Promis à un quasi accident industriel, dans un Stade de France jugé trop grand pour lui, Prince a su déjouer les pronostics.
[ARCHIVES] Jeudi soir au Stade de France, Prince a fait étalage sur scène de tout le brio et de la générosité qui ont bâti sa légende de show-man irrésistible. C’est la magie de la musique et de ceux qui l’interprètent avec talent que de transporter les auditeurs vers un « ailleurs ». C’est ce qu’ont fait pendant près de trois heures Prince et ses musiciens avec le renfort du formidable saxophoniste Maceo Parker dans le cadre pourtant gris et impersonnel du Stade de France.
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Si, comme prévu, l’enceinte dionysienne d’une capacité maximale de 80 000 places n’était pas bondée, il s’en est fallu de quelques milliers de places: les gradins étaient copieusement garnis et la pelouse remplie aux trois quarts.
Effrayés par la mévente, les organisateurs avaient, il est vrai, organisé à deux reprises la vente de 5 000 billets à prix bradés.
Autre motif d’inquiétude, la capacité de Prince, alias Roger Nelson, à apprivoiser le gigantisme des lieux. Si, par le passé, il a su donner toute sa mesure dans des salles plus petites comme Bercy, le Bataclan ou le New Morning son seul passage dans un stade français, le Parc des Princes le 16 juin 1990, est considéré par beaucoup comme un désastre.
La revanche du Prince
Les spectateurs présents jeudi au Stade de France ont mis cependant peu de temps à comprendre qu’il n’en serait rien cette fois-ci.
Dans un grondement de tonnerre, une sculpture du « love symbol », qui fut longtemps l’emblème de Prince dans les années 1990, est d’abord apparue. Puis est arrivé l’artiste lui-même et ses talentueux musiciens parmi lesquels, la chanteuse Shelby Johnson et le saxophoniste Maceo Parker qui accompagna pendant un quart de siècle le défunt James Brown.
Puisant dans un répertoire de 300 titres, le « kid de Minneapolis », 53 ans, s’est amusé à télescoper comme dans une « jam session », ses hits, avec des chansons plus méconnues voire des reprises transfigurées comme Come Together des Beatles ou Don’t stop till you get enough de Michael Jackson.
Habillé d’une chemise en soie dorée sous une sorte de kimono sans manche, Prince joue de tous les instruments, du piano, de la basse, d’une guitare avec laquelle il part dans d’incroyables solos.
Les tubes, comme C.R.E.A.M ou Purple Rain, donnent lieu à de véritables scènes de communion avec un public aux anges. Le show est rythmé, funky, jubilatoire. Peu de gens dans le public y résistent et beaucoup dansent, un sourire béat aux lèvres.
« Je pourrais jouer toute la nuit pour vous », hurle l’artiste pendant Kiss, qui sera cependant son dernier morceau après 2h45 de concert.