Lyon-Monaco: pourquoi la deuxième place en Ligue 1 n’échappera pas à l’OL

FOOTBALL – Ce samedi soir, Lyon et Monaco se disputent une qualification directe pour la prochaine Ligue des champions. Les deux équipes sont deuxième et troisième de Ligue 1 avec le même nombre de points. Mais tout semble indiquer que l’OL sortira victorieux du choc de la 37e et avant-dernière journée. Voici pourquoi.

1. La dynamique est du côté de Lyon

Sur la forme du moment, il n’y a pas photo. C’est clair et net: depuis deux mois, l’Olympique Lyonnais avance à un rythme nettement plus soutenu que son rival monégasque. Le dernier revers de l’OL? Il remonte au 21 février, à Lille (1-0). Depuis, l’équipe de Bruno Génésio a fait chuter l’ogre parisien (2-1). Et engrangé 23 points sur 27, pour un bilan de 7 victoires et 2 nuls en 9 matchs.

Sur la même période, personne en Ligue 1 n’a fait mieux. Pas même le PSG. Encore moins l’AS Monaco. Le club de la Principauté n’a pris que 13 points. Avec, à la clé, un revers face à Bordeaux (1-2) suivi d’un autre, plus cinglant, à Lille (4-1).

2. Lacazette revient très fort

C’est peu dire que le buteur lyonnais a changé de braquet en 2016. Comme si Alexandre Lacazette avait vécu deux saisons en une. La première, il l’a traversée comme un fantôme. Le seconde, entamée en janvier, est nettement plus conforme à son statut de meilleur buteur du précédent exercice. Jugez plutôt:

  • Avant la trêve hivernale: 6 buts et aucune passe décisive en 21 journées de Ligue 1
  • Après la trêve hivernale: 12 buts et 2 passes décisives en 11 journées de Ligue 1.

Ce retour au premier plan a pris corps dès le 9 janvier. Ce soir-là, Lyon inaugurait un stade flambant neuf, face à Troyes (4-1). Dès la 6e minute, Lacazette est devenu le premier buteur de l’histoire du Parc OL. A un moment où son mutisme durait depuis le 27 novembre.

Vous avez dit déclic? En tout cas, ça y ressemble. Lacazette porte à nouveau l’attaque lyonnaise. Et marque des buts qui comptent dans les dernières minutes. Ce fut le cas lors de ses quatre dernières sorties en L1:

  • Face à Nantes (2-0), son penalty dans le temps additionnel a mis l’OL à l’abri
  • A Lorient (1-3), il a attendu la 84e pour s’offrir un doublé
  • Contre Nice (1-1), il a arraché l’égalisation à la 82e
  • A Toulouse (2-3), il a donné l’avantage à son équipe à la 80e
Face à Nice (1-1), Alexandre Lacazette a arraché l'égalisation lyonnaise et inscrit son 17e but de la saison en Ligue 1.

Face à Nice (1-1), Alexandre Lacazette a arraché l’égalisation lyonnaise et inscrit son 17e but de la saison en Ligue 1.

REUTERS

3/ Dans son Parc OL, Lyon reste invincible

Leur nouvelle enceinte, les Lyonnais en ont fait une forteresse. Imprenable. Au Parc OL, l’équipe de Bruno Génésio affiche une réussite à toute épreuve. Son rendement après 9 matchs frise la perfection:

  • 7 victoires et 2 nuls
  • 23 points sur 27 possibles
  • 2,7 buts marqués en moyenne par rencontre

Seuls Marseille (1-1) et Nice (1-1) peuvent se vanter de ne pas être rentrés bredouilles de leur déplacement à Lyon. Tous les autres visiteurs sont repartis les mains vides. Paris y a laissé son invincibilité le 28 février (2-1). Bordeaux (3-0), Caen (4-1) et Guingamp (5-1), eux, y ont carrément sombré. Un bémol, cependant: la victoire pour le moins poussive du week-end dernier, face au Gazélec Ajaccio (2-1), atténue légèrement l’impression générale.

4. A l’extérieur, le Rocher est sur une mauvaise pente

Vu de loin, l’ASM sait voyager. C’est, du moins, ce que dit le classement à l’extérieur de la Ligue 1. Monaco présente le deuxième bilan du Championnat, derrière l’intouchable PSG. En chiffres, ça donne, en 18 matchs:

  • 29 points sur 54 possibles
  • 7 victoires, 8 nuls, 3 défaites
  • 26 buts marqués, 25 encaissés

Problème, cette feuille de route flatteuse a perdu de sa valeur depuis trois mois. La gifle reçue à Angers (3-0), le 30 janvier, a amorcé une chute vertigineuse. Et les déplacements monégasques ont, peu à peu, tourné au calvaire. Monaco n’a gagné qu’un seul de ses 7 matchs à l’extérieur. Mais c’était chez un PSG (0-2) démobilisé par la Ligue 1. Une semaine plus tôt, il avait déjà conquis son quatrième titre d’affilée.

L'attaquant de Monaco Guido Carillo après une occasion manquée contre Rennes, le 24 avril 2016 au Roazhon Park

L’attaquant de Monaco Guido Carillo après une occasion manquée contre Rennes, le 24 avril 2016 au Roazhon Park

afp.com/DAMIEN MEYER

A Saint-Etienne (1-1), Nantes (0-0), Caen (2-2) et Rennes (1-1), le week-end dernier, l’ASM de Leonardo Jardim a dû se contenter d’un point. Entre-temps, elle avait pris l’eau à Lille (4-1). Cerise sur le gâteau, c’est à Sochaux (2-1), chez le 18e de Ligue 2, qu’elle avait aussi pris la porte en Coupe de France, dès les huitièmes de finale.

Histoire d’enfoncer le clou, les dix dernières visites dans la capitale des Gaules n’augurent rien de bon pour Monaco: 4 nuls, 5 défaites et un succès, un seul. Il date du 16 mars 2014, à Gerland (2-3).

5. Le Monaco de Jardim ne fait rêver personne

Leonardo Jardim soupirait en début de semaine, dans L’Equipe: « On me critique beaucoup, quand même. » D’ailleurs, pour la deuxième saison d’affilée, le Portugais ne figure pas parmi les nommés au trophée UNFP de meilleur entraîneur. Pas grave. « L’an dernier, ironise-t-il, j’ai gagné la truelle d’or. »

L'entraîneur de Monaco Leonardo Jardim observe le match face à Caen, le 4 mars 2016 au stade Michel-d'Ornano

L’entraîneur de Monaco Leonardo Jardim observe le match face à Caen, le 4 mars 2016 au stade Michel-d’Ornano

afp.com/CHARLY TRIBALLEAU

Son Monaco, c’est du béton. Tellement solide qu’il traîne derrière lui une réputation d’équipe ennuyeuse à mourir. Dont l’éventuelle deuxième place de la Ligue 1 serait contestée. C’est vrai, le jeu de l’ASM n’est clairement pas une ode au spectacle. Souvent, même, ses prestations sont à dormir debout.

Le rendement offensif n’est pourtant pas si alarmant. Il est même d’une cohérence implacable: avec 54 buts, le troisième de Ligue 1 possède la troisième attaque de France. Alors, il est où le mal-être offensif? Il est pointé par trois arguments, qui alimentent la thèse d’un « boring Monaco »:

  • Monaco marque (trop) rarement plus d’un but en L1. Ce n’est arrivé que 16 fois en 36 matchs. Comme contre Marseille (2-1) et Guingamp (3-2) le mois dernier.
  • Les victoires monégasques ne sont presque jamais étincelantes. Seul un tiers d’entre elles (5 sur 16) l’a été par plus d’un but d’écart. Par son ampleur, le carton face à Toulouse (4-0), fin janvier, fait figure d’exception.
  • Les meilleurs buteurs de l’ASM se nomment Bernardo Silva (7 buts), Thomas Lemar (5 buts) et Fabinho (5 buts). Tous des milieux de terrain. Aucun attaquant n’est un foudre d’efficacité. Wagner Love et Guido Carrillo plafonnent à 4 buts, quand Helder Costa et Lacina Traoré sont limités à 3 buts. On est loin, très loin, des 18 réalisations d’Alexandre Lacazette.

6. Mathieu Valbuena mérite une autre sortie

Lui-même le reconnaît: « En dix ans de carrière, c’est ma seule saison pourrie. » L’été dernier, Mathieu Valbuena était revenu en France avec l’étiquette d’un international confirmé (52 sélections), en quête de visibilité pour s’assurer une place pour l’Euro. Huit mois plus tard, ses ambitions ont volé en éclats. Secouées par des affaires extra-sportives, comme celle de la fameuse sextape ou, plus récemment, de son dérapage incontrôlé à l’aéroport de Toulouse. Mais surtout, emportées par un rendement sportif qui frôle le fiasco (1 but et 5 passes décisives en 25 matches de L1).

Mathieu Valbuena, le milieu offensif de l'Olympique Lyonnais, le 1er décembre 2015, à Nantes.

Mathieu Valbuena, le milieu offensif de l’Olympique Lyonnais, le 1er décembre 2015, à Nantes.

AFP PHOTO / JEAN-SEBASTIEN EVRARD (01/12/2015)

La greffe entre l’OL et l’ancien joueur du Dynamo Moscou n’a pas pris. A Lyon, Valbuena (31 ans) ne s’est pas rendu indispensable. Ses pépins physiques ne l’ont pas aidé. Pis, son absence est presque passée inaperçue. Sans lui, Lyon s’est remis à gagner. Poussant son entraîneur Bruno Génésio à le cantonner au banc.

Samedi, tout indique que Valbuena ne débutera pas le choc face à Monaco. Il se remet à peine d’une blessure à la cuisse droite. Tout indique, aussi, qu’il quittera Lyon cet été. Quand le président Jean-Michel Aulas laisse supposer le contraire, c’est pour ne pas le brader. Partir sur une qualification en Ligue des champions ne gommerait pas sa « saison pourrie ». Mais au moins, l’ancien Marseillais pourrait s’en aller la tête haute.