Brest – Moins de 50 jours pour faire le tour de la planète! Thomas Coville, le skipper de Sodebo Ultim’, a réussi son pari fou en pulvérisant dimanche le record du tour du monde à la voile en solitaire avec huit jours d’avance sur le temps de référence.
« Vous êtes extrêmement connecté pendant 49 jours avec votre bateau, avec la nature et d’un seul coup, le rêve de dix ans de travail arrive. C’est un mélange d’une émotion extrêmement puissante et dense, qui vous monte du fond des tripes« , a déclaré Coville pour France Info quelques heures après son exploit.
Le jour de Noël, le marin breton de 48 ans a signé un temps de 49 jours, 3 heures, 7 minutes et 38 secondes. Il a franchi la ligne d’arrivée virtuelle, au large d’Ouessant (Finistère) à 17h57 après avoir parcouru 52.597 km (28.400 miles) à la vitesse moyenne de 24,09 noeuds (45 km/h).
Coville améliore de 8 jours, 10 heures, 26 minutes et 28 secondes le temps de référence (57 jours et 13 heures) signé en 2008 par Francis Joyon sur le multicoque Idec.
Il n’est attendu à Brest que lundi matin, après une dernière nuit « de décompression » à bord de son maxi-trimaran, où l’a rejoint son équipe.
« L’émotion la plus forte que vous pouvez partager avec votre public, c’est le départ et l’arrivée. Je pense qu’on sera à quai demain matin vers 9 heures à Brest« , a-t-il expliqué.
« Thomas signe un superbe chrono, au terme d’un tour parfaitement négocié. Bravo pour sa performance et pour sa persévérance« , a réagi dans un communiqué Francis Joyon, qui tente actuellement de battre le record du tour du monde à la voile en équipage et sans escale.
Outre ce record du tour du monde en solitaire et sans escale, Coville a signé le 5e meilleur temps de l’histoire pour une circumnavigation d’ouest en est, derrière 4 temps établis par des bateaux en équipage. Le meilleur temps encore jamais égalé est celui de l’équipage emmené par Loïck Peyron en 2012 (45 j 13 h 42 min 53 sec).
– Deux ans de préparation –
La 5e tentative a été la bonne pour Coville, après 2 tours du monde sans record (2008/2009 en 59 j 20 h 47 mn 43 sec et en 2011 en 61 j 05 min 05 sec) et 2 abandons (en 2007/2008 et en 2014).
« J’ai tenté, j’ai échoué, je suis tombé, je me suis relevé, je me suis reconstruit. C’est toute cette histoire humaine pour arriver à concrétiser tous ces efforts qui est valorisante et que je retiendrai. 49 jours, effectivement c’est un très bon temps mais c’est plus le chemin pour y arriver qui m’émeut et qui est intéressant dans ce grand voyage« , a commenté Coville.
Il est le troisième marin a établir un record du tour du monde à la voile, en solitaire, en multicoque et sans escale. Le pionnier a été Francis Joyon (Idec) en 2004 (72 j 22 h 54 m 22 sec). La Britannique Ellen MacArthur (B&Q/Castorama) a abaissé le temps en 2005 (71 j 14 h 18 m 33 sec), avant que Joyon reprenne son record en 2008, finalement effacé par Coville.
« Un exploit plein de courage« , a twitté le président de la République François Hollande.
Le secret de la réussite époustouflante de Coville ‘ Un bateau puissant (31 m de long pour 21 m de large), équipé de foils –appendices latéraux qui permettent de surélever le bateau et de lui faire gagner de la vitesse– et pour la première fois d’un safran (la partie immergée du gouvernail) avec des plans porteurs, qui stabilisent le bateau.
Mais la clé est aussi dans l’expérience de Coville, capable de manoeuvrer une telle machine, particulièrement éprouvante physiquement.
Il s’est préparé pendant deux ans, en travaillant son aspect mental, lui qui peinait à se faire confiance.
– Au tour de Gabart –
Père de 2 enfants, cet ingénieur diplômé est un amoureux de la nature, de la musique et de la littérature.
Tout petit, il s’est découvert une passion pour la mer. Adolescent, il regardait arriver depuis la fenêtre du lycée les voiliers qui se rendaient à Saint-Malo pour prendre le départ de la Route du Rhum.
Après deux victoires sur le Tour de France à la voile, il est de l’aventure du Trophée Jules-Verne aux côtés d’Olivier de Kersauson en 1997.
Il gagne la Route du Rhum en monocoque en 1998, puis, associé à Yves Parlier, la Route de l’Or New York-San Francisco, et ensuite la Jacques-Vabre.
Même si Coville a placé la barre très haut, des candidats à sa succession se sont déjà fait connaître. François Gabart, vainqueur du Vendée Globe 2012/2013, s’attaquera au record du tour du monde avec son multicoque Macif (30 m) en 2017.