Décès de Kohl, le père de l’Allemagne unifiée et un Européen convaincu

Berlin – Helmut Kohl, père de la réunification allemande 45 ans après la Deuxième guerre mondiale, pilier de la construction européenne et détenteur du record de longévité à la chancellerie (1982-1998) dans l’Allemagne moderne, est mort vendredi à 87 ans, suscitant de nombreuses réactions à travers le monde.

Il « a été une chance pour tous les Allemands et Helmut Kohl a aussi changé ma vie de manière décisive« , a réagi la chancelière Angela Merkel au sujet de son mentor en politique.

« Il restera dans nos mémoires comme un grand Européen, comme le chancelier de l’Unité » du pays, a-t-elle dit depuis Rome, où elle doit rencontrer le pape François samedi.

Helmut Kohl avait pris sous son aile Mme Merkel, qui a grandi en RDA (l’Allemagne de l’Est communiste), après la Réunification. Elle finira par l’évincer en 1999 pour lui succéder à la tête de son parti conservateur, la CDU, à l’issue d’une bataille interne. Le chancelier ne le lui pardonnera jamais.

Le quotidien populaire Bild, le premier à avoir annoncé le décès et dont la direction était très proche de l’ex-chancelier, a précisé qu’il s’était éteint vendredi matin « dans sa maison de Ludwigshafen« , dans le sud-ouest de l’Allemagne.

Selon ce journal, il est mort « paisiblement » avec à ses côtés sa seconde épouse, Maike Kohl-Richter. « Il n’allait pas bien depuis plusieurs jours« , poursuit-il.

« Il n’était pas seulement le père de la réunification allemande, mais aussi un avocat de l’Europe et des relations transatlantiques« , a commenté le président américain Donald Trump dans un communiqué, assurant que « son héritage se poursuivra« .

« Artisan de l’Allemagne unie et de l’amitié franco-allemande : avec Helmut Kohl, nous perdons un très grand Européen« , a réagi le président français Emmanuel Macron.

« Très affecté« , le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a perdu « un ami personnel« , selon son porte-parole.

L’ex-chancelier avait été notamment avec le président français d’alors, François Mitterrand, l’un des initiateurs de l’Union économique et monétaire qui conduira à l’euro. Il a aussi jeté les bases de l’élargissement de l’UE vers l’Est après la fin de la Guerre Froide.

– Un roc –

Helmut Kohl, en très mauvaise santé depuis des années et cloué dans un fauteuil roulant depuis 2009, avait notamment souffert d’un accident vasculaire cérébral et s’était cassé la hanche.

Il apparaissait peu en public et avait de graves difficultés d’élocution.

L’ex-chancelier restera dans l’histoire pour avoir forcé la main des dirigeants soviétique et américain Mikhaïl Gorbatchev et George H. W. Bush, mais aussi de ses alliés européens, afin que la RDA rejoigne la RFA en 1990, moins d’un an après la chute du Mur de Berlin.

« C’était sans aucun doute une personnalité exceptionnelle qui laissera son empreinte dans l’Histoire allemande, européenne et internationale« , a déclaré M. Gorbatchev.

M. Bush a salué « un vrai ami de la liberté » et « l’un des plus grands leaders de l’Europe d’après-guerre« .

Le président russe Vladimir Poutine a rendu hommage à un « partisan du développement des relations amicales entre nos deux pays« .

M. Kohl avait permis la fin de l’occupation militaire de l’Allemagne, imposée par les quatre puissances victorieuses du nazisme à partir de 1945, favorisant ainsi l’émergence d’une Allemagne forte sur la scène internationale.

Pourtant, quand à 52 ans il prend la tête en 1982 du gouvernement d’Allemagne de l’Ouest, il est la cible de railleries pour son côté rustique et provincial. Personne n’aurait alors parié que ce fils d’un fonctionnaire du fisc, issu d’une famille de la petite bourgeoisie catholique de Ludwigshafen, entrerait dans la mémoire collective européenne.

Mais le 9 novembre 1989, le mur de Berlin s’effondre et le chancelier conservateur, alors contesté dans son propre parti (CDU), endosse, pour reprendre ses propres termes, « le manteau de l’Histoire« .

Vite, il perçoit l’appétit des Allemands de l’Est pour une unification des deux Etats et l’obtient, malgré les craintes qu’elle suscite.

Dans les rues de Berlin, les Allemands saluaient vendredi soir la mémoire d’Helmut Kohl, à l’image de Viktor Martens : « c’était un grand homme, qui a beaucoup fait pour l’Allemagne. Il a été l’un des plus grands hommes politiques de l’après-guerre« , a-t-il déclaré à l’AFP.

– Fin de carrière ternie –

Sa fin de carrière sera moins glorieuse, ternie par un scandale de caisses noires pour le financement de son parti. Il finira par reconnaître avoir recueilli des dons occultes et Angela Merkel en profitera pour prendre sa place.

Plus récemment, en avril 2016, Helmut Kohl a dénoncé la politique d’accueil de son ancienne protégée, qui a permis l’arrivée de près d’un million de migrants en 2015, et reçu le Premier ministre hongrois Viktor Orban, farouche détracteur de la chancelière.

Les soubresauts de sa vie privée, étalés dans divers livres et journaux allemands – brouilles avec ses enfants, polémique sur le rôle de sa nouvelle femme, manière dont il a traité sa première épouse malade, Hannelore, qui s’est suicidée en 2001 – ont achevé d’assombrir ses dernières années.

Daech, le groupe djihadiste sunnite Etat islamique

Gilles Kepel et Eric Rochant: regard croisé sur le djihad dans la fiction

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Le politologue et le metteur en scène, créateur de la série Le Bureau des légendes, diffusée sur Canal +, décortiquent, chacun à sa manière, le terrorisme français. L’Express les a réunis pour la première fois.

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Adidas dévoile le nouveau maillot de la Juventus

La saison de football vient à peine de se terminer qu’Adidas vient de dévoiler le maillot à domicile 2017/2018 de la Juventus de Turin.

Malheureux finaliste de la Ligue des Champions 2017, le club de la Juventus de Turin se projette déjà vers la saison prochaine en dévoilant son nouveau maillot pour la saison 2017/2018. Le club de la Vieille Dame dévoile par la même occasion son nouveau logo.

Mêmes bandes, différent logo

Pour le design du maillot à domicile, Adidas est resté sur les bandes blanches et noires, propres à la Juventus de Turin. On retiendra également un col mao, lui apportant une touche vintage.

Juan Cuadrado avec le nouveau maillot de la Juventus de Turin.

Juan Cuadrado avec le nouveau maillot de la Juventus de Turin.

Courtesy of Adidas

Stefano Sturaro avec le maillot 2017/2018 de la Juventus de Turin.

Stefano Sturaro avec le maillot 2017/2018 de la Juventus de Turin.

Courtesy of Adidas

Contrairement à certains maillots, le sponsor Jeep dispose de tons noirs et blancs, apportant une certaine discrétion. Mais le gros changement pour la saison prochaine reste le logo de la Juventus. Un J moderne et épuré qui connait sa plus grosse évolution depuis la création du club en 1897.

Pékin arrache le Panama à Taïwan, qui perd encore un allié

Panama – Pékin a réussi mardi un coup diplomatique en établissant des relations avec le Panama aux dépens de l’île rivale de Taïwan, qui ne compte plus désormais que 20 partenaires à la surface du globe.

Sablant le champagne, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et son homologue panaméenne Isabel Saint Malo de Alvarado ont signé à Pékin le communiqué officialisant l’établissement des relations.

Le communiqué précise que « Panama rompt aujourd’hui même ses relations diplomatiques » avec Taïwan « et s’engage à cesser toute relation (officielle) ou tout contact officiel avec Taïwan« .

Depuis la prise du pouvoir par les communistes à Pékin en 1949 et la fuite des nationalistes à Taïwan, les deux gouvernements rivaux se livrent à une guerre diplomatique.

Mais Taipei ne compte plus que 20 Etats le reconnaissant dans son camp, parmi lesquels le Vatican et de petits pays essentiellement situés dans le Pacifique ou en Amérique latine.

« Nous condamnons avec force Pékin, qui manipule la politique dite de ‘la Chine unique’ pour continuer à réduire l’espace international de Taïwan par divers moyens« , a immédiatement réagi la présidence taïwanaise.

« Ce genre d’actions n’est pas seulement une menace évidente sur la survie et le bien-être du peuple taïwanais, mais aussi une provocation délibérée contre la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan et dans la région« , a-t-elle ajouté.

– ‘Donner une leçon’ –

Les tensions diplomatiques, atténuées sous le précédent gouvernement taïwanais, ont repris depuis l’arrivée au pouvoir l’an dernier du parti de la présidente Tsai Ing-wen, opposée au principe de « la Chine unique« , selon lequel Pékin interdit à tout pays d’entretenir des relations officielles avec des dirigeants taïwanais.

Mme Tsai a particulièrement agacé Pékin en réussissant début décembre à parler au téléphone avec Donald Trump, alors qu’aucun président américain n’avait plus adressé la parole à un président taïwanais depuis l’établissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Chine en 1979.

Cela « a renforcé la détermination de Pékin à donner une leçon à Taïwan« , observe le politologue Willy Lam, de l’Université chinoise de Hong Kong.

En Amérique centrale, tous les pays reconnaissaient Taïwan jusqu’à ce que le Costa Rica rompe en 2007 ses relations diplomatiques avec cette île.

« Taïwan a été un grand ami du Panama et nous lui sommes très reconnaissants pour son amitié et sa coopération pour le développement de notre pays quand nous avions des relations diplomatiques« , a déclaré le président panaméen Juan Carlos Varela dans une allocution.

– ‘Un pont pour l’Asie’ –

« Le Panama peut devenir un pont pour l’Asie vers toute l’Amérique latine » en se rapprochant des Chinois, a estimé le ministre panaméen du Commerce, Augusto Arosemena, sur la chaîne de télévision Telemetro.

Il a rappelé que la Chine était deuxième utilisateur du canal de Panama derrière les Etats-Unis et le quatrième partenaire commercial de son pays : « le Panama exporte pour plus de 50 millions de dollars de produits vers la Chine. Nous voyons (l’établissement de liens diplomatiques) comme une étape positive qui générera énormément d’opportunités pour Panama« .

« L’Amérique latine reste un bastion pour Taïwan en nombre de pays » le reconnaissant officiellement, 11 entre l’Amérique centrale et les Caraïbes, souligne Margaret Myers, directrice du programme Chine et Amérique latine du centre d’études Inter-American Dialogue, à Washington.

Mais « il semble que de nombreux pays arrivent à la conclusion que des liens forts avec Pékin, pour attirer des investissements et améliorer les relations commerciales, sont peut-être dans leur plus grand intérêt« .

« Cela ne me surprendrait pas si l’on voyait le Nicaragua être le prochain à basculer« , estime-t-elle, ce pays accueillant notamment un chantier de canal interocéanique à capitaux chinois destiné à concurrencer celui de Panama.

L’annonce de mardi survient une semaine après le début de la construction par les Chinois d’un port de conteneurs, avec des installations de gaz naturel, dans la province de Colon (nord du Panama).

Des multinationales et des entreprises chinoises de nombreux secteurs (banque, énergie, logistique, télécommunications et technologies) se sont établies ces dernières années au Panama.

Ce pays espère toutefois garder des liens économiques avec Taïwan : « Nous souhaitons que l’on puisse ouvrir des bureaux commerciaux dans les deux pays (même si) cela dépendra aussi de la décision de Taïwan« , a dit le vice-ministre des Affaires étrangères du Panama, Luis Miguel Hincapié.

Les Français votent pour le 1er tour des législatives, grand renouvellement en vue

Paris – Les Français ont commencé à voter dimanche pour choisir leur nouvelle Assemblée nationale, promise à un profond renouvellement, avec l’affaiblissement des partis traditionnels face à la République en marche, grande favorite des sondages, et l’interdiction du cumul des mandats.

47 millions d’électeurs sont appelés à se rendre dans les bureaux de vote, ouverts depuis 8h00 en métropole pour ce premier tour des législatives, dont une clé sera le taux de participation. Ils fermeront à 18h, ou 20h dans les grandes villes.

Le Premier ministre Edouard Philippe a tôt accompli son devoir électoral dans sa ville du Havre, via une machine électronique à voter.

Emmanuel Macron doit en fin de matinée glisser son bulletin dans une urne au Touquet (Pas-de-Calais). L’ancien président François Hollande a lui voté dans son fief corrézien de Tulle, tel un citoyen ordinaire.

Comme pour la présidentielle, 50.000 policiers et gendarmes sont mobilisés pour sécuriser le scrutin. Un dispositif renforcé, sur fond de menace terroriste, quatre jours après l’attaque d’un policier devant Notre-Dame de Paris, et une campagne des législatives en Grande-Bretagne endeuillée par des attentats.

7.877 candidats, dont un peu plus de 42% sont des femmes, se disputent 577 sièges.

Les sondages prédisent un net succès au parti présidentiel de la République en marche (REM), mais l’abstention pourrait atteindre un niveau record sous la Ve République, ce qui introduit un élément d’incertitude. Elle est évaluée entre 40% et 51% dans les dernières enquêtes.

Les électeurs ultramarins d’Amérique, consultés dès samedi, se sont pour la plupart moins mobilisés qu’il y a cinq ans, à l’exception de l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon (59% de participation), où la ministre des Outres-Mer Annick Girardin (PRG), a été mise en ballottage. En 2012, elle avait été élue dès le premier tour.

En Guadeloupe, en Guyane, à Saint-Martin et Saint-Barthélémy, les candidats REM se sont qualifiés pour le second tour. En Martinique, les trois députés sortants se retrouvent en ballotage favorable.

En métropole aussi, plus l’abstention sera forte, plus il sera difficile d’éviter de disputer un second tour dans une semaine: il faut réunir à la fois la moitié des suffrages exprimés et le soutien d’au moins 25% des inscrits pour échapper au ballottage.

La REM est créditée d’environ 30% d’intentions de vote, ce qui pourrait lui permettre de dépasser la majorité absolue (289) dans la nouvelle Assemblée, avec selon les projections de 370 à plus de 400 députés.

– Le PS menacé de débâcle –

Édouard Philippe, qui espère une solide majorité pour appuyer son gouvernement, est pourtant resté prudent jusqu’au dernier jour de campagne: « Ce n’est jamais acquis« , a-t-il dit vendredi.

Si Emmanuel Macron obtient la majorité absolue, « ce serait un exploit politique total. Cela signifierait, en tout cas pour quelque temps, la destruction des partis traditionnels« , analyse Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel.

« L’effet de souffle de la présidentielle » fait que les intentions de vote en faveur des candidats de la REM dépassent souvent largement le score réalisé par Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle, note Frédéric Dabi, directeur-adjoint de l’Ifop.

Les Républicains sont, eux, crédités de 20% à 23% d’intentions de vote et de 100 à 150 sièges, ce qui en ferait le deuxième groupe parlementaire.

Une débâcle s’annonce pour le Parti socialiste au pouvoir depuis 2012, crédité de moins de 10% des intentions de vote. Alors qu’il avait fait élire près de 300 députés dans la dernière législature, il pourrait en garder à peine le dixième.

Quant au Front national et à La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, qui s’annoncent comme les troisième et quatrième forces électorales du pays en voix, ils semblent dans l’impossibilité de capitaliser sur le bon score de leurs candidats à la présidentielle.

Cinq semaines après l’élection d’Emmanuel Macron, l’affaire immobilière impliquant Richard Ferrand, ministre de la Cohésion des territoires et candidat REM dans le Finistère, semble avoir eu un impact très limité sur les intentions de vote, selon les sondeurs, qui estiment en revanche que le débat sur la réforme du Code du travail pourrait peser.

Une certitude, le renouvellement de l’Assemblée est assuré avec près de 40% des députés sortants qui ne se représentent pas, l’entrée en vigueur de la loi sur le non-cumul des mandats et l’émergence d’une nouvelle génération de candidats.

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Washington s’implique dans la crise sans précédent agitant le Golfe

Washington – Le président américain Donald Trump a exhorté vendredi le Qatar à arrêter « immédiatement » de financer « le terrorisme », appelant l’émirat, sous le coup d’un blocus inédit de l’Arabie saoudite et de ses alliés, à combattre l’extrémisme.

Maison Blanche, département d’Etat et Pentagone: les déclarations se sont enchaînées à Washington, qui est ainsi entré, après plusieurs jours de propos contradictoires et tweets semant la confusion, de plain-pied dans la crise sans précédent agitant le Golfe.

« La nation du Qatar, malheureusement, a historiquement financé le terrorisme à un très haut niveau« , a accusé Donald Trump lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche.

L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn, l’Egypte et le Yémen ont rompu lundi leurs relations diplomatiques avec le Qatar, qu’ils accusent de « soutenir le terrorisme« , interrompant leurs liaisons aériennes, maritimes et terrestres avec le petit émirat gazier.

Un séisme diplomatique survenu 15 jours à peine après une visite à Ryad de Donald Trump, qui avait alors demandé aux pays musulmans d’agir de manière décisive contre l’extrémisme religieux.

De son côté, le chef de la diplomatie américaine Rex Tillserson s’est montré plus conciliant avec le Qatar, tout en l’appelant à de nouveaux progrès dans la lutte antiterroriste.

Il a en particulier appelé l’Arabie saoudite et ses alliés a alléger le blocus, déplorant ses conséquences humanitaires sur la population et soulignant qu’il « gênait » la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

Le petit pays du Golfe abrite en effet la base militaire américaine stratégique d’Al-Udeid, pièce maîtresse, avec ses 10.000 hommes, du dispositif des Etats-Unis au Moyen-Orient.

« Si les opérations actuelles sur la base d’Al-Udeid n’ont pas été interrompues ou restreintes, la situation en cours gêne notre capacité à planifier des opérations militaires à long terme« , a expliqué le porte-parole du Pentagone, Jeff Davis.

« Le Qatar reste essentiel aux opérations aériennes de la coalition pour combattre l’EI et dans la région« , a-t-il souligné.

– Accusations ‘sans fondements’ –

Cinq jours après le choc de la rupture des relations par l’Arabie saoudite et ses alliés avec le Qatar, l’émirat cherchait de son côté vendredi des soutiens à l’étranger.

Son ministre des Affaires étrangères, cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani, a effectué dans la matinée une visite surprise en Allemagne avant de se rendre samedi à Moscou pour y rencontrer son homologue Sergueï Lavrov. Selon des responsables qataris, M. Al-Thani s’est également entretenu par téléphone avec Rex Tillerson.

« Il y a actuellement des efforts de pays amis pour limiter la crise« , a déclaré M. Al-Thani. A ses côtés, le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel a confirmé que des discussions, en concertation avec les Etats-Unis et des alliés régionaux, étaient en cours.

Juste après leur entretien, cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani a tweeté: « Nous sommes tous les deux d’accord sur le fait que le blocus (…) du Qatar est inacceptable« .

Dans la nuit de jeudi à vendredi, les pays ayant rompu avec le Qatar ont publié une liste de « terroristes » soutenus, selon eux, par Doha et répertoriant 59 personnes et 12 entités « liées au Qatar et au service d’un programme politique suspect du Qatar« .

La Banque centrale des Emirats a ordonné vendredi le gel des avoirs des personnes et entités listées. Parmi elles figurent des responsables et des organisations originaires d’Egypte, du Bahreïn ou de Libye, comme le leader controversé d’une association de religieux sunnites, Youssef al-Qaradawi.

Doha a dénoncé des accusations « sans fondements« .

Jeudi, le ministre Al-Thani avait affirmé à l’AFP que son pays excluait que la tourmente actuelle ne dégénère en conflit armé.

Ryad et ses alliés avaient justifié lundi la rupture des relations par les liens qu’entretient, selon eux, le Qatar avec « des organisations terroristes et des groupes sectaires cherchant à déstabiliser la région, parmi eux les Frères musulmans, Daech (acronyme en arabe du groupe Etat islamique) et Al-Qaïda« .

Ces pays reprochent aussi au Qatar son rapprochement avec l’Iran chiite, qui a fait savoir de son côté qu’il était prêt à approvisionner le Qatar par bateau, une traversée de 12 heures dans les eaux du Golfe.

Indemnités prud’hommes: sept questions pour comprendre ce que veut Macron

Plafonner les indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif est l’une des mesures clés de la réforme du code du travail pour le gouvernement. Mais elle est contestée.

C’est une mesure emblématique à laquelle Emmanuel Macron ne compte pas renoncer, au risque de braquer des syndicats majoritairement hostiles. Le gouvernement semble bien décidé à instaurer le plafonnement des indemnités aux prud’hommes en matière de licenciement abusif ou sans cause réelle et sérieuse. « Les dommages et intérêts accordées vont du simple au triple, assure Muriel Pénicaud dans un entretien aux Echos. il faut s’attaquer à l’injustice de la disparité des situations ».

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La mesure pourrait susciter de vives tensions tant elle irrite dans les rangs des organisations représentatives des salariés. Le sujet fait-il l’objet de « fantasmes » de part et d’autre comme l’affirmait récemment Philippe Louis de la CFTC? Le point en sept questions-réponses.

1. De quoi parle-t-on?

Le projet d’Emmanuel Macron concerne les dommages et intérêts obtenus par des salariés en cas de licenciement abusif ou sans cause réelle et sérieuse.

La mesure entend encadrer les sommes octroyées aux salariés par le conseil des prud’hommes ou la cour d’appel en leur appliquant un plancher et un plafond. En clair, il ne serait plus possible d’obtenir ni moins, ni plus que ce que fixerait le texte de loi.

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Le projet ne concerne que les indemnités ou dommages et intérêts obtenus en réparation du préjudice que constitue un licenciement sans cause réelle et sérieuse. L’indemnité légale de licenciement ainsi que toutes les autres indemnités éventuellement obtenues par le salarié (paiement d’heures supplémentaires, bonus, etc.) ne sont pas concernées par ce plafonnement.

De la même façon, si d’autres chefs de demande annexes au licenciement sont ajoutés et avérés (discrimination, non respect du temps de travail, notamment du forfait jours pour les cadres, harcèlement moral), les sommes perçues ne devraient pas être limitées non plus. Même si, dans l’attente de la version finale, tous les avocats ne s’accordent pas sur ce point.

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Selon les informations publiées mardi 7 juin par Libération et reprenant une note de la Direction générale du travail (DGT), le gouvernement réfléchirait aussi à un raccourcissement du délai de contestation aux prud’hommes après un licenciement économique. Pour le moment, le salarié dispose d’un an pour le faire mais l’exécutif envisagerait de le réduire à deux mois.

2. Pourquoi encadrer ces indemnités?

Dans son programme, Emmanuel Macronassurait que l’instauration d’un plancher devait permettre « de protéger les droits des salariés » et que la mise en place d’un plafond était destinée, elle, à donner aux entreprises une visibilité et une assurance permettant de lever les freins à l’embauche en CDI ».

La mesure est réclamée de longue date par le patronat, Medef en tête, qui assure que l’incertitude liée aux montants octroyées en cas de contentieux aux prud’hommes relève, pour les patrons, de la « loterie. » « Il s’agit clairement d’une réforme hautement symbolique faite pour les entreprises, dans le but de rassurer les patrons », commente Pascal Delignières, avocat au sein du cabinet Fidal.

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Un avis partagé par l’un de ses confrères, clairement orienté du côté employeurs. « C’est un signal psychologique, un effet d’annonce qui peut peut-être avoir un effet sur les très rares cas où des salariés obtiennent des dommages et intérêts aux montants extravagants », estime ce professionnel du droit.

En 2015, lors du vote de la loi qui porte son nom, l’ex-ministre de l’Économie avait tenté d’instaurer un plancher et un plafond aux indemnités en fonction de l’ancienneté du salarié et de la taille de l’entreprise. Mais la mesure a été retoquée par le Conseil constitutionnel, qui a jugé que le critère de la taille de l’entreprise « méconnaissait le principe d’égalité devant la loi ».

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3. Comment sont calculées les indemnités prud’homales aujourd’hui?

L’indemnité octroyée au salariée est décidée par le conseil des prud’hommes. Elle peut varier en fonction de l’âge et de l’ancienneté du salarié, de la taille de l’entreprise et de ses difficultés à retrouver un emploi.Un plancher existe déjà: si le salarié compte deux ans d’ancienneté et travaille dans une entreprise de 11 salariés au moins, il ne peut pas obtenir moins de six mois de salaire brut en cas de licenciement abusif.

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Depuis 2013, un barème de conciliation est en vigueur pour l’étape préalable aux prud’hommes. Il aide à calculer une « indemnité forfaitaire » lorsque les parties veulent mettre un terme au litige. « Mais il n’a pas été beaucoup utilisé car il était trop élevé pour les salariés avec une petite ancienneté et trop bas pour ceux avec beaucoup d’ancienneté », comment Frédéric Renaud, avocat au cabinet Renaud Avocats.

Un barème indicatif issu de la loi Macron suggère quant à lui aux conseillers prud’homaux et aux juges les montants à accorder aux salariés et allant de 1 mois à 21,5 mois de salaire en fonction de l’ancienneté.

4. Combien touche un salarié aux prud’hommes?

Selon une étude du ministère de la Justice de 2016 et portant sur des décisions de 2014, les indemnités liées à un licenciement sans cause réelle et sérieuse représentent un montant moyen de 24 089 euros soit environ dix mois de salaire.

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Mais les montants peuvent varier selon le profil du salarié (son âge, son ancienneté, sa capacité à retrouver un emploi) mais aussi selon les différentes juridictions.

« On constate qu’il y a des pratiques prud’homales très différentes, commente Anne Murgier, avocate associée au cabinet Capstan. Il y a un vrai aléa sur le montant des dommages et intérêts. Même s’il est extrêmement rare de voir des préjudices indemnisés avec plus de 24 mois de salaire. » De son côté, Pascal Delignières estime lui que la juridiction française « n’a pas tendance à sur-indemniser les salariés. »

5. Quelle forme pourrait prendre ce futur barème obligatoire?

Le barème indicatif mis en place depuis quelques mois va-t-il être simplement rendu obligatoire? Un autre barème, semblable à celui proposé initialement par Emmanuel Macron, va-t-il être défini? Un mélange des deux cadres existants sera-t-il mis en place? Pour le moment, peu d’éléments filtrent sur les contours de la future mesure.

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« Le gouvernement va devoir inventer un dispositif suffisamment juste, avec des bornes acceptables, pour qu’il soit approuvé par les syndicats », insiste Pascal Delignières. Pour lui, il est impératif qu’il y ait plusieurs planchers et plusieurs plafonds afin que les juges gardent une forme de liberté d’appréciation au sein des fourchettes.

« Pour le moment, selon le barème indicatif, les salariés avec plus de 30 ans d’ancienneté peuvent obtenir 18 mois de salaire, poursuit-il. Quand on a plus de 50 ans et qu’on est fragile sur le marché du travail, 18 mois c’est peu. Il faudrait donc imaginer un dispositif qui permette au juge de se situer entre un plancher de 15 mois et un plafond de 25 mois en fonction du profil du salarié. »

A l’inverse, Frédéric Renaud s’attend, lui, à ce que le futur mécanisme fixe un forfait en face de chaque année d’ancienneté. « Si l’objectif est de lever l’incertitude des chefs d’entreprise et de favoriser l’emploi, alors il me semble plus cohérent de border avec un nombre précis de mois de salaire précis par année d’ancienneté », juge-t-il. La marge de manoeuvre du nouveau gouvernement s’annonce, quoiqu’il arrive, étroite…

6. Les salariés doivent-ils s’inquiéter de cette réforme?

Tout va dépendre des futurs montants fixés… « Le barème indicatif de 2016 est assez proche de ce qui se pratique, bien qu’un peu en deçà, même s’il y a des disparités entre les juridictions… Les salariés ne devraient donc pas forcément y perdre si la future réforme se situe dans ces clous-là », analyse Anne Murgier. Il faudra tout de même surveiller attentivement les montants arrêtés dans le texte de loi.

Autre élément à observer de près: le maintien ou non du plancher minimal de six mois pour les salariés des entreprises d’au moins 11 salariés et affichant plus de deux ans d’ancienneté.

Dans le référentiel de la loi Macron – retoqué par le Conseil constitutionnel -, ce seuil minimal de six mois existant aujourd’hui avait été éclipsé. « La disparition de cette borne pourrait avoir de fâcheuses conséquences pour les salariés ayant une petite ancienneté, pointe Thomas Roussineau, avocat en droit social. Certains pourraient être pénalisés. »

Le document de travail issu de la DGT publié par Libération mercredi 7 juin, indique que le gouvernement envisagerait bien de « baisser ce plancher actuel ».

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Plusieurs avocats s’attendent en effet à ce que la mise en place d’un barème limite le recours aux contentieux en favorisant les transactions préalables entre l’employeur et le salarié. « Le risque est surtout de décourager les salariés d’intenter une procédure au vu du faible enjeu financier en regard des frais engagés », relève Thomas Roussineau.

7. Les entreprises doivent-elles se réjouir?

Si le dispositif entre en vigueur, les employeurs ne pourront plus arguer que le passage devant les prud’hommes constitue une « loterie ». « Ils sauront dire à l’avance combien leur coûtera une rupture du contrat de travail et il y aura surtout une véritable harmonisation », assure Anne Murgier.

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Envolée la crainte – plus ou moins fondée – de devoir payer des sommes astronomiques à un salarié licencié. L’embauche en sera-t-elle pour autant facilitée? Encore faut-il que les entreprises jouent le jeu et que la « peur de l’engagement » soit bel et bien imputable aux prud’hommes.

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Syrie: l’alliance anti-EI gagne du terrain à Raqa

Raqa (Syrie) – Les combattants kurdes et arabes soutenus par les Etats-Unis gagnaient du terrain mercredi à Raqa au lendemain du lancement de l’assaut final pour prendre au groupe Etat islamique (EI) sa « capitale » de facto en Syrie.

Sept mois après le début d’une offensive d’envergure qui leur a permis de s’emparer de vastes régions autour de Raqa, dans le nord du pays, les Forces démocratiques syriennes (FDS) sont entrées dans le quartier de Mechleb, dans l’est de la ville.

Un correspondant de l’AFP qui a pu pénétrer brièvement dans ce quartier de Raqa a vu des colonnes de fumée s’élever au-dessus des bâtiments en raison des violents combats et des explosions.

En périphérie du quartier, des éclats d’obus jonchaient le sol et de nombreux bâtiments étaient détruits.

« De violents combats ont lieu entre nos forces et Daech« , a déclaré à l’AFP une commandante des FDS en utilisant un acronyme arabe pour l’EI.

Les jihadistes ont « truffé les rues de mines mais nous continuons à avancer« , a-t-elle précisé, ajoutant que l’EI envoyait des drones pour bombarder les troupes des FDS.

Aux abords de la ville de Raqa, des véhicules blindés chargés d’armes lourdes et recouverts de bâches de camouflage étaient positionnés entre des oliviers, près d’un centre opérationnel des forces arabo-kurdes soutenues par la coalition internationale conduite par les Etats-Unis.

De commandants des FDS travaillaient sur des tablettes pour identifier les cibles ennemies alors que des pneus ont été déposés dans les rues pour arrêter d’éventuelles voitures piégées, arme de prédilection des jihadistes pour attaquer leur adversaire.

Capturée par les jihadistes en 2014, la ville de Raqa est devenue le symbole des atrocités commises par l’EI –décapitations, exécutions publiques– ainsi qu’une base pour la planification d’attentats commis à l’étranger.

« Il y a des combats à l’est ainsi qu’à l’ouest de la ville« , a indiqué de son côté le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) Rami Abdel Rahmane. « Les FDS combattent aussi dans le complexe militaire ‘Division 17’, à environ deux kilomètres au nord de Raqa, mais la zone est truffée de mines« .

– Civils « piégés » –

Selon l’OSDH, la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis a mené des raids intensifs sur la ville.

Les habitants de la ville font état de bombardements incessants, a indiqué un militant du collectif « Raqa is Being Slaughtered Silently » (« Raqa est massacrée en silence« ).

« Les bombardements durent depuis deux jours et n’ont pas cessé plus d’une heure. Ce sont des frappes aériennes, des tirs d’artillerie et parfois à la roquette« , a déclaré à l’AFP Abou Mohamed.

Une des frappes mardi sur la ville a tué huit civils, dont trois enfants, selon l’OSDH.

Le nombre de civils tués par les raids de la coalition est en nette hausse depuis que les FDS ont lancé leur offensive. Vingt et un civils avaient également péri lundi alors qu’ils tentaient de fuir Raqa.

Selon les Nations unies, environ 160.000 personnes vivent encore à Raqa, contre 300.000 avant le début de la guerre en Syrie en 2011.

Le porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU David Swanson a affirmé que quelque 100.000 personnes « pourraient se trouver piégées » durant l’assaut.

Mardi, l’International Rescue Committee s’est dit « très inquiet pour la sécurité des civils à Raqa » après la chute du nombre de personnes ayant réussi à quitter la ville la semaine dernière.

Cette baisse indique que l’EI veut utiliser les civils comme « des boucliers humains« , a estimé cette ONG.

– « Acte d’agression » –

Les FDS, qui ont annoncé mardi le début de la « grande » bataille pour la reprise de Raqa, ont remporté une série de succès depuis le début de leur opération en novembre dernier, dont la capture en mai de Tabqa et du barrage adjacent, à l’ouest de Raqa.

Chef des forces de la coalition qui fournit aux FDS des armes, un appui aérien et les assiste au sol avec des conseillers, le général américain Steve Townsend a cependant averti que la bataille serait « longue et difficile« .

Dans le sud-est de la Syrie, la coalition internationale a par ailleurs frappé mardi des forces pro-régime près d’al-Tanaf, non loin des frontières irakienne et jordanienne.

« C’est un acte d’agression qui viole la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie« , a dénoncé mercredi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, dont le pays est allié au régime syrien.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a lui accusé les Etats-Unis de diriger une coalition « qui pratique le terrorisme« .

Trump/Russie: Washington attend impatiemment l’audition de James Comey

Washington – Le Congrès américain revient cette semaine au centre du jeu dans l’enquête sur la Russie et une éventuelle collusion entre proches de Donald Trump et Moscou. Deux grandes auditions publiques auront lieu dans les deux prochains jours, avec comme témoin-clé: l’ex-directeur du FBI James Comey.

L’ancien grand flic, brutalement renvoyé par Donald Trump le 9 mai et silencieux depuis, sera sommé par les sénateurs qui l’interrogeront jeudi en public de confirmer si oui, ou non, le président américain a fait pression sur lui pour orienter ou faire classer des pans de l’enquête russe qui empoisonne son mandat.

Les témoignages anonymes de proches de M. Comey et des notes écrites par lui et ayant fuité dans la presse semblent indiquer que oui. A charge pour M. Comey d’oser confirmer ce qui ressemble à une tentative d’entrave de la justice, un délit qui selon des élus justifierait l’ouverture d’une procédure de destitution.

Selon CNN, il a l’intention d’en dire le plus possible.

Un avant-goût sera donné mercredi avec l’audition, toujours devant la commission du Renseignement du Sénat, de quatre acteurs-clés: les directeurs du Renseignement Dan Coats, de l’agence d’espionnage NSA Mike Rogers, du FBI par intérim Andrew McCabe ainsi que Rod Rosenstein, numéro deux du département de la Justice.

La fuite d’un document top secret de la NSA, lundi sur le site The Intercept, a mis de l’huile sur le feu. Une prestataire de l’agence de collecte de renseignements électroniques a été interpellée pour avoir transmis le document, qui détaille comment le renseignement militaire russe a tenté de s’introduire dans plusieurs systèmes électoraux avant l’élection de novembre. Le Kremlin a démenti toute implication.

Ce document vient consolider encore un peu plus le dossier public sur la campagne de piratage et d’influence fomentée par la Russie en 2016 pour miner la confiance dans le processus électoral américain et nuire à la campagne d’Hillary Clinton, selon Washington.

– Fumée sans feu –

Le milliardaire dirigeant l’a dit publiquement: il veut tourner la page, mais l’enquête, désormais entre les mains du procureur spécial Robert Mueller, paralyse sa présidence.

« Il n’y a aucun doute que l’attention continue des parlementaires envers les enquêtes les détourne de notre ordre du jour législatif« , a convenu lundi le conseiller de la Maison Blanche chargé du Congrès, Marc Short.

Les républicains, majoritaires au Congrès, sont en retard dans leur plan de réformes. S’ils ont initialement tout fait pour ignorer l’affaire russe, ils n’ont pu empêcher que le Congrès remplisse son rôle de contrôle de l’exécutif.

Les commissions du Renseignement du Sénat et de la Chambre des représentants enquêtent donc depuis des mois sur les tentatives d’ingérences russes et son volet le plus sensible, une éventuelle coordination anti-Clinton entre des membres de l’équipe de campagne de Donald Trump et le pouvoir russe.

L’objectif de ces commissions est plus ambitieux que ce que fait Robert Mueller, focalisé sur l’identification de délits au sens juridique. Elles veulent faire la lumière sur les activités politiques et d’espionnage de la Russie aux Etats-Unis, en identifiant d’éventuelles complicités.

Hillary Clinton s’est dite persuadée que les Russes avaient été guidés par des relais politiques américains.

« Il y a beaucoup de fumée« , a dit dimanche le vice-président démocrate de la commission du Sénat, Mark Warner, « mais il n’y a pas encore de feu« .

Le démocrate a dit qu’il interrogerait mercredi Dan Coats et Mike Rogers sur un article du Washington Post qui affirmait que le président leur aurait demandé en mars de démentir publiquement l’existence d’une collusion avec la Russie; ils auraient refusé ce qui, là encore, ressemble à une intervention déplacée.

Le camp Trump, face aux assauts, résiste en dénonçant une cabale.

« C’est le plus grand canular de tous les temps« , a dit un fils Trump, Eric, à ABC lundi. « Pour moi, c’est vraiment l’establishment politique qui tente de l’empêcher de réussir« , a abondé son frère, Donald Jr.