Deux forcenés ont pris en otage ce mardi plusieurs personnes dans une église près de Rouen. Ils ont été abattus par les forces d’élite de la police. Un prêtre a été égorgé et un paroissien sérieusement blessé. L’attaque, dont les l’un des auteurs a été identifié, a été revendiquée par Daech.
Bain de sang en Seine-Maritime. Un prêtre a été tué ce mardi lors d’une prise d’otages dans son église, à Saint-Etienne-du-Rouvray, dans l’agglomération de Rouen. L’attaque, menée par deux assaillants abattus par les forces de l’ordre, a été revendiquée par le groupe Etat islamique.
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Le parquet antiterroriste de Paris s’est saisi de l’enquête, confiée à la sous-direction antiterroriste (SDAT) et aux services de renseignement (DSGI).
Que s’est-il passé?
Deux forcenés ont fait irruption aux alentours de 9h25 et ont retenu en otage six civils: un curé, trois soeurs et deux fidèles. Une religieuse, soeur Danielle, est parvenue à fuir et a alerté la police. « Ils sont entrés brusquement. Ils ont pris l’espace. Ils parlaient en arabe, a-t-elle confié au Figaro. J’ai vu un couteau. Je suis partie au moment où ils commençaient à agresser le père Jacques. Je ne sais même pas s’ils ont réalisé que je partais ».
Le prêtre, qui a été frappé au thorax et égorgé, est mort. Selon soeur Danielle, les assaillants ont filmé leur crime. « Ils se sont enregistrés. Ils ont fait un peu comme un sermon autour de l’autel en arabe », a-t-elle indiqué à RMC.
Un autre paroissien, âgé de 86 ans, a été blessé, mais son pronostic vital n’est pas engagé, a déclaré ce mardi François Molins, le procureur de la République de Paris.
Les deux assaillants ont été abattus sur le parvis de l’église par les hommes de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Rouen. Outre des armes blanches, les assaillants avaient un « vieux pistolet inopérant » et un dispositif explosif « factice », selon un source proche du dossier.
L’église concernée est située rue Gambetta, dans le centre ville. Les deux forcenés seraient passés par l’entrée de derrière alors que se déroulait une messe. « C’est une petite église, qui dispose de peu de fidèles », explique la gérante d’un institut de beauté situé non loin, contactée par L’Express.
Qui sont les tueurs et quelles sont leurs motivations?
L’attaque a été perpétrée par « deux terroristes se réclamant de Daech », a affirmé François Hollande, qui s’est rendu sur les lieux du drame. Le groupe terroriste a ensuite revendiqué l’attaque, via son agence de propagande Aqma. Les deux assaillants avaient prêté allégeance à Daech dans une vidéo relayée par Amaq.
L’un des deux suspects, Adel Kermiche, 19 ans, était mis en examen depuis 2015 pour association de malfaiteur en lien avec une entreprise terroriste, après deux départs avortés vers la Syrie. Il était assigné à résidence et placé sous bracelet électronique, après avoir été placé en détention provisoire. Le parquet avait fait appel de sa libération
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L’identification « formelle » du second terroriste est toujours en cours. Les enquêteurs ont toutefois acquis la quasi-certitude qu’il s’agit d’un dénommé Abdel Malik P., un jeune homme de 19 ans originaire de Savoie. Une carte d’identité à ce nom a été retrouvée au domicile familial d’Adel Kermiche. Selon nos informations, le téléphone du complice présumé a, en outre, borné près de l’église où a été perpétré l’attentat.
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Seules les comparaisons ADN entre la dépouille du tueur et un membre de la famille d’Abdel Malik P. permettront de lever les derniers doutes.
Qui est la personne en garde à vue?
Un homme a été interpellé avant d’être placé en garde à vue en début d’après-midi. Il s’agit d’un mineur de 16 ans dont les initiales sont H.B, d’après une source proche de l’enquête et une source policière.
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Comme Adel Kermiche, H.B. vit à Saint-Etienne-du-Rouvray, plus précisément à 200 mètres de l’église visée. Bernard Cazeneuve a affirmé ce mercredi matin sur Europe 1 que lors de son interpellation, ce mineur était assigné à résidence depuis la semaine dernière, sur décision de la préfète du département.
Selon le ministre de l’Intérieur, « il ne semble pas qu’il y ait de lien entre cet individu et ce qu’il s’est passé à Saint-Etienne-du-Rouvray ». Son grand frère, A.B., est parti en Syrie au printemps 2015 avec les papiers d’identité d’Adel Kermiche. Peu travailleur, A.B. fréquentait assidûment la mosquée et se serait radicalisé en l’espace de deux mois.
Qui sont les victimes?
Le prêtre tué est le père Jacques Hamel. Il était âgé de 84 ans, selon l’archevêque de Rouen. Il officiait comme prêtre auxiliaire dans l’église.
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Jointe par L’Express, une paroissienne décrit la victime comme un « bon prêtre », « très disponible pour les uns et les autres ». « C’était quelqu’un de très apprécié dans la commune, abonde la gérante d’un salon de beauté, situé dans la rue de l’église attaqué. Il était très discret, il n’aimait pas se mettre en avant ».
Quelles sont les réactions de l’exécutif et des instances religieuses?
Le président de la République s’est rendu sur les lieux de l’attentat, accompagné du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. « Ce sont les catholiques qui ont été frappés, tous les catholiques, mais ce sont tous les Français qui se sentent concernés », a déclaré François Hollande. Ce mardi soir, le chef de l’Etat a lancé depuis l’Elysée: « Tuer un prêtre, c’est profaner la République. »
Sur Twitter, Manuel Valls a également appelé à faire « bloc ». Le Premier ministre s’est longuement exprimé ce mardi lors du JT de TF1. « En s’attaquant à un prêtre, à l’Eglise catholique, on voit bien quel est l’objectif: jeter les Français les uns contre les autres, s’attaquer à une religion pour provoquer une guerre de religions », a-t-il affirmé.
De son côté, le pape François a déclaré s’associer « à la douleur et à l’horreur » et a condamné l’attaque « de la manière la plus radicale ». Le Conseil français du culte musulman a enfin condamné « avec la plus grande vigueur cet acte terroriste lâche et barbare » et a exprimé sa « totale solidarité avec l’ensemble des chrétiens de France », dans un communiqué.