Grippe: Touraine appelle les hôpitaux à « libérer des lits » face à l’épidémie

Alors que l’épidémie de grippe devrait atteindre son pic la semaine prochaine, les urgences sont déjà saturées face à l’afflux de malades. Ce mercredi matin, la ministre de la Santé a appelé les hôpitaux à déprogrammer opérations et soins non urgents pour « libérer des lits ».

Une épidémie « intense » et « précoce ». C’est par ces mots que la ministre de la Santé a qualifié ce mercredi matin l’épisode de grippe qui touche actuellement la France. Alors que toutes les régions françaises sont « entrées en phase épidémique » et que le pic devrait être franchi la semaine prochaine, selon l’agence de Santé publique France, Marisol Touraine avait réuni les autorités sanitaires pour faire un point sur la gestion de la grippe saisonnière.

> View post on imgur.com

« La grippe n’a jamais été anodine. Chaque année, elle fait des victimes. Mais, cette année le bilan sera probablement lourd », a-t-elle averti à l’issue de cette réunion. Depuis le 1er novembre, 52 personnes sont mortes de la grippe, selon Santé Publique France, parmi lesquelles une majorité étaient âgées de 65 ans ou plus (85%).

LIRE AUSSI >> Elle court, elle court l’épidémie de grippe: comment s’en prémunir

Depuis plusieurs jours, les malades affluent en nombre dans des services d’urgence ayant atteint « les limites de leurs capacités ». La ministre a donc demandé « à tous les hôpitaux publics et privés de déprogrammer des opérations, des soins médicaux pour libérer des lits » afin d’être en mesure d’accueillir dans de bonnes conditions tous les patients, dont 70% ont 80 ans ou plus.

142 hôpitaux sur 850 « en tension »

Pour autant, Marisol Touraine refuse de dire que « la capacité hospitalière de la France est débordée ». « Il s’agit simplement de reporter de quelques jours ou quelques semaines des opérations non urgentes pour s’assurer, par anticipation, qu’il y aura tous les lits nécessaires », a-t-elle expliqué.

Avant de rappeler que « les premières instructions ont été envoyées depuis le 21 décembre aux hôpitaux, aux agences régionales de santé et aux médecins libéraux ». En quatre semaines d’épidémie, 784 000 personnes auraient consulté un médecin généraliste pour une grippe,selon le réseau de surveillance Sentinelles-Inserm.

L'évolution du nombre de cas de syndrome grippal (en bleu) face au seuil épidémique (en rouge).

L’évolution du nombre de cas de syndrome grippal (en bleu) face au seuil épidémique (en rouge).

Réseau Sentinelles, INSERM/UPMC

Dans un communiqué de presse diffusé à l’issue de cette réunion, le ministère de la Santé précise que Marisol Touraine « a adressé hier à l’ensemble des établissements de santé une instruction leur demandant de déclencher immédiatement toutes les mesures nécessaires » afin d’éviter « toute saturation des urgences ». Ces dispositifs permettent aussi « de rappeler du personnel pour prendre en charge tous les patients qui ont besoin d’être hospitalisés ».

VIDEO >> Grippe: « L’Etat d’urgence, c’est tous les jours, Madame Touraine! »

Actuellement, pas moins de 142 hôpitaux français sur 850 ont déclenché le dispositif « en tension » à cause de cette épidémie, a précisé la ministre, selon FranceTVInfo. Ce dispositif doit permettre de faire face à une situation de crise, tout en assurant la continuité des soins. Mardi, Marisol Touraine s’était inquiétée de la « situation préoccupante » devant les directeurs des hôpitaux de Paris.

Un vaccin bientôt obligatoire pour les soignants?

Ce mercredi, Marisol Touraine a également incité les soignants à se faire vacciner contre le virus, estimant que le « taux de vaccination parmi le personnel soignant reste trop faible. » Le gouvernement pourrait même envisager de rendre obligatoire le vaccin. Il faut y « réfléchir », a déclaré Benoît Vallet, qui pilote la direction générale de la santé du ministère de la Santé. Pour lui, les mesures incitatives n’ont pas été « suffisantes », il faut donc « passer à un cran supérieur ».

« Bien souvent le virus arrive via le personnel soignant, c’est pour cela qu’il est essentiel que le personnel soit massivement vacciné », argumentait il y a quelques jours auprès de Libération le professeur Bruno Lina, spécialiste de la grippe. Mais selon les estimations, seulement 25% à 30% des soignants se font vacciner chaque année.