Le cliché d’un photographe syrien en pleurs à côté d’un corps d’enfant après l’attentat suicide qui a tué 126 personnes, a fait le tour du monde.
Il a l’habitude des scènes de guerre, de chaos et de violence, surtout en Syrie, mais cette fois-ci, c’en était trop. Il est là, à genoux sur l’herbe, hagard. Il pleure toutes les larmes de son corps. C’est un photographe syrien. Il s’appelle Abd Alkader Habak et il couvrait l’attentat suicide qui a fait au moins 126 morts en Syrie, samedi dernier. Dont 68 enfants.
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Un kamikaze a lancé son camion contre les bus transportant des milliers d’habitants évacués de Foua et de Kafraya, deux villes pro-régimes, assiégées par les insurgés, près d’Idleb. Un carnage. Le photographe Abd Alkader Habak est sur place. Il aide les enfants à évacuer la zone. Des photos le montrent en train de courir. Il a un enfant dans les bras, appareil dans la main droite. Autour de lui, c’est le chaos.
La photo devient virale
Sur un autre cliché, il pleure. De rage et de désespoir. Un corps d’enfant gît à côté de lui. Derrière, des voitures sont embrasées, de la fumée noire bouche l’horizon. « Voilà le collègue Abd Alkader Habak en train de pleurer d’impuissance et de douleur les victimes de l’attaque terroriste », peut-on lire dans le tweet d’un autre journaliste syrien.
Cette photo devient vite virale. Elle fait le tour du monde. Les réseaux sociaux la font tourner, les médias internationaux la reprennent et interviewent le journaliste.
« Les mots ne peuvent pas décrire ce qui s’est passé. J’étais à côté d’un bus transportant de la nourriture aux enfants, quand soudain à quelques mètres, une énorme explosion a retenti », raconte Abd Alkader Habak à Chanel 4 News. Lui est projeté violemment en arrière par la déflagration.
« J’ai vu qu’il respirait encore »
Mais il continue à faire son métier. Il filme la scène, terrifié par ce qu’il voit. Puis il remarque un enfant, un petit garçon mal en point qui a besoin d’aide. Il lâche son appareil et décide de le secourir.
« Je l’ai regardé et j’ai vu qu’il respirait encore. Je l’ai pris dans mes bras et je me suis mis à courir vers les ambulances. Je ne sais pas s’il s’en est sorti, mais j’ai fait ce que j’ai pu. Je sais juste qu’il a été transporté vers un hôpital », poursuit-il.
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Sur les réseaux sociaux, il est vite érigé en héros, il est félicité. « Vous êtes la Révolution. Pitié pour les innocents », peut-on notamment y lire.
Des messages de soutien qui ont fait réagir le photographe. « L’humanité dont j’ai fait preuve aujourd’hui avec mes collègues devrait inspirer ceux qui ont tué les enfants de Khan Sheikhan », a-t-il écrit sur son compte Twitter.