JO de Rio: le cupping, « le dopage physiologique » utilisé par Michael Phelps

Le nageur américain a dévoilé de grosses marques rouges dans son dos au moment du relais 4x100m remporté par les Etats-Unis, dans la nuit de dimanche à lundi.

Non, ce ne sont pas d’énormes suçons. Ces traces que vous observez chez certains athlètes américains lors des Jeux de Rio représentent en fait la marque de petites coupes posées sur leur peau pendant une quinzaine de minutes pour produire un effet de ventouse.

« L’apport sur la performance est inestimable »

Une pratique loin d’être révolutionnaire, mais de retour à la mode cette année. Du moins chez les athlètes américains. Avec ses dix-neuf médailles d’or olympique autour du cou, Michael Phelps en est un grand adepte. A tel point qu’il a intégré le cupping dans sa dernière vidéo promotionnelle.

Une utilisation qui n’étonne pas le Français Michel Henry, président de l’association internationale des praticiens de la médecine des ventouses: « Le cupping, c’est un geste simple qui peut donner des résultats merveilleux, estime celui qui a formé plus de 1000 professionnels à l’utilisation des ventouses. D’une part, ça a un effet antalgique et d’autre part ça a un effet dopant. Mais c’est autorisé, car c’est du dopage physiologique et non chimique. »

L'épaule droite de Michael Phelps et son dos portaient encore les stigmates d'une séance de cupping lors de son passage au relais 4x100m nage libre.

L’épaule droite de Michael Phelps et son dos portaient encore les stigmates d’une séance de cupping lors de son passage au relais 4x100m nage libre.

REUTERS/Dominic Ebenbichler

En fait, les ventouses sont posées en fonction du résultat recherché. « Le corps humain est constitué de milliers d’interrupteurs, explique Michel Henry. On pose les ventouses sur les interrupteurs que l’on souhaite activer. Avec cette méthode, on peut augmenter la qualité respiratoire, réduire la fatigue musculaire ou soigner une blessure. Ça peut même avoir un effet sur le mental! » Traitée à temps à l’aide de ventouses, une entorse se soignerait en 72 heures et une tendinite en une seule pose.

« Surprenant que les Français ne s’y mettent pas »

« On sous-estime le nombre de sportifs qui y ont recours, lance le spécialiste en rappelant que certains athlètes chinois avaient déjà eu recours à cette technique lors des Jeux de Pékin en 2008. Dimanche soir, c’était flagrant avec les nageurs car ils sont torse nu, mais les autres athlètes ont peut-être les mêmes traces. » Nathan Adrian, l’autre star du 4x100m américain est un adepte du cupping, qui prospère aussi dans d’autres disciplines. Entre autres, le All Black Sonny Bill Williams ou la grande majorité de l’équipe de baseball des Mets de New York s’y sont mis.

« Je rigole parce que ça fait tellement mal… Ça va laisser une sacrée trace », écrit Nathalie Coughlin sur son compte Instagram. La triple championne olympique américaine qui n’a pas été retenue pour Rio 2016 est contredite par Michel Henry: « Vous êtes debout? Pincez-vous la fesse et vous verrez la sensation que fait la pose d’une ventouse. »

Alexander Naddour, lui aussi adepte du cupping, lors de l'épreuve de qualification en gymnastique artistique.

Alexander Naddour, lui aussi adepte du cupping, lors de l’épreuve de qualification en gymnastique artistique.

REUTERS/Dylan Martinez

Une méthode presque indolore, une meilleure élimination des toxines, une récupération musculaire améliorée, moins de douleurs, un mental boosté, une respiration plus forte… Mais alors, comment se fait-il qu’une méthode si révolutionnaire ne soit utilisée que par les Américains, ou presque, et non par les membres de l’équipe de France olympique de natation? « Bien sûr que c’est étonnant, tonne Michel Henry. Cela fait quarante ans que je me bats pour former des professionnels à cette technique. » De là à expliquer la défaite des Français derrière les Américains au relais 4x100m pour soixante petits centièmes… En tout cas, le spécialiste ne serait pas surpris de pouvoir le sport français se pencher de plus en plus sur la question.