup de climatiseurs!« , avait tweeté le milliardaire avant de s’envoler pour cette ville du nord des Etats-Unis.

– Goutte d’eau –

Mais les postes sauvegardés ne représentent qu’une goutte d’eau au regard des emplois industriels perdus, a tweeté l’économiste Paul Krugman. Selon lui, il faudrait un accord similaire par semaine pendant quatre ans pour ramener seulement 4% des emplois disparus depuis 2000.

L’ex-candidat démocrate à la présidentielle Bernie Sanders s’est offusqué jeudi dans le Washington Post d’un « pansement qui ne fait qu’aggraver le problème des inégalités de revenus en Amérique« .

« A la place (du paiement) d’un impôt, l’entreprise va être récompensée par une réduction d’impôts. Wouah! (…) C’est ça punir les groupes qui ferment leurs usines aux Etats-Unis pour les déménager à l’étranger’« , se demande M. Sanders.

Le sénateur du Vermont craint en effet que cet accord n’incite désormais les entreprises à menacer de délocaliser leurs usines dans le seul but d’obtenir un allègement fiscal similaire.

Anthony Scaramucci, un chef d’entreprise membre de l’équipe de transition de M. Trump, a relevé mercredi que « tout l’objectif » de cette opération était de réduire les impôts des sociétés pour attirer les investissements aux Etats-Unis.

Pendant sa campagne, M. Trump a promis de relancer l’activité des entreprises grâce notamment à une vaste déréglementation et à une baisse de l’impôt sur les sociétés qui passerait de 35% à 15%.

Wilbur Ross – ‘Protectionnisme, c’est péjoratif’ –

Après l’Indiana, la tournée doit se poursuivre dans d’autres Etats industriels clés tombés dans son escarcelle comme l’Ohio (nord), où il doit tenir un meeting jeudi soir à Cincinnati.

Ces déplacements se tiennent au lendemain de la nomination de sa future équipe économique: un banquier de Wall Street, Steven Mnuchin, 53 ans, sera secrétaire au Trésor et Wilbur Ross, un milliardaire de 79 ans, secrétaire au Commerce.

Ils seront chargés de tenir la promesse de M. Trump de revenir sur les accords de libre-échange et de préserver les emplois industriels.

M. Trump a saisi l’opportunité de sa visite chez Carrier pour dénoncer encore une fois l’accord de libre-échange nord américain Aléna: « L’Aléna est une autoroute à sens unique vers le Mexique« .

M. Ross a déjà rejeté mercredi toute accusation de protectionnisme. « +Protectionnisme+ n’est pas un terme significatif, c’est péjoratif« , a-t-il contesté, estimant sur CNBC que les administrations précédentes avaient « fait beaucoup de commerce stupide et c’est ce que nous allons corriger« .

Pourquoi le « coup de pouce » au Smic est passé de mode

Le groupe d’experts économiques chargés chaque année de donner son avis sur l’évolution du Smic préconise de ne pas l’augmenter plus que l’inflation. Selon eux, le salaire minimum aurait aussi des effets pervers.

A gauche, l’augmentation du Smic est une revendication aussi classique que symbolique. Pourtant, à l’exception d’un coup de pouce de 0,6% en 2012, le gouvernement présidé par François Hollande ne l’a revalorisé chaque année que du minimum légal, calculé à partir de l’inflation et de la hausse des salaires. Il a suivi en cela les avis d’un groupe d’experts chargé de conseiller l’exécutif dans ce domaine. Mis en place par une loi du 3 décembre 2008, ce groupe a vu le jour à la demande des employeurs, explique La Tribune.

En 2016, le Smic était de 1466,62 euros bruts mensuels. La dernière année du quinquennat Hollande sera courte, mais elle ne devrait pas déroger à la règle, puisque les experts, dont le dernier avis a été révélé par Les Echos, prônent une nouvelle fois la modération. « Aller au-delà de la formule légale d’indexation introduirait un risque de déstabilisation à partir d’une situation encore fragile », argumentent-ils. Le gouvernement doit prendre sa décision le 19 décembre.

Poursuivre l’effort sur le coût du travail

Le groupe d’experts, présidé depuis 2013 par François Bourguignon, directeur de l’École d’économie de Paris, se compose des économistes Pierre Cahuc (Crest), Eve Caroli (École d’économie de Paris), Stefano Scarpetta (OCDE) et de la sociologue Dominique Goux (Crest). Il appelle « à la prudence et à la modération » salariale dans la mesure où « la conjoncture de l’emploi reste précaire. »

En 2016, les chiffres du chômage ont pourtant montré une amélioration. Mais l’embellie est due « probablement plus aux mesures d’allègement du coût du travail qu’à la conjoncture économique », estiment les experts. C’est à dire que plutôt que d’augmenter le Smic, ce qui risquerait d’entraîner des revendications sur toute l’échelle des salaires, ces économistes estiment qu’il faut poursuivre la politique de baisse du coût du travail engagée par le gouvernement avec le CICE et le pacte de responsabilité.

« La composition de ce groupe correspond à une économie du consensus. Comme le chômage se concentre sur des postes en dessous de 1,3 Smic, cette école estime que le salaire minimum est trop élevé, et qu’il faut concentrer la baisse des charges sur les bas salaires », explique à L’Express Olivier Passet, du groupe d’études économiques Xerfi. « Ils ont un leitmotiv: le travail est un coût à réduire absolument », déplore Boris Plazzi, responsable de la négociation sur les salaires à la CGT.

Le Smic contre l’emploi des moins qualifiés

Il ne s’agit pas simplement d’améliorer la compétitivité des entreprises exportatrices, confrontées à des concurrents moins disants sur les salaires. Dans leur avis précédent en 2015, ces mêmes experts avaient reconnu que l’impact du Smic sur la compétitivité de l’industrie française était « relativement modeste. » Ce n’est pas le secteur qui est le plus gourmand de salariés au Smic, mais celui des petites entreprises de services, de restauration, d’hôtellerie, peu exposé quant à lui à la concurrence internationale.

C’est surtout en raison d’un chômage des jeunes qui reste bien trop élevé (24%), que l’augmentation du Smic s’avérerait périlleuse, avertissent-ils. Le maintenir à son minimum, donne plus de chance à un jeune sans expérience d’entrer dans l’entreprise avec un contrat durable et à plein temps. L’année dernière, les experts alertaient justement sur la hausse du travail à temps partiel subi et le recours aux CDD courts, des situations auxquelles les salariés les plus jeunes sont souvent confrontés.

Le problème est similaire pour le chômage des seniors, qui continue à grimper. Alors qu’ils sont particulièrement touchés par le chômage de longue durée, une augmentation trop forte du Smic ne favoriserait pas leur retour vers l’emploi. En d’autres termes, un Smic trop élevé conduirait au sacrifice des populations les plus éloignées de l’emploi. Un diagnostic qui n’est pas partagé par tous les économistes: « Le taux de chômage des jeunes est également très élevé dans des pays qui n’ont pas de salaire minimum », remarque Olivier Passet.

Norme salariale contre prestation sociale?

En résumé, c’est le procès du Smic que le groupe d’experts semble instruire année après année, tout en plaidant pour son augmentation mécanique. « Personne ne propose de diminuer le niveau du Smic, ce serait une réforme nucléaire », note pour L’Express Bertrand Martinot, auteur de Pour en finir avec le chômage (Fayard).

Le Smic joue « un rôle ambigu », affirmaient les experts en 2015. Soit c’est une norme salariale qui ne doit pas augmenter plus que les autres, soit c’est aussi un instrument de redistribution.Plutôt que donner un coup de pouce supplémentaire au salaire minimum pour améliorer les conditions de vie des travailleurs modestes, au risque de déstabiliser un marché du travail moribond, ils préconisent cette année d’utiliser la prime d’activité pour atteindre ce but, ont noté Les Echos. Une aide publique qui complète les revenus les plus faibles, sans augmenter le coût du travail pour l’entreprise.

« On laisse tranquilles les entreprises »

« La pauvreté comme l’inégalité diminuent plus fortement sous l’effet d’une revalorisation de la prime d’activité que sous l’effet d’une hausse du Smic », affirment-ils. La prime serait plus juste, puisque calculée en fonction des revenus du ménage. « On laisse tranquilles les entreprises, quitte à augmenter l’impôt sur les ménages qui financera la prime d’activité », suspecte Boris Plazzi.

Depuis 2012, le gouvernement a régulièrement tranché pour la modération du Smic, et la prime d’activité vient tout juste d’entrer en vigueur. « En France, on n’a pas besoin d’un choc de salaires positif », estime également Olivier Passet. L’augmentation du Smic peut même provoquer un syndrome de pauvreté parmi les classes moyennes, quand elles voient le niveau plancher se rapprocher de leurs rémunérations. Il n’y a donc guère de chances que les exhortations venues de la gauche fassent changer d’avis l’exécutif. A moins d’un dernier virage avant l’élection présidentielle?

Syrie: l’ONU redoute un « gigantesque cimetière » à Alep

Alep (Syrie) – Un responsable de l’ONU a averti mercredi du risque de voir la ville syrienne d’Alep se transformer en un « gigantesque cimetière », après la fuite de 50.000 personnes de quartiers rebelles assiégés, terrifiées par les combats et les bombardements menés par le régime.

Dans le même temps, la principale coalition de l’opposition syrienne a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU, qui tenait une réunion d’urgence, de prendre des « mesures immédiates » pour protéger les civils assiégés de la métropole septentrionale.

« Nous supplions (…) les parties au conflit (…) de faire tout leur possible pour protéger les civils et pour permettre l’accès à la partie assiégée d’Alep-Est avant qu’elle ne devienne un gigantesque cimetière« , a déclaré le patron des opérations humanitaires de l’ONU Stephen O’Brien, s’adressant depuis Londres au Conseil de sécurité.

L’ONU a pré-positionné des stocks de médicaments et de nourriture pour ravitailler plusieurs dizaines de milliers de personnes et ses camions sont prêts à entrer à Alep-Est, a-t-il souligné, appelant le gouvernement syrien à autoriser un tel déploiement « en toute sécurité« .

Soutenues par des bombardements intensifs, les forces du régime de Bachar al-Assad ont lancé le 15 novembre une offensive à Alep-Est en vue de reprendre cette partie de la ville aux mains des rebelles.

Elle ont depuis conquis près de 40% d’Alep-Est, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Elles poursuivent notamment leur avancée dans le vaste quartier de Cheikh Saïd, dans le sud-est, a indiqué l’agence officielle Sana.

– ‘Pluie d’obus’ –

« C’est une véritable pluie d’obus, on ne peut pas se risquer dehors« , a témoigné un correspondant de l’AFP, cloîtré chez lui. Après une attaque au mortier, il a vu le corps sans vie d’une fillette au milieu d’une rue.

Dans un quartier proche, au moins 26 civils ont été tués par des tirs d’artillerie du régime, selon l’OSDH.

Parmi ces morts figurent des habitants qui fuyaient les combats au sol, les tirs d’artillerie et les bombardements aériens qui ne cessent pas.

Alors qu’Alep-Est comptait récemment 250.000 civils, plus de 50.000 selon l’OSDH ont fui ces quatre derniers jours cette zone assiégée depuis quatre mois, sans nourriture, médicaments et électricité.

Parmi eux, Fawwaz al-Achaari, 56 ans, a quitté son quartier de Sakhour pour rejoindre un centre d’accueil à Jibrine, à une dizaine de km au nord d’Alep. « J’ai perdu mon fils aîné, mon travail, ma maison (…) Le reste de mes enfants ne demandent qu’à vivre en sécurité, ils ont vu la mort à plusieurs reprises, je veux qu’ils connaissent la vie« , a-t-il dit.

« Ceux qui fuient sont dans une situation désespérée. Beaucoup d’entre eux ont tout perdu« , a souligné Pawel Krysiek, responsable de la communication de la Croix-Rouge en Syrie.

Sous une pluie tenace, des familles entières ont convergé vers des points de rassemblement pour monter dans des pick-up ou des bus affrétés par les autorités pour se diriger vers l’ouest d’Alep contrôlé par le régime, selon un journaliste de l’AFP.

Selon l’OSDH, sur les 50.000 déplacés, plus de 20.000 ont trouvé refuge à Alep-Ouest et 30.000 dans l’enclave de Cheikh Maqsoud aux mains des forces kurdes.

– ‘Protégez les civils’ –

« Laissez les civils sortir, protégez les civils, mettez en place un couloir sûr pour qu’ils puissent partir« , a réclamé le président du conseil local des quartiers rebelles, Brita Hagi Hassan, lors d’une visite à Paris.

« Dans les quartiers repris par les forces du régime et les milices iraniennes, il y a des exécutions sommaires, des règlements de compte, tous les jeunes hommes de moins de 40 ans sont arrêtés« , a-t-il affirmé.

Depuis le 15 novembre, plus de 300 civils, dont 33 enfants, ont été tués à Alep-Est, selon l’OSDH qui comptabilise les morts identifiés. Les rebelles ont parallèlement tué au moins 48 civils en bombardant Alep-Ouest.

L’agence officielle Sana a indiqué que huit habitants de ces quartiers, dont deux enfants, avaient été tués mercredi par des tirs de roquette provenant d’Alep-Est.

A New York, les quinze ambassadeurs du Conseil de sécurité de l’ONU discutaient d’Alep au cours d’une réunion urgente demandée par la France. Le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson a dit espérer que cette réunion puisse conduire « à mettre fin au carnage« .

Principal soutien de Damas, Moscou avait dénoncé mardi la « cécité » des Occidentaux sur le dossier syrien, en se félicitant que les dernières opérations avaient permis de « changer radicalement la situation » à Alep.

Parallèlement, des représentants de la Russie et de groupes rebelles syriens se sont rencontrés à « plusieurs reprises » à Ankara pour discuter de l’instauration d’une trêve à Alep, a indiqué à l’AFP une source proche des factions syriennes.

Les Cubains pleurent en masse leur « Comandante » Fidel à La Havane

La Havane – Des centaines de milliers de Cubains commençaient à affluer lundi place de la Révolution à La Havane, théâtre d’innombrables discours fleuves de Fidel Castro, pour rendre hommage à ce géant du XXe siècle qui vient de mourir à 90 ans.

Après deux jours sous le choc, les Cubains vont pouvoir donner libre cours à leur émotion à La Havane pour ce premier temps fort d’une semaine d’hommages au père de la Révolution cubaine. Celle-ci culminera avec les funérailles dimanche à Santiago de Cuba (est).

« Tu vas voir comment est le peuple de Cuba (…) Tu vas voir comment le Cubain souffre, ce qu’il ressent pour un être qu’il aime« , dit Jorge Guilarte, chauffeur de vélo-taxi et grand admirateur de Fidel, figure tutélaire dont les coups d’éclat ont marqué la Guerre froide et forgé le destin de son pays.

Des centaines de milliers de personnes, voire des millions, devraient se presser sur la vaste esplanade de 72.000 m2 où a souvent résonné la voix de Fidel Castro lors de ses tonitruants et interminables discours, immanquablement dirigés contre l’ennemi « impérialiste » américain.

A 7H30 (12H30 GMT), soit une heure et demie avant le début de la cérémonie, de petits groupes convergeaient vers les trois points d’entrée de la place, où plusieurs centaines de personnes, tous âges confondus, patientaient déjà, certains munis de bouquets de fleurs.

Une poignée d’inconditionnels, dont Josefina Vayan Bravo, femme de ménage de 44 ans, patientent depuis dimanche soir. « Je suis arrivé à 18H00 hier, je n’ai pas de mots« , dit-elle, avant d’éclater en sanglots.

Ecoliers, militaires, vétérans, médecins et infirmiers, douaniers, beaucoup portaient l’uniforme. Alentour, une discrète présence policière était visible.

« Il n’y en aura pas d’autre comme lui« , confiait, secouée de larmes, Teresa Oquendo, 84 ans, dans la file d’attente avec son petit tabouret.

Lourdes Rivera, fonctionnaire retraitée de 66 ans, a aussi du mal a réprimer ses larmes. Assise sur le trottoir, elle fixe son bouquet de glaïeuls. « C’est le père de tous les Cubains, mon papa était mon papa, mais il n’a pas pu me donner ce que (Fidel) m’a donné. Il m’a tout donné, il m’a donné la liberté, il m’a donné la dignité« .

– ‘Fidel est le peuple’ –

En mars dernier, Barack Obama fut le premier président américain à poser le pied sur cette place emblématique depuis 1928, dans le cadre d’un dégel amorcé fin 2014 avec son homologue Raul Castro.

La foule suivra un long parcours débouchant devant une estrade. On ignore encore si celle-ci exposera la boîte contenant les cendres du « Comandante » ou plus simplement un portrait.

Pour beaucoup de Cubains, dont une bonne partie n’a connu que les Castro comme dirigeants, la sobre mise en scène ne tempèrera pas le chagrin, tant Fidel a personnifié la grande île caribéenne avant que sa santé le contraigne à passer la main à son frère Raul en 2006.

Le comité d’organisation a placardé une photo géante du célèbre « barbudo« , qui couvre quasi complètement la façade du bâtiment très stalinien de la Bibliothèque nationale, côté nord de la place.

Luis Modesto Garcia, 77 ans, fait partie des derniers survivants de la guérilla qui porta les castristes au pouvoir en 1959. Il avait rejoint les « barbudos » de Fidel dans les montagnes de la Sierra Maestra (sud) à 19 ans.

« Fidel fut un père pour tous les combattants, et nous l’avons toujours considéré ainsi. Ce que j’ai appris, je le lui dois« , dit-il.

Abasourdis par son décès, les Cubains sont majoritairement restés chez eux samedi et dimanche, se projetant peu à peu dans le Cuba sans Fidel.

– ‘On va marquer l’histoire’ –

Depuis vendredi et jusqu’au 4 décembre, les rassemblements et spectacles ont été annulés. Les incontournables matches de baseball ont été suspendus, les discothèques fermées et la vente d’alcool interdite.

Après deux jours d’hommages dans la capitale, les cendres de Fidel Castro seront transférées de La Havane à Santiago, lors d’une procession qui parcourra sur un millier de kilomètres 13 des 15 provinces cubaines de mercredi à samedi, avec la probable mobilisation de millions de personnes.

Point culminant des célébrations, les funérailles du « Comandante » se dérouleront dimanche à Santiago de Cuba, dans l’est, berceau de la Révolution.

Ces festivités laisseront froids la plupart des dissidents, à qui Fidel a mené la vie dure. Ceux-ci ont cependant décidé de rester discrets pendant ces neufs jours de deuil, en marque de respect mais aussi par crainte de cinglantes représailles.

« On va rester tranquille, même si (Fidel) est le principal responsable de la misère et de l’absence de droits politiques à Cuba« , explique Jose Daniel Ferrer, dissident « historique » et ex-prisonnier politique.

Passé le deuil, la plupart assurent qu’ils reprendront leur lutte contre le régime de Raul Castro. « Nous allons continuer à combattre le système que (Fidel) a créé. C’est cela, notre véritable ennemi« , assure M. Ferrer.

Daniel Martinez, cuisinier de 33 ans, ne porte pas non plus Fidel dans son coeur, mais ne cautionne pas pour autant les manifestations de joie d’une partie de la communauté cubaine de Floride (sud-est des Etats-Unis). « Je n’ai rien de personnel contre Fidel, mais je ne suis pas castriste. Sans me considérer comme opposant, je n’aime tout simplement pas ce système, ni avec Fidel, ni avec Raul. Parce que rien ne change ici, rien ne bouge« .

Pour Yamilka Landrian, vendeuse d’artisanat de 33 ans, ce lundi restera comme un grand jour. « Sur la place, on va marquer l’Histoire« , lance-t-elle.