Trump, comme en campagne, acclamé par ses partisans en Floride

Melbourne (Etats-Unis) – Donald Trump a ravi ses supporteurs samedi soir lors d’un grand rassemblement en Floride, comme s’il était encore en campagne électorale, assurant sur un ton combatif, voire agressif, que sa présidence se déroulait « sans heurt » malgré un premier mois houleux à la Maison Blanche.

Dans son discours devant des milliers de personnes rassemblées dans un hangar à l’aéroport de Melbourne, en Floride, le milliardaire au programme populiste, nationaliste et protectionniste a de nouveau attaqué les médias « malhonnêtes« , les accusant de propager des « mensonges« , des « fausses informations« .

« La Maison Blanche fonctionne tellement sans accroc, sans heurt. Croyez-moi, j’ai hérité d’un grand bazar« , a lancé le successeur de Barack Obama, sous les cris et les applaudissements de ses partisans.

Pourtant la jeune présidence Trump est secouée par une série de revers politiques, comme la suspension par la justice de son décret anti-immigration, la démission de son conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn, par de vives tensions avec les médias et par des fuites à répétition.

Arrivé à Melbourne à bord du Boeing présidentiel Air Force 1, Donald Trump avait lâché à la presse que « la vie est une campagne » politique. Il doit poursuivre son week-end prolongé à Mar-a-Lago, son club de luxe qu’il a surnommé « la Maison Blanche du Sud » et où il a prévu d’organiser de nombreuses réunions d’ici lundi.

– Melania prie –

Sur ce terrain des meetings qu’il affectionne tant, le président, très à l’aise, portant une veste sur une chemise blanche, col ouvert, a d’abord laissé son épouse Melania dire le « Notre Père« , la plus connue des prières chrétiennes.

Il l’a embrassée, avant d’appeler sur scène l’un de ses fans pour l’enlacer et lui laisser dire « Monsieur le président, merci Monsieur! »

A la grande satisfaction d’une foule bon enfant et familiale, le tribun a attaqué une presse généraliste « devenue une grande partie du problème, une partie d’un système corrompu« .

« Nous sommes un peuple libre et indépendant, nous ferons nos propres choix. Nous sommes ici aujourd’hui pour dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité« , a lancé le président, martelant son slogan de campagne « Rendre sa grandeur à l’Amérique« .

Le secrétaire général de la Maison Blanche, Reince Priebus, a déclaré aux médias qu’ils devaient prendre « très aux sérieux » les avertissements du président Trump, dans une interview à la chaîne CBS samedi.

Il a notamment dénoncé les « informations bidon » comme « celle du New York Times selon laquelle nous avons été en contact constant avec les responsables russes » ou du Wall Street Journal affirmant que les services de renseignement n’informaient pas correctement le président.

– ‘Terroristes islamiques’ –

M. Trump a promis encore de sécuriser les frontières. Pour ce faire, la construction d’un mur avec le Mexique va débuter « très bientôt » et « les terroristes islamiques radicaux seront, bon sang, maintenus hors du pays! »

M. Trump a égrené d’autres promesses de campagne: ramener l’emploi américain, reconstruire les forces armées et abroger l’assurance-santé Obamacare, qu’il a qualifiée de « désastre« .

Ses supporteurs – des femmes coiffées de la célèbre casquette rouge « Rendre à l’Amérique sa grandeur, des hommes vêtus du T-shirt « Les motards avec Trump » – étaient au rendez-vous.

« J’aime notre président, il nous défend, nous le peuple« , s’est exclamé Gene Huber, un vendeur de voitures de West Palm Beach, venu dans les premiers faire la queue à 04H00 du matin pour ne pas rater Donald Trump.

M. Huber, comme d’autres inconditionnels, ne s’inquiète pas le moins du monde des premiers pas chaotiques du président Trump.

« C’est un dirigeant mondial dorénavant qui prend les commandes« , a affirmé cet homme blanc de la classe moyenne, représentatif de l’électorat qui a porté au pouvoir ce chef d’Etat atypique.

– ‘Avec Trump à 100%’ –

« Il ne doit rien à personne, je suis avec lui à 100%« , abonde Robert Sponsler, 64 ans, retraité des chemins de fer de Jacksonville, en Floride.

C’est dans cet Etat très peuplé du Sud-Est des Etats-Unis, qu’il a remporté le 8 novembre, que Donald Trump passe ce week-end prolongé, dans sa luxueuse résidence de Mar-a-Lago qu’il a surnommée « la Maison Blanche du Sud« .

Mais après un mois de présidence Trump, l’électorat américain est plus polarisé que jamais.

Plus de huit républicains et proches des républicains sur dix (84%) approuvent sa conduite des affaires, dans une enquête du centre de recherche Pew.

Si ce taux dans son camp politique correspond à celui de ses prédécesseurs, M. Trump affiche un score historiquement bas pour un début de présidence chez ses opposants, avec à peine 8% de démocrates ou affiliés qui sont satisfaits.

Ce sondage date d’avant le départ de son conseiller diplomatique Michael Flynn, forcé de démissionner le 14 février pour avoir menti sur la teneur de ses contacts avec la Russie avant l’investiture du 20 janvier.

Hamon au Portugal pour explorer la gauche plurielle

Paris – En déplacement vendredi et samedi au Portugal où une « gauche plurielle » dirige le pays, Benoît Hamon explore la voie qu’il espère appliquer en France, même si l’accord avec Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot tarde à se dessiner.

« Bien sûr que c’est symbolique: pour notre premier déplacement international, on ne va pas aller voir Mme Merkel à Berlin mais plutôt un gouvernement de gauche« , résume le député de Paris Pascal Cherki, proche de M. Hamon et co-organisateur du voyage du candidat socialiste à l’élection présidentielle.

En quête d’un hypothétique rassemblement des forces de gauche en France, à 9 semaines du premier tour, M. Hamon aimerait trouver la formule magique à Lisbonne où il rencontrera notamment Antonio Costa, le Premier ministre portugais, qui a accepté de modifier son agenda pour le recevoir samedi après-midi.

« On veut montrer l’exemple d’une gauche plurielle qui fonctionne, avec un Premier ministre reconnu sur la scène internationale« , renchérit Jean-Marc Germain, co-directeur de campagne de M. Hamon.

M. Costa, secrétaire général du Parti socialiste local, avait été nommé Premier ministre en novembre 2015 grâce au soutien de la gauche radicale et des communistes. Fin négociateur, l’ancien maire de Lisbonne a en même temps réussi à rassurer la Commission européenne sur son engagement à juguler les déficits. Sans s’aliéner ses alliés.

Ce tour de force intéresse forcément M. Hamon, tenant de l’aile gauche de son camp, qui cherche à matérialiser les convergences existantes avec Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie – Les Verts, et Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise.

Jeudi soir, les électeurs de la primaire EELV ont validé par vote l’engagement des discussions entre les trois hommes, et un accord entre MM. Hamon et Jadot semble proche. Il pourrait même être officialisé dès lundi, selon l’entourage du candidat écologiste.

Les négociations sont nettement plus âpres entre MM. Hamon et Mélenchon. Ce dernier a proposé mercredi au candidat socialiste une rencontre en fin de semaine prochaine.

Les deux hommes se sont « parlé » et doivent encore le faire vendredi, a précisé Benoît Hamon juste avant de s’envoler pour le Portugal, tout en admettant que trouver un accord « sera difficile« .

Peut-être pourra-t-il s’appuyer sur un sondage Odoxa pour franceinfo auprès de 300 sympathisants de gauche publié vendredi indiquant que 44% privilégient l’hypothèse d’un désistement de M. Mélenchon en faveur de M. Hamon. Mais c’est à peine plus que les 40% qui pensent aussi que l’un et l’autre doivent se présenter.

– bientôt l’Afrique et l’Allemagne –

M. Hamon pourra évoquer cette délicate situation vendredi soir lors d’une rencontre avec les partis politiques de gauche portugais, précédée d’un entretien avec les syndicats.

« L’autre objectif de ce déplacement est d’aborder le thème de la légalisation du cannabis et la mise en place de politiques d’accompagnement et de prévention« , indique Pascal Cherki.

Le Portugal a en effet décriminalisé l’usage de toutes les drogues en 2001 et fait figure d’avant-garde sur le sujet. Dans cette optique M. Hamon, qui plaide pour la légalisation du cannabis afin de « tuer les trafics« , débattra avec des « associations investies dans la dépénalisation des drogues« , selon son programme.

Ce déplacement doit aussi permettre d’étoffer la stature internationale de M. Hamon, méconnu à l’étranger.

L’ancien ministre de l’Education devrait dans les deux mois à venir se rendre en Afrique, très probablement au Sénégal où il a passé une partie de son enfance pour y avoir suivi son père, ingénieur aux Arsenaux de Brest détaché à Dakar.

M. Hamon devrait aussi effectuer malgré tout une étape en Allemagne pour « échanger avec Angela Merkel« .

Il entend « mettre sur la table des discussions avec les Allemands (…) la proposition d’une relance du projet européen articulée autour d’un traité de l’énergie, d’un nouveau traité budgétaire (…) d’un plan d’investissement de 1.000 milliards d’euros en faveur de la transition écologique, et d’une nouvelle défense européenne« , a déclaré le candidat dans une interview aux Inrockuptibles.

« Nous avons également des missi dominici qui font le tour de l’Europe pour rencontrer des partenaires« , précise-t-on dans l’entourage de M. Hamon.

La Bourse de Paris reprend son souffle après 6 séances dans le vert

Paris – La Bourse de Paris a clôturé en recul jeudi (-0,52%), prenant le temps de respirer après six séances de hausse d’affilée et de digérer des publications d’entreprises toujours nombreuses.

L’indice CAC 40 a cédé 25,40 points à 4.899,46 points dans un volume d’échanges peu étoffé de 3,3 milliards d’euros. Mercredi, il avait fini en hausse de 0,59%, atteignant son plus haut niveau en clôture depuis novembre 2015.

Sur les autres places européennes, la Bourse de Francfort a reculé de 0,31% et celle de Londres de 0,34%. Par ailleurs l’Eurostoxx a perdu 0,38%.

La cote parisienne avait ouvert quasiment stable, avant de refluer légèrement.

« Le marché parisien temporise un peu après avoir suivi de façon un peu retardée l’ascension des marchés américains« , a relevé auprès de l’AFP Frédéric Rozier, un conseiller de gestion de Meeschaert Gestion Privée.

« Mais la baisse est essentiellement liée à des facteurs techniques, car au regard de la qualité des publications d’entreprises aussi bien en France qu’en Europe, il n’y a pas de raison que la tendance se retourne« , a-t-il complété.

« La saison des résultats dans son ensemble est satisfaisante avec beaucoup d’éléments positifs et même quelques surprises au-delà du consensus des analystes, ce qui offre au marché le potentiel de dépasser facilement les 5.000 points » avant d’arriver aux premières échéances électorales européennes en mars aux Pays-Bas, a-t-il estimé.

Du côté des indicateurs, l’essentiel des publications était concentré outre-Atlantique. Les inscriptions hebdomadaires au chômage y ont augmenté moins que prévu et les mises en chantier de logements ont légèrement baissé en janvier, mais ont été révisées en nette hausse le mois d’avant.

L’activité manufacturière de la région de Philadelphie a de son côté fortement progressé en février.

« Les signaux macroéconomiques sont bons aussi globalement« , a souligné M. Rozier.

Les investisseurs ont par ailleurs pris connaissance d’une communication de la Banque centrale européenne montrant que son bénéfice a encore progressé en 2016, soutenu par le programme de rachats massifs de dettes qui a également fait gonfler son bilan à plus de 3.000 milliards d’euros.

– Air France-KLM décolle –

Sur le front des valeurs, les publications d’entreprises ont continué à animer la cote.

Air France-KLM a bondi (+12,60% à 6,18 euros) grâce à un bénéfice net de 792 millions d’euros pour 2016, en forte hausse après la vente de sa filiale de restauration à bord Servair.

Schneider Electric a cédé 4,17% à 66 euros, pénalisé par la prudence des objectifs qu’il s’est fixés.

Capgemini a pris 3,05% à 81,49 euros, le marché regardant davantage le chiffre d’affaires en hausse de 7,9%, à 12,54 milliards d’euros, que le bénéfice net en baisse de 18% en 2016, à 921 millions d’euros, à cause d’éléments exceptionnels.

Airbus a reculé (-0,83% à 65,77 euros). Le ministère de la Défense autrichien va poursuivre le groupe pour une affaire de fraude et de corruption dans le cadre d’une vente controversée d’avions de combat Eurofighter à l’Autriche.

TF1 a été dynamisé (+5,79% à 10,60 euros) par l’amélioration de sa rentabilité attendue d’ici à fin 2017, malgré une chute de son bénéfice net en 2016.

Imerys a été soutenu (+0,50% à 76,74 euros) par un bénéfice net 2016 multiplié par plus de quatre, à 292,8 millions d’euros.

Vilmorin a gagné 2,17% à 65,49 euros après avoir réduit d’un tiers sa perte nette au 1er semestre de son exercice 2016-2017, à 38,8 millions d’euros, porté par une croissance de 10% de son chiffre d’affaires à 503 millions d’euros.

A l’inverse, Sequana a chuté de 20,65% à 1,46 euro. Le papetier va se placer sous la protection du Tribunal de commerce de Nanterre après la décision de la Haute Cour de Londres le condamnant à verser 138 millions d’euros à British American Tobacco (BAT), et annonce le projet de coter sa filiale Antalis.

Cac 40 (Euronext)

Rachid Kassim, le djihadiste français qui en appellait aux attentats

Rachid Kassim, le djihadiste qui a inspiré les assassins du père Hamel

Rachid Kassim, le djihadiste qui a inspiré les assassins du père Hamel

Selon nos informations, les deux terroristes de Saint-Etienne-du-Rouvray étaient en contact avec Rachid Kassim, un Roannais de 29 ans établi en zone irako-syrienne. Loin d’être livrés à eux-mêmes, ils semblent avoir été influencés, voire guidés, par ce djihadiste sanguinaire et prosélyte.

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Michael Flynn, le troublant général qui conseillait Donald Trump sur la sécurité

Le général Michael Flynn, nommé conseiller à la sécurité nationale par Donald Trump, est connu pour son obsession anti-islam et ses positions ambigües sur la torture et ses relations ambivalentes avec Erdogan et Poutine.

[Mise à jour du 14 février 2017: après avoir reconnu des contacts inappropriés avec la Russie, Michael Flynn a été contraint de démissionner de son poste de conseiller à la sécurité nationale. Voici le portrait que L’Express avait fait de cet ancien général quelques jours après la victoire de Donald Trump à la présidentielle.]

Un conseiller à la mesure de Donald Trump. « Le choix du général à la retraite Michael Flynn comme conseiller à la sécurité nationale du futur président ne surprend guère. Ce militaire atypique est aussi éclectique que Trump lui-même », avance Alexis Rapin, spécialiste des Etats-Unis à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Ses compétences dans le renseignement, en Irak et en Afghanistan, lui ont valu une promotion à la tête du service de renseignements militaires, sous l’administration Obama, en 2012. Mais cette mission a été écourtée deux ans plus tard. Le problème? Il s’est avéré piètre manager, selon ses détracteurs. Lui, prétend que ses désaccords sur la lutte anti-djihadiste, au moment où Barack Obama se flattait d’avoir éliminé Oussama Ben Laden, sont la cause de sa chute.

Ce militaire de 57 ans qui conseille Trump depuis le début de sa campagne est connu pour son franc-parler. Ses positions sur la torture sont des plus ambiguës: interrogé par Al Jazeera sur les déclarations de Trump en faveur du waterboarding et des représailles contre les familles de terroristes, il tergiverse: « Il faut tenir compte des circonstances », dit-il.

L’islam, ce « cancer »

Sa véritable boussole est le rejet de l’islam. « La peur de l’islam est rationnelle », tweete-t-il en février dernier.

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Flynn semble ne faire aucune distinction entre islam et djihadisme: « Nous avons un problème majeur, que personne ne veut reconnaître, à cause du politiquement correct: c’est l’islam. Cette religion est un problème. Je ne parle pas du monde musulman, mais de l’islam » confiait-il au Monde, en mai dernier. Il va jusqu’à qualifier cette religion de « cancer », devant le groupe islamophobe ACT! for America, dont il est conseiller. « L’islam est une idéologie » qui « se cache derrière son statut de religion » proclame-t-il devant la même assemblée, rapporte la chaîne conservatrice Fox News.

Au Proche-Orient, il déplore « les gouvernements défaillants »…

Ses positions en politique étrangère sont iconoclastes: « C’est un faucon, estime Alexis Rapin. Il croit en l’usage de la force, mais estime qu’il ne faut pas dilapider inutilement les ressources du pays ». Raison pour laquelle il fustige les néoconservateurs « qui nous ont conduit de bourbier en bourbier pour de mauvaises raisons ».

Flynn partage avec Trump, selon le quotidien Haaretz, la volonté de renforcer les relations avec Israël et plaide pour un soutien accru à l’autocrate Abdel Fattah al-Sissi, le tombeur des frères musulmans en Egypte.

… Mais soutient les autocrates

Le général attribue pourtant les problèmes du Moyen-Orient à « des gouvernements défaillants ». Mais lorsque le Monde lui demande si les Etats-Unis doivent jouer la carte de régimes stables, même s’ils sont dictatoriaux, il répond par l’affirmative.

Flynn est de ceux qui réclament la renégociation de l’accord sur le nucléaire iranien. Il dénonce la décision d’Obama de ne pas être intervenu en Syrie après l’utilisation d’armes chimiques, en 2013, alors que le président en avait fait une « ligne rouge ». « La décision de ne pas intervenir a été une erreur, elle nous a causé une grande perte de crédibilité, au Moyen-Orient et partout » dit-il.

Proximité avec le Kremlin

Sa proximité avec la Russie inquiète. Il prêche pour de meilleures relations avec le Kremlin afin de combattre les islamistes -tout en condamnant les tentatives d’immixtion de Moscou dans la campagne présidentielle américaine.

Les images du général assis à la table de Vladimir Poutine lors d’un dîner offert pour l’anniversaire de la chaîne d’Etat russe RT, en décembre dernier, ont fait jaser. Ses explications, selon lesquelles il avait été payé pour participer à l’événement, n’avaient pas de quoi rassurer, admet Fox News.

Ses relations avec le régime de Recep Tayyip Erdogan, en pleine dérive autoritaire, sont tout aussi embarrassantes. La société de conseil créée après son limogeage par l’administration Obama, Flynn Intel Group, fait affaire avec des sociétés proches du président turc, d’après le New York Times. Une proximité étalée dans la tribune publiée sur le site The Hill, où il plaide pour un soutien à Erdogan et se prononce en faveur de l’extradition de son pire ennemi, Fethullah Gülen, un « islamiste radical » selon lui.

Pourquoi il n’a pas pu être colistier de Trump

Autre paradoxe, Michael Flynn figurait parmi les possibles colistiers du candidat Trump, au début de l’été, mais deux « détails » l’en ont écarté: son affiliation démocrate -les listes électorales de certains d’Etat « enregistrent » la préférence des électeurs. Et le fait d’avoir déclaré, lors d’une interview, qu’en matière d’IVG, c’était aux femmes de décider. Son empressement à affirmer, le lendemain, son rejet du droit à l’avortement est arrivé trop tard. Il s’est par ailleurs déclaré prêt à conseiller Hillary Clinton si elle était élue, mais il aurait eu peu de chance d’y parvenir, étant banni du cercle de conseillers de l’ex-secrétaire d’Etat, assure le New York Times.

Le général Flynn conseille Trump depuis le début de sa campagne. Ici à Virginia Beach, le 6 septembre 2016.

Le général Flynn conseille Trump depuis le début de sa campagne. Ici à Virginia Beach, le 6 septembre 2016.

Reuters/Mike Segar

Le poste de Conseiller à la sécurité lui permettra en tout cas d’échapper aux accusations de conflit d’intérêt: contrairement aux postes ministériels, les conseillers rattachés au Bureau exécutif du président ne sont pas soumis aux auditions du Sénat.

Sera-t-il une éminence grise de Trump, voire son « Raspoutine » comme le fut Henry Kissinger, au même poste auprès de Richard Nixon? Seule certitude, la cohérence et le sens de la synthèse ne sont pas ses principaux atouts: « Si vous l’écoutez 10 minutes, vous l’entendrez se contredire deux ou trois fois », assure Sarah Chayes de la fondation Carnegie Endowment qui a travaillé avec lui. Un autre trait de caractère qu’il partage avec son patron.

Sécurité routière: le nombre de morts sur les routes a bondi de 8,9% en janvier

257 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en janvier 2017, contre 236 en janvier 2016, rapporte l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière, ce vendredi.

La tendance à la hausse se poursuit. Le nombre de morts sur les routes en janvier a augmenté de 8,9% par rapport à janvier 2016, a annoncé vendredi l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), soulignant qu’il y avait eu moins d’accidents, moins de blessés mais davantage de morts.

LIRE AUSSI >> Sécurité routière: ce qui se prépare en matière de répression

« 257 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en janvier 2017, contre 236 en janvier 2016, soit une augmentation de 8,9%. Cela porte donc à 3490 le nombre de décès sur les routes au cours des douze derniers mois (+1,6%) », précise l’ONISR dans un communiqué.

Baisse de la mortalité chez les jeunes

Ce chiffre « recouvre des réalités contrastées », nuance l’observatoire. Les mortalités des automobilistes et des motocyclistes restent « plutôt stables ». Mais les cyclistes et les piétons sont plus nombreux à mourir sur les routes avec, respectivement, une hausse de 12% et de 18%.

« La mortalité des 18-24 ans, orientée à la baisse, retrouve le niveau d’il y a deux ans, le plus bas enregistré alors que celle des personnes âgées de 65 ans ou plus est en hausse quasi-continue depuis trois ans. Depuis 2010, la mortalité des 18-24 ans a baissé de 29% alors que celle des personnes âgées de 65 ans ou plus a augmenté de +17% », ajoute l’ONISR.

Trump promet la victoire judiciaire pour son décret anti-immigration

Washington – Donald Trump a promis vendredi la victoire dans la bataille engagée pour ressusciter son décret anti-immigration, mesure phare de son début de mandat pour protéger les Etats-Unis de la menace terroriste mais bloquée par la justice.

« Nous poursuivrons le processus judiciaire et je n’ai aucun doute que nous gagnerons dans ce dossier« , a assuré le président américain, au lendemain du camouflet infligé par une cour d’appel de San Francisco.

Sans attendre le dénouement de ce bras de fer, Donald Trump a également promis d’adopter dès la semaine prochaine de nouvelles mesures « en rapport avec une amélioration de la sécurité de notre pays« , lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche.

« D’énormes menaces pèsent sur notre pays. Nous ne permettrons pas que cela arrive« , a-t-il martelé, visiblement agacé que le sujet fasse de l’ombre à sa rencontre avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe.

« Nous allons avancer et continuer à faire des choses qui rendront notre pays plus sûr. Cela va se produire rapidement. On n’autorisera pas des gens qui veulent nous faire du mal à entrer dans notre pays, on autorisera l’entrée de pleins de gens qui aiment notre peuple et feront le bien de notre pays« , a déclaré Donald Trump.

« Je suis parfaitement convaincu que nous mettrons en place une très grande sécurité pour les Américains. Nous aurons un système de contrôles extrêmes » (extreme vetting), a-t-il encore assuré.

– ‘Décision scandaleuse’ –

Signé le 27 janvier, le décret sur la « Protection de la nation contre l’entrée aux Etats-unis de terroristes étrangers » bloquait l’entrée aux Etats-unis des ressortissants de sept pays à majorité musulmane pour trois mois (Iran, Irak, Syrie, Soudan, Libye, Somalie, Yémen) et de tous les réfugiés pour quatre mois. Une interdiction illimitée dans le temps pour les Syriens.

Le 3 février, un juge fédéral de Seattle, dans l’Etat de Washington, a émis une injonction temporaire bloquant l’application du décret sur l’ensemble du territoire américain. C’est l’appel de l’administration Trump contre cette décision que la cour de San Francisco a rejeté jeudi.

Insistant sur la nécessité de protéger « l’intérêt général« , les trois juges de la cour d’appel ont estimé à l’unanimité que l’administration Trump n’avait pas démontré que la suspension du décret se traduirait par de graves atteintes à la sécurité des Etats-Unis, comme elle l’affirme.

Une décision « scandaleuse« , a tonné vendredi matin Donald Trump, qui affirme que la loi ne laisse aucun doute sur le pouvoir discrétionnaire de tout président américain en matière d’immigration.

Les magistrats de la cour d’appel ont justement rejeté cet argument dans leur décision: « Même si les tribunaux doivent un respect considérable aux politiques du président dans les domaines de l’immigration et de la sécurité nationale, il ne fait aucun doute que la justice fédérale conserve la faculté de se prononcer sur la constitutionnalité des décrets de l’exécutif. »

Quelques minutes seulement après l’annonce de leur décision, la colère de Donald Trump avait éclaté jeudi soir sur Twitter: « RENDEZ-VOUS AU TRIBUNAL, LA SECURITE DE NOTRE NATION EST EN JEU!« , avait-il écrit.

Le président, à travers son ministère de la Justice, peut désormais décider de poursuivre la bataille judiciaire devant le tribunal, en se concentrant sur le fond, ou de porter l’affaire devant la Cour suprême, plus haute instance judiciaire des Etats-Unis.

En avion de chasse

C’est amusant, la façon dont l’adrénaline a tendance à me rendre zen après coup. Un petit shoot d’adrénaline, et je suis ensuite zen pendant des semaines. Et là, je risque d’être un maître zen durant pas mal de temps, vu ce que je viens de vivre ! Le week-end dernier, j’ai en effet testé un vol en avion de chasse. J’ai fait ça dans le ciel de Paris et c’était vraiment inoubliable. Néanmoins, quand j’ai raconté ce moment, j’ai été un peu médusé de la réaction de plusieurs amis : ils ne pigeaient tout simplement pas pour quelle raison j’avais investi autant d’argent là-dedans au lieu d’investir dans quelque chose de solide. J’avoue que j’en suis resté comme deux ronds de flanc et n’ai pas trouvé quoi leur répondre sur le moment. Mais au fond, cela aurait-il servi à quelque chose d’essayer de les convaincre ? J’ai tendance à penser que non, qu’eux et moi avons une perception du monde si différente que toute tentative de communication est vouée à l’échec sur ce point. Dans l’absolu, ils ont parfaitement raison : j’aurais pu économiser cet argent pour un écran HDR. Le truc, c’est que je ne suis pas preneur : j’ai déjà tout ce dont j’ai besoin. Ce qu’il me faut, en revanche, c’est de l’adrénaline, des moments d’exception. Vous trouvez que c’est de l’argent dépensé pour rien ? Pour moi, c’est tout le temps qu’on dilapide devant des écrans qui est du temps dépensé pour rien ! Tandis que la demi-heure que j’ai passée dans les airs restera gravée à jamais dans ma mémoire ; et ça, ça compte plus que le reste. Tout ça se résume à un choix existentiel. Au bout d’un moment, il faut savoir faire abstraction. Même de ses amis. Il y aura toujours des gens pour vous juger. Cela ne doit pas vous empêcher de mener votre vie comme vous voulez. Si cette expérience vous tente, en tout cas, voilà le site par lequel je suis passé pour ce vol en avion de chasse. Bonne chance à vous, si vous décidez de vous lancer !

Chaos au Parlement sud-africain pour le discours à la nation du président Zuma

Le Cap – Le discours à la Nation du président sud-africain, sous pression d’appels de l’opposition à démissionner, a donné lieu jeudi à une bagarre générale suite à l’expulsion violente de députés qui tentaient d’empêcher Jacob Zuma de s’exprimer.

Une trentaine d’agents de sécurité ont été envoyés pour faire sortir de force les députés d’opposition du parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF) et ont échangé des coups avec les élus.

Pendant plus d’une heure, ces derniers, vêtus de leurs traditionnelles combinaisons rouges de mineurs et de femme de ménage, avaient interrompu le président Zuma, estimant qu’il n’était pas légitime pour s’exprimer car il a violé la Constitution.

« En face de nous est assis un homme incorrigible, pourri jusqu’à la moelle« , a lancé le leader des EFF, Julius Malema, désignant Jacob Zuma. « Vous êtes un délinquant constitutionnel« , a renchéri Mbuyiseni Ndlozi, un autre député EFF.

En mars, la justice avait en effet reconnu le chef de l’État coupable de violation de la Constitution pour avoir fait payer par le Trésor public des travaux de modernisation de sa résidence privée du KwaZulu-Natal (est). Il en a depuis remboursé une petite partie, soit un demi-million d’euros.

Après cette bagarre, les députés du principal parti d’opposition, l’Alliance Démocratique (DA), ont décidé de quitter le Parlement, en guise de protestation.

Après les incidents, la présidente de l’Assemblée, Baleka Mbete a signalé que des gaz lacrymogène avaient été utilisés pendant les échauffourées et promis qu’une enquête serait ouverte prochainement à ce sujet.

Avec plus d’une heure de retard, le président Zuma a pu commencer son discours devant les parlementaires des deux Chambres.

« Enfin« , s’est-il exclamé en riant, à son arrivée au pupitre.

Pendant qu’il démarrait son discours, la police dispersait à coups de grenades assourdissantes des militants de l’EFF et du Congrès national africain (ANC) de M. Zuma, pour éviter des affrontements dans les rues du Cap.

– Haute sécurité –

Dans un discours sans relief de plus d’une heure, le président a abordé de nombreuses thématiques, y compris celles de la réforme agraire et de la diversité raciale, deux sujets sensibles en Afrique du Sud.

« Ce sera difficile, si ce n’est impossible, d’atteindre une vraie réconciliation tant que la question du partage des terres ne sera pas résolue« , a-t-il dit.

Le chef de l’État a précisé que seuls 9,8% des terres cultivables du pays appartenaient à des Noirs, plus de 20 ans après la fin de l’apartheid.

« Après vingt-deux ans de démocratie, la majorité des Noirs n’ont toujours aucun pouvoir économique (…) et ne sont pas satisfaits« , a-t-il constaté.

C’est la troisième année consécutive que le discours à la Nation de M. Zuma est perturbé par des députés EFF.

En 2015, ils avaient déjà été expulsés par les agents de sécurité aidés par des policiers, tandis que l’an dernier ils avaient quitté d’eux mêmes l’assemblée en chantant des slogans hostiles au chef de l’État.

Cette année, le discours de Jacob Zuma s’est tenu sous haute sécurité avec le déploiement de 441 soldats en renfort des forces de police pour « maintenir l’ordre et la loi » aux abords du Parlement.

Selon Daniel Silke, analyste indépendant interrogé par l’AFP, ce déploiement sécuritaire montre « la nervosité avec laquelle l’ANC arrive à cet événement« .

L’année 2016 a été difficile pour Jacob Zuma puisqu’après avoir été reconnu coupable de violation de la Constitution, il a été considéré comme le principal responsable de la défaite électorale en août de son parti, mis en minorité dans quatre des six plus grandes villes du pays.

En octobre, la publication d’un rapport officiel mettant en lumière ses relations troubles avec une richissime famille d’affaires d’origine indienne, les Gupta, l’a un peu plus affaibli.

L’état de l’économie sud-africaine, au ralenti depuis plusieurs années, ne joue pas non plus en faveur du chef de l’État qui a néanmoins assuré jeudi que le pays entrait dans une phase de « reprise économique« , prédisant une croissance de 1,3% en 2017, contre 0,5% l’an dernier.

Jacob Zuma doit rester chef de l’État jusqu’en 2019, mais il quittera son poste de président de l’ANC à la fin de l’année, ouvrant ainsi une guerre de succession.

A moins que la réouverture de près de 800 charges de corruption dans une vieille affaire de contrat d’armement, une autre épée de Damoclès au-dessus de sa tête, ne vienne écourter son mandat.

Penelopegate: le résumé de l’affaire qui empoisonne François Fillon en 9 actes

Entre révélations, démentis et approximations, difficile de suivre les rebondissements de l’affaire Fillon et des soupçons d’emploi fictif contre son épouse, Penelope Fillon. L’Express vous aide.

Depuis mercredi dernier, François Fillon est au coeur d’une tempête judiciaire et médiatique: il est soupçonné d’avoir fourni un emploi fictif d’attachée parlementaire à sa femme Penelope sur plusieurs années, mais d’avoir aussi fait travailler ses enfants. En parallèle, d’autres affaires commencent à sortir. L’Express rembobine le fil de l’histoire.

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Acte 1. Les révélations choc du Canard enchaîné

Mardi soir, le Canard enchaîné révèle que la femme de François Fillon, Penelope, a été rémunérée près de 10 ans comme attachée parlementaire de son mari, puis du suppléant de celui-ci, mais aussi par la Revue des deux mondes, propriété d’un ami du candidat. Pour un montant global de 500 000 euros.

Si un parlementaire peut tout à fait embaucher un proche, l’hebdomadaire satirique, témoignages à l’appui, met en doute la réalité du travail effectué par l’épouse de l’ancien Premier ministre. L’accusation est rude pour François Fillon, et les soupçons viennent entacher son image d’homme irréprochable qu’il a façonnée.

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Le cas de la Revue des Deux Mondes est éloquent. Entre 2011 et 2014, la revue n’employait qu’une personne, pour un salaire annuel de 12 719 euros. Selon les informations de L’Express, cette somme passe à 58 453 euros en 2013 et 72 427 euros en 2013, en raison de l’embauche de Penelope Fillon. Or, sur cette période, l’épouse de l’ancien Premier ministre n’a publié que deux notes de lecture.

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Acte 2. L’opération transparence un peu ratée de Fillon

Après une première réaction a minima où il parle d’attaques « misogynes » et des déclarations contradictoires et très peu convaincantes de ses lieutenants dans différents médias, François Fillon reprend les choses au main et s’invite au 20 h de TF1 le jeudi. Il dénonce les calomnies et affirme que sa femme a fourni un travail « quotidien et réel » comme attachée parlementaire.

Pour déminer le terrain, et éviter une nouvelle polémique, il révèle avoir rémunéré deux de ses enfants « qui étaient avocats » lors de son mandat de sénateur, entre 2005 et 2007. Problème, Marie et Charles Fillon n’étaient pas, à l’époque, encore diplômés. Ils ont respectivement prêté serment fin 2007 et en 2010.

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François Fillon voulait jouer la carte de la transparence? Raté, il s’embourbe un peu plus et force son entourage à voler à son secours. « [Concernant ses enfants], c’est une imprécision de langage, explique rapidement un proche qui précise que François Fillon voulait dire que ses enfants ‘sont avocats’ aujourd’hui, et non pas qu’il l’étaient à l’époque. » Une nuance, et de taille.

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Acte 3. Les révélations de Mediapart

« Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille », avait coutume de dire Jacques Chirac. François Fillon ne peut qu’acquiescer. Samedi, Mediapart révèle que l’ancien sénateur a perçu une partie des crédits réservés à la rémunération d’assistants lors de son passage au Sénat, entre 2005 et 2007, grâce à un système de commissions occultes.

Le lendemain, le JDD en rajoute une couche. Et précise que l’ex-sénateur « a perçu sept chèques à son nom » pour « un montant total de l’ordre de 21 000 euros » correspondant à des « reliquats de crédits d’assistants ». Une enquête est actuellement en cours sur ce dossier.

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Acte 4. La nouvelle contre-attaque de Fillon à la Villette

Il s’agit pour François Fillon d’éteindre l’incendie et de relancer sa campagne avec son premier gros meeting à La Villette. Devant son épouse, installée au premier rang, François Fillon défend son image d’homme vertueux. Il déclare à nouveau sa flamme à Penelope et s’en prend à ceux « qui ont voulu [les] jeter aux loups ». Mais l’ancien Premier ministre commet un nouvel impair.

Pour faire preuve de transparence, il affirme ne posséder qu’un seul compte bancaire, à Sablé-sur-Sarthe. Problème: l’Assemblée nationale en exige au moins deux pour les députés. L’équipe de François Fillon est de nouveau obligé de corriger le candidat et précise, notamment auprès de Libération, qu’il possède « deux comptes », mais « dans une seule banque ». Un nouveau flou qui vient fragiliser ses explications.

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Acte 5. Les auditions, les perquisitions et les questions

Lundi soir, le candidat à l’élection présidentielle et sa femme ont été entendus séparément par les enquêteurs anticorruption. Après 5 heures d’audition, ils ont affirmé avoir « apporté des éléments utiles » à la justice, sans préciser la nature des-dits éléments. Antonin Lévy, l’avocat de François Fillon, a même expliqué que la nature des activités de Penelope Fillon n’était pas forcément « tangible ».

Mardi matin, l’enquête a franchi une nouvelle étape et une perquisition a eu lieu dans le bureau de François Fillon à l’Assemblée nationale. Les premiers éléments mis au jour ne plaident pas en faveur de la défense du couple: d’après BFM TV, Penelope Fillon ne se souvient pas avoir signé de contrat de travail et les fiches de paie correspondant à son travail auprès du suppléant de Marc Joulaud « manquent ».

Acte 6. La facture s’alourdit

Dans son édition de mercredi, le Canard Enchaîné dégaine une nouvelle salve de révélations. Selon l’hebdomadaire, Penelope Fillon aurait touché au total plus de 900 000 euros brut comme collaboratrice de son mari, de son suppléant et à la Revue des Deux Mondes. Et la période incriminée s’étend: il ne s’agit plus de 1998 à 2012 mais aussi des années 1988 à 1990 puis l’année 2013.

Par ailleurs, le candidat de la droite à la présidentielle aurait rémunéré deux de ses enfants comme assistants parlementaires quand il était sénateur de la Sarthe entre 2005 et 2007, pour une somme cumulée de 84 000 euros. Et non pas pour des missions « ponctuelles » et « précises », comme il avait tenté de déminer au 20 heures de TF1.

Acte 7. Soupçon d’emploi fictif sur un « pilier de l’équipe Fillon »

Selon Mediapart, le propriétaire de La Revue des deux Mondes, Marc Ladreit de Lacharrière, aurait rémunéré une personne chargée de la campagne numérique du candidat Les Républicains. Il s’agit d’Alexia Demirdjian, qui aurait oeuvré de mars 2015 à mars 2016 en tant que « chargée de mission » de la Fondation Culture et Diversité, une structure appartenant au milliardaire.

Problème d’après Mediapart: Alexia Demirdjian, dont l’implication dans la campagne de François Fillon est officielle depuis mars 2015, n’aurait laissé aucune trace publique de son travail à la fondation.

Acte 8. Des activités de conseil bien mystérieuses

Depuis plusieurs semaines, sa société de conseil, 2F Conseil, est dans l’oeil de la presse. Pour l’instant, rien de délictueux n’a été rapporté mais plusieurs éléments interrogent. Si la loi interdit à un député de créer une société de conseil, François Fillon a profité de la fenêtre de tir d’un gros mois entre son départ de Matignon, en mai 2012 et son élection à l’Assemblée en juin pour créer sa structure.

En revanche, il refuse depuis le début de révéler qui sont ses les clients de cette structure qui, révèle Le Monde ce mercredi, lui a permis d’empocher 757 526 euros entre 2012 et 2015. Le candidat écolo à la présidentielleYannick Jadot, sans apporter de preuve, a attaqué sur le sujet: « Il aurait travaillé pour des société russes. On comprendrait alors la complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine. »

Mediapart et Le Monde révèlent ce mercredi une affaire dans l’affaire, en expliquant qu’un des clients de la société est le cabinet Ricol Lasteyrie Corporate Finance, fondé par René Ricol, un ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. Libération s’interroge sur l’utilisation de fonds obtenus via cette société puisque les comptes du couple « pèse[nt] une cinquantaine de milliers d’euros ».

Acte 9. De nouvelles révélations

Pour quelles raisons Marc Ladreit de Lacharrière, patron de Fimalac et proche du candidat, a-t-il fait travailler Penelope Fillon à La Revue des Deux Mondes? Les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme se sont penchés sur la question dans une enquête. L’homme d’affaires a été décoré de la grand-croix de la Légion d’honneur le 31 décembre 2010 par Nicolas Sarkozy, sur recommandation de François Fillon, l’année précédant l’embauche de Penelope Fillon.

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Par ailleurs, selon les journalistes, le candidat aurait expliqué aux enquêteurs du parquet national financier que ses enfants, rémunérés comme assistants parlementaires à l’époque où il était sénateur, auraient collaboré à des projets ayant peu de rapports avec la circonscription de la Sarthe. Sa fille, Marie Fillon, l’aurait aidé à écrire son livre La France peut supporter la vérité, publié en 2006. Son fils Charles, lui, aurait été rémunéré pour participer à la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Une pratique illégale (si elle est confirmée) pour un collaborateur parlementaire.