Christian Estrosi attaque un élu FN, « héritier de Goebbels »

Lors d’une séance du conseil régional de Paca, le député Les Républicains et ancien maire de Nice s’en est pris à Philippe Vardon, élu FN issu des identitaires niçois.

La séance a été houleuse. Le président (LR) de PACA Christian Estrosi s’en est vivement pris vendredi à son opposition Front national, en séance plénière du conseil régional, qualifiant « d’héritier de Goebbels » (le chef de la propagande nazie) l’un de ses élus, Philippe Vardon, issu des extrémistes identitaires niçois.

Dans un contexte marqué par la diffusion sur C8 mercredi d’un reportage polémique sur le Front national, Christian Estrosi a attaqué la complaisance supposée de Marion Maréchal-Le Pen, envers les éléments les plus radicaux du Front national local. Un conseiller régional, Benoît Loeillet, a été exclu du groupe FN après avoir tenu, dans ce documentaire en caméra cachée, des propos négationnistes.

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« Les saluts nazis de Monsieur Vardon, vous vous en accommodez! »

Le député LR s’en est pris nommément à Philippe Vardon, ancien dirigeant des identitaires niçois de Nissa Rebela, qui a poli son discours depuis son entrée au FN et son ascension aux côtés de sa chef de file régionale, Marion Maréchal-Le Pen. Dans le reportage de C8, Vardon ironise notamment sur le caractère « inquiétant » du fait que « tous les mecs qui (lui) serrent la main, (soient) noirs ». Il n’a pas été sanctionné par le parti d’extrême droite.

« Les saluts nazis de Monsieur Vardon,(…)vous vous en accommodez! Les chants xénophobes de M. Vardon, (…) vous vous en accommodez! Les distributions de soupes au porc de Monsieur Vardon, vous vous en accommodez! » a lancé Christian Estrosi. « La vérité Madame Le Pen, c’est que vous n’êtes pas républicaine. Monsieur Vardon, c’est un héritier de Goebbels, qui disait ‘plus c’est gros plus ça passe’, Monsieur Vardon a tout appris de lui et vous avec lui », a-t-il poursuivi. Joseph Goebbels était le chef de la propagande nazie.

Philippe Vardon porte plainte

La séance avait déjà été émaillée de plusieurs vives passes d’armes. Avant l’intervention de Christian Estrosi, le Front national l’avait appelé à « faire le ménage » chez les Républicains en refusant d’investir aux législatives le député-maire de Six-Fours-les-Plages (Var), condamné en septembre 2014 à 2.000 euros d’amende pour un tweet raciste traitant des « casseurs » de « descendants d’esclaves ».

Sur son compte Twitter, puis dans un communiqué, Philippe Vardon a affirmé sa volonté de porter plainte. « Christian Estrosi m’a diffamé et injurié à plusieurs reprises », écrit-il.

En janvier 2017, Philippe Vardon avait déjà attaqué et obtenu la condamnation pour diffamation, en leur absence, de l’auteur et de l’éditeur d’un livre, « Rose Marine » qui affirmait qu’il avait été filmé en train de faire un salut nazi, selon une décision du tribunal de grande instance de Paris, transmise à l’AFP par le Front national.

L’ex-député UMP Jérôme Rivière, désormais au FN et investi pour les législatives dans la 6e circonscription du Var, s’est indigné des déclarations de l’ancien maire de Nice. « C’est une banalisation de l’Holocauste, c’est une forme de mépris pour les victimes de la Shoah », a-t-il déclaré.

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Les crédits à la consommation atteignent un record, la croissance en profite

Les banques proposent des taux de crédit à la consommation très bas. Le montant des encours ne cesse d’augmenter, pour le grand bénéfice du marché automobile.

Sur l’affiche, le couple est tout sourire, presque provocateur, une belle voiture neuve derrière lui. Dans une campagne de publicité, la Poste propose un prêt à la consommation au taux fixe de 3,49%, et promet de s’aligner sur de meilleures offres.

Grâce à la politique monétaire de la BCE qui mis son taux directeur à zéro et prête de l’argent aux banques, s’endetter coûte de moins en moins cher. Des taux aussi bas, c’est du jamais-vu.

Un encours record de crédits à la consommation

La BCE est-elle en train de gagner son pari pour relancer l’inflation et la croissance, comme l’a soutenu jeudi son président Mario Draghi? Peut-être, si l’on regarde la progression de l’encours des crédits à la consommation en France.

Entre mars 2014 et décembre 2014, il était passé de 145,4 milliards d’euros à 146,5 milliards. Au cours de l’année 2015, il a grimpé jusqu’à 151,8 milliards. Le plus haut enregistré jusqu’à présent était de 150 milliards en 2011.

Encours de crédit à la consommation, 1995 - 2015.

Encours de crédit à la consommation, 1995 – 2015.

Webstat/Banque de France

L’année 2016 commence fort, selon les derniers chiffres disponibles de la Banque de France. En mars, l’encours atteignait 153 milliards d’euros, un bond de 5,2% sur douze mois. Une progression plus forte que celle des prêts immobiliers, eux aussi en plein boom.

« Il y a une forte reprise, c’est plutôt bon signe », analyse pour L’Express Bertrand Couillault, spécialiste des statistiques à la Banque de France.

… qui profite au secteur automobile

« Le crédit à la consommation profite surtout aux ventes automobiles », relève également Bertrand Couillault. L’Insee, qui a relevé une « forte » progression de 1% de la consommation des ménages au premier trimestre 2016, explique qu’il s’agit surtout de dépenses en biens, « notamment en équipement du logement, en automobile et en habillement ».

Selon les derniers chiffres du Centre des constructeurs français d’automobile (CCFA), le marché a progressé de 10,5% dans les cinq premiers mois de l’année.

Une contribution majeure de la consommation au PIB

Résultat: la consommation couplée à l’investissement a porté la hausse de 0,6% du PIB au premier trimestre de l’année. La consommation des ménages – 55% du PIB – y a contribué à elle seule à hauteur de 0,6 point, l’investissement à hauteur de 0,3 point, le commerce extérieur et les variations de stocks contribuant de façon négative, explique le site de l’Insee.

L’accroissement des encours de crédit enregistré en 2016 ne représente que quelques milliards sur les 281,82 milliards d’euros qu’ont dépensé les Français au premier trimestre. Pour autant, son évolution reste tout de même le symptôme d’un retour de la confiance.

Pays-Bas: les libéraux du Premier ministre en tête devant Wilders

La Haye – Le Premier ministre libéral néerlandais Mark Rutte semblait avoir facilement battu mercredi son rival d’extrême droite Geert Wilders lors de législatives scrutées à la loupe en Europe, selon des sondages sortie des urnes.

Ces sondages diffusés à la clôture des bureaux de vote à 20H00 GMT créditaient les libéraux du VVD de 31 sièges sur les 150 de la chambre basse du parlement, ce qui représente néanmoins une perte de 10 sièges par rapport aux dernières élections en 2012.

Après le Brexit au Royaume-Uni et la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, tous les yeux étaient braqués sur la formation de Geert Wilders, dont le score est perçu comme un indicateur de la montée du populisme en Europe à moins de 40 jours de la présidentielle française et avant les législatives allemandes de l’automne.

Les chrétiens-démocrates du CDA, les progressistes de D66, et le PVV de Geert Wilders, avec lequel les principales formations ont d’ores et déjà exclu de gouverner, ont chacun remporté 19 sièges.

« Électeurs du PVV, merci! Nous avons gagné des sièges! Le premier succès est acquis!« , a tweeté le député, qui avait remporté 15 sièges sur les 150 de la chambre basse du parlement aux dernières élections, « et Rutte n’est pas encore débarrassé de moi! »

Dans une salle bondée de La Haye, les sympathisants du VVD, verre de champagne à la main, ont fêté leur succès. « J’estime que c’est une victoire pour l’Europe car il y a beaucoup de pays où les partis populistes deviennent de plus en plus grands« , a affirmé à l’AFP la ministre à l’Infrastructure sortante, Melanie Schultz.

Déjà marquée par les questions de l’identité et de l’immigration dans ce pays de 17 millions d’habitants, la campagne avait été phagocytée par l’éclatement le week-end dernier d’une crise diplomatique avec Ankara après l’interdiction faite par les autorités néerlandaises à des ministres turcs de participer à des meetings en faveur du président Recep Tayyip Erdogan.

Ce qui, selon les experts, aurait bénéficié au Premier ministre.

– 81% de participation –

Les travaillistes du PvdA, partenaires de la coalition sortante, ont eux enregistré une défaite historique et perdu 29 sièges. « Il s’agit d’un résultat absolument décevant« , a affirmé le chef de file du parti, Lodewijk Asscher : « mais c’est là la décision des électeurs et nous devons la respecter« .

Les écologistes de GroenLinks, menés par le charismatique Jesse Klaver, ont quadruplé leur score et récolté 16 sièges. Les premiers décomptes officiels partiels étaient attendus vers 23H30 (22H30 GMT).

Le scrutin a été marquée par une participation massive : 81% des 12,9 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes, selon l’Institut de sondage Ipsos. Aux dernières élections en 2010 et 2012, ces taux étaient de 74,6% et 75,3%.

Plusieurs communes ont ainsi du réimprimer des bulletins de votes, ou installer des isoloirs supplémentaires.

« Le PVV (de M. Wilders) n’est pas une force révolutionnaire« , a commenté pour l’AFP Geerten Waling, chercheur en histoire politique à l’université de Leiden. « Bien qu’il (le PVV) ne soit pas petit, les gens sont restés du côté des hommes politiques raisonnables« .

A plusieurs reprises dans le passé, l’élu à la chevelure peroxydée a vu son score dégringoler entre les prédictions des sondages et le résultat du scrutin. Dans son programme politique succinct, il a promis d’interdire l’accès des Pays-Bas aux immigrants musulmans, d’interdire la vente du Coran et de fermer les mosquées, dans un pays dont la population compte environ 5% de musulmans.

« Mais peu importe l’issue des élections aujourd’hui, le génie ne retournera pas dans la lampe et cette révolution patriotique, que ce soit aujourd’hui ou demain, aura de toute façon lieu« , avait-t-il assuré en votant dans la matinée.

– Coalition de centre-droit’ –

Le système électoral néerlandais à la proportionnelle presque intégrale oblige à créer des coalitions et dans un paysage aussi fragmenté, la formation pourrait prendre des mois – le record est de 208 jours.

Le CDA et D66 sont des partenaires naturels pour les libéraux mais une telle construction aurait besoin d’un parti supplémentaire pour obtenir la majorité de 76 sièges. Les regards se portent vers les chrétiens (CU, 6 sièges) et les protestants rigoristes du SGP (3 sièges).

« Il existe néanmoins d’autres candidats potentiels« , comme les écologistes, affirme M. Waling.

Par peur d’attaques informatiques, les bulletins seront intégralement décomptés à la main et les résultats officiels communiqués mardi.

Nouvelles attaques d’Erdogan, la crise avec l’Europe s’envenime

Istanbul – Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau éreinté les Pays-Bas mardi en évoquant leur rôle dans le génocide de Srebrenica, en 1995 dans l’ex-Yougoslavie, et en promettant qu’il n’en resterait pas là avec La Haye.

Maintenant la pression au risque de détériorer encore plus des relations déjà tendues avec plusieurs pays européens, M. Erdogan a estimé qu’un « oui » au référendum du 16 avril sur le renforcement de ses pouvoirs serait la meilleure réponse au « ennemis » de la Turquie.

Dans un discours à Ankara, M. Erdogan a promis de « nouvelles mesures » contre La Haye après une série de sanctions diplomatiques annoncées lundi pour avoir empêché deux ministres turcs d’assister à des meetings de campagne de la diaspora turque.

Il en a profité pour évoquer Srebrenica, enclave sous protection de Casques bleus néerlandais où quelque 8.000 hommes et garçons musulmans ont été massacrés par les forces serbes de Bosnie, une affaire vécue comme un traumatisme aux Pays-Bas.

« Nous connaissons les Pays-Bas et les Néerlandais par le massacre de Srebrenica. Nous savons combien leur moralité (…) a été entamée par les 8.000 Bosniens qui ont été massacrés« , a déclaré M. Erdogan. « Personne ne devrait nous donner des leçons de civilisation. Leur histoire est sombre, mais la nôtre est propre« .

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a immédiatement réagi, qualifiant ces propos de « falsification nauséabonde de l’Histoire« . « Il continue à envenimer la situation« , a-t-il ajouté. « Nous n’allons pas nous abaisser à ce niveau. C’est totalement inacceptable« .

Lundi soir, la Turquie avait annoncé la suspension des rencontres au niveau ministériel avec les Pays-Bas et son refus du retour à Ankara de l’ambassadeur néerlandais, actuellement à l’étranger.

La crise avec la Turquie, où la Haye est le premier investisseur étranger, intervient alors que les Pays-Bas organisent mercredi des élections législatives où le parti du député islamophobe Geert Wilders est donné en deuxième place par les sondages.

Le ministre allemand de l’Intérieur Thomas de Maizière a accusé mardi le pouvoir turc de chercher par ses « provocations » contre l’Europe à se poser « en victime » pour peser sur le résultat du référendum.

L’Allemagne a été la première début mars à s’attirer les foudres du président Erdogan après que des municipalités ont interdit à des ministres turcs de promouvoir le « oui » au référendum du 16 avril. Le chef de l’État turc a répliqué en accusant à maintes reprises Berlin d’user de méthodes nazies.

– Washington appelle au calme –

Le chef de la chancellerie allemande Peter Altmaier, un proche d’Angela Merkel, a également haussé le ton mardi soir en menaçant d’interdire aux dirigeants turcs de se rendre en Allemagne.

Et dans le sillage de cette crise, l’État allemand de la Sarre, frontalier de la France, a décidé d’interdire à tout responsable étranger des réunions électorales sur son territoire.

Mardi le ministère turc des Affaires étrangères a accusé l’Union européenne d’alimenter « la xénophobie et les sentiments anti-turcs » pour avoir enjoint Ankara la veille de « s’abstenir de toute déclaration excessive« .

Le ministère turc a estimé dans un communiqué que la déclaration de l’UE n’avait « pas de valeur« , regrettant qu’elle n’ait été adressée qu’à Ankara et pas aux autres pays impliqués dans cette crise diplomatique.

Dans une interview diffusée lundi soir, M. Erdogan s’en était aussi pris personnellement à la chancelière Angela Merkel, l’accusant de « soutenir les terroristes« , l’Allemagne abritant selon lui des militants de la cause kurde et des putschistes présumés impliqués dans le coup d’État avorté du 15 juillet 2016 en Turquie.

Mme Merkel a jugé ces propos « aberrants« .

« Les hommes politiques européens succombent à ce populisme raciste et anti-islam qui sape les valeurs démocratiques« , a écrit mardi le porte-parole de M. Erdogan, Ibrahim Kalin, dans une tribune parue dans la presse.

Inquiet des répercussions de cette crise diplomatique sur les relations entre la Turquie et ses alliés de l’Otan, le département d’État américain a appelé les parties en présence à « éviter l’escalade rhétorique et à travailler ensemble pour résoudre ce différend« .

Lundi, le ministre turc des Affaires européennes Omer Celik avait évoqué un possible « réexamen » du pacte sur la lutte contre l’immigration conclu il y a un an avec l’Europe.

La diaspora turque en Europe est estimée à plus de quatre millions de personnes dont près de 2,5 millions ont le droit de vote dans les scrutins turcs.

Leurs voix sont particulièrement convoitées par Ankara en vue du référendum sur le renforcement des pouvoirs du président Erdogan et dont l’issue s’annonce serrée

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Mangas


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Crise entre la Turquie et les Pays-Bas, Erdogan crie au « nazisme »

La Haye – L’interdiction faite au ministre turc des Affaires étrangères d’atterrir aux Pays-Bas pour y mener campagne en faveur du président turc a viré à la crise diplomatique samedi, Recep Tayyip Erdogan accusant La Haye d’entretenir des « vestiges du nazisme ».

Les Pays-Bas, en pleine campagne électorale, ont annoncé qu’ils « retiraient les droits d’atterrissage » de l’avion qui aurait dû conduire Mevlut Cavusoglu sur leur sol. « Les autorités turques ont menacé publiquement de sanctions. Cela rend impossible la recherche d’une solution raisonnable« , a expliqué le gouvernement néerlandais.

La décision de La Haye a suscité l’ire du président Recep Tayyip Erdogan qui a dénoncé des « vestiges du nazisme« . Des propos qualifiés de « fous » et « déplacés » par le Premier ministre néerlandais Mark Rutte.

En revanche, et à rebours de la décision de La Haye, les autorités locales ont confirmé la venue de M. Cavusoglu dimanche à Metz, dans l’est de la France, pour un meeting.

Mevlut Cavusoglu est attendu à Metz « en début d’après-midi« , a indiqué Alain Carton, secrétaire général de la préfecture de Moselle, qui représente l’Etat français localement. « Une salle du centre des congrès est louée par une association turque locale« , a-t-il été précisé.

Le déplacement du ministre turc en France a été « accepté par le ministère des Affaires étrangères » a déclaré M. Carton, rappelant que « la préfecture est chargée de la sécurité de la manifestation et des abords et le fait qu’il n’y ait pas de trouble à l’ordre public« .

« Le ministère (des Affaires étrangères) a été informé de la venue du ministre« , a confirmé une source diplomatique française.

L’avion du chef de la diplomatie turc « a décollé » pour la France, a indiqué de son côté samedi soir un responsable turc s’exprimant sous condition de l’anonymat. Le ministre devait également se rendre dimanche à Zurich, en Suisse.

M. Cavusoglu avait défié samedi matin les autorités néerlandaises en maintenant une visite prévue à Rotterdam dans le cadre de la campagne du référendum prévu en Turquie le 16 avril sur le renforcement des pouvoirs présidentiels, et en les menaçant de « lourdes sanctions » si elles l’empêchaient de venir. Il devait assister à un meeting.

Mais le gouvernement néerlandais avait fait savoir jeudi son opposition à cette visite, et le meeting avait été annulé dès mercredi par le maire de Rotterdam – au motif de l’indisponibilité du gérant de la salle.

M. Erdogan a laissé entendre que la Turquie riposterait en interdisant aux responsables néerlandais d’atterrir sur son territoire, mais n’empêcherait pas « les visites de citoyens » néerlandais.

M. Cavusoglu, s’exprimant depuis Istanbul, a jugé « inacceptable » l’attitude des Pays-Bas. Et dans la métropole turque, une cinquantaine de manifestants se sont rassemblés devant le consulat des Pays-Bas pour protester.

La Turquie a convoqué le chargé d’affaires néerlandais à Ankara, selon un responsable du ministère turc des Affaires étrangères qui a requis l’anonymat.

D’après l’agence progouvernementale Anadolu, la ministre turque de la Famille, Fatma Betül Sayan Kaya, comptait pour sa part se rendre à Rotterdam par la route, depuis Dusseldorf (Allemagne).

A Rotterdam, la police a fermé la rue où se trouve le consulat de Turquie, invoquant « des informations selon lesquelles un certain nombre de personnes comptent s’y rassembler« .

– ‘Solution acceptable’ –

L’exécutif turc misait sur sa campagne en Europe pour toucher la diaspora. Aux Pays-Bas vivent ainsi près de 400.000 personnes d’origine turque.

« Les Pays-Bas ne veulent pas » que la visite du ministre Cavusoglu ait lieu, avait expliqué jeudi le chef de la diplomatie Bert Koenders. « Nous ne participerons pas à la visite d’un responsable gouvernemental turc qui veut mener une campagne politique pour le référendum« , avait-il poursuivi, soulignant qu' »aucun des moyens habituels fournis pour une visite ministérielle ne seront accordés« .

La Haye et Ankara discutaient depuis lors pour trouver « une solution acceptable« , notamment « pour voir si les autorités turques pouvaient déplacer le rassemblement et lui donner un caractère privé, à petite échelle dans le consulat turc ou l’ambassade« , a précisé samedi le gouvernement néerlandais.

La crise entre les Pays-Bas et la Turquie survient à quelques jours du scrutin législatif néerlandais mercredi, au terme d’une campagne où l’islam a été un thème majeur. Le parti du député anti-islam Geert Wilders est donné en deuxième place par les derniers sondages.

La campagne lancée en Europe auprès de la diaspora turque est à l’origine de tensions entre plusieurs pays et la Turquie, à commencer par l’Allemagne, en raison de l’annulation par plusieurs villes allemandes de rassemblements pro-Erdogan.

Celui-ci avait accusé le 5 mars l’Allemagne de « pratiques nazies« , des propos qui avaient suscité la colère à Berlin et à Bruxelles. Mais la chancelière Angela Merkel avait appelé à « garder la tête froide« .

L’Allemagne compte la plus importante communauté turque au monde hors de Turquie, avec 1,4 million de personnes.

UE: Paris et Berlin poussent vers une Europe à « plusieurs vitesses »

Bruxelles – L’Allemagne et la France ont poussé vendredi vers le scénario d’une Europe à « plusieurs vitesses » pour surmonter l’épreuve du Brexit, se heurtant au refus des pays de l’Est, Pologne en tête.

Les dirigeants nationaux ont débattu à Bruxelles de leur avenir à 27, après une première réunion jeudi marquée par une confrontation avec la Pologne, qui a tenté en vain d’empêcher la reconduction du Polonais Donald Tusk à la tête du Conseil européen.

« La devise est que nous sommes unis, mais unis dans la diversité« , a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, évoquant l’objectif d’un texte solennel préparé par les 27 dans l’optique du sommet de Rome, prévu le 25 mars.

La délicate préparation de cette « Déclaration de Rome » a occupé pendant plusieurs heures les dirigeants, réunis sans la Première ministre britannique Theresa May, comme c’est devenu l’usage pour ces réunions sur l’avenir post-Brexit.

« Il faut que l’on soit capable d’avancer plus vite à quelques-uns« , a appuyé le chef de l’État français François Hollande, car l’Europe a « montré qu’elle n’était pas capable de prendre des décisions au bon moment« .

Il a cité la défense, la zone euro, l’harmonisation fiscale et sociale comme autant de sujets sur lesquels des groupes de pays doivent être « capables d’aller plus vite, plus loin, sans fermer la porte à qui que ce soit« , comme c’est déjà le cas aujourd’hui dans d’autres domaines.

D’autres pays, comme la Belgique, le Luxembourg ou l’Espagne ont apporté leur soutien à cette idée.

– Pas de ‘rideau de fer’ –

Ce scénario n’instaure pas « un nouveau rideau de fer entre l’Est et l’Ouest« , a assuré le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. « Ce n’est pas l’intention« , a-t-il assuré à l’adresse des pays de l’Est.

Ces derniers, notamment ceux du groupe de Visegrad – Hongrie, République tchèque, Slovaquie et Pologne – s’inquiètent d’être déclassés comme des membres de seconde zone de l’Union.

« Nous n’accepterons jamais de parler d’une Europe à plusieurs vitesses« , a prévenu la Première ministre polonaise Beata Szydlo, estimant que cela « compromettrait l’intégrité » de l’UE.

Mme Szydlo s’était déjà illustrée la veille en s’opposant à la reconduction dans ses fonctions du président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, considéré comme un ennemi politique par le gouvernement nationaliste et conservateur au pouvoir à Varsovie.

Mais M. Tusk a été réélu jeudi à une écrasante majorité, à 27 voix contre une. En représailles, Varsovie a refusé d’accepter les conclusions du sommet, qui devaient ponctuer la journée.

Ces conclusions sur des thèmes variés (immigration, économie, défense ou encore la situation dans les Balkans occidentaux), avaient donc été publiées jeudi au nom du président du Conseil européen, avec le « soutien de 27 États membres« , sans incidence sur la reconduction de Tusk jusqu’en novembre 2019.

-« Chantage« –

Revenant sur les tensions de la veille, Mme Szydlo a affirmé vendredi qu’elle avait eu une escarmouche verbale avec le président français François Hollande, qu’elle a accusé de « chantage« .

« Devrais-je prendre au sérieux le chantage d’un président qui a 4% de soutien dans les sondages et qui bientôt ne sera plus président ‘ Je ne sais pas« , a-t-elle lancé devant la presse, sans préciser la teneur de propos qu’aurait tenus M. Hollande.

Selon des médias polonais, il aurait évoqué la question des fonds structurels massivement octroyés à la Pologne par l’UE. Mais ni une source européenne, ni l’entourage du président, interrogés par l’AFP, n’ont confirmé qu’il y avait eu des mots assimilables à une menace portant sur ces fonds.

François Hollande a réaffirmé que l’UE n’était pas « un jeu à somme nulle où l’on calculait ce qu’on obtenait pour examiner ce que l’on consentait à mettre en oeuvre« , a affirmé la source européenne.

M. Tusk, au coeur de la confrontation de jeudi, a tenté vendredi de concilier toutes les sensibilités concernant l’avenir de l’UE: « Notre principal objectif devrait être de renforcer notre confiance mutuelle et l’unité à 27« , a-t-il dit.

Le chef de l’exécutif européen, M. Juncker, a de son côté adressé un message à Londres, qui a promis de notifier son départ de l’UE d’ici la fin du mois: « J’espère qu’un jour viendra où les Britanniques remonteront dans le bateau » européen.

Caméras-piétons

Certaines affaires ont le mérite de faire bouger les lignes. Après plusieurs affaires d’interventions policières délicates, une nouvelle mesure a été mise en place : depuis ce mercredi, les contrôles d’identité doivent être systématiquement filmés dans 23 zones de sécurité prioritaires du pays. Policiers et gendarmes sont dotés de quelques 2600 caméras portatives. Ces zones comportent des ZSP parisiennes, de même que des départements au nombre desquels les Alpes-Maritimes.
Ce n’est encore qu’un test, qui est d’ailleurs l’objet d’un décret en cours d’examen par le Conseil d’Etat. Mais c’est déjà une excellente initiative. Ce procédé est appliqué depuis un bout de temps à l’étranger, et a plus d’une fois démontré sa valeur. Le but de ce dispositif est de tranquilliser les relations de part et d’autre : les fonctionnaires peuvent ainsi prouver qu’ils n’ont pas commis d’infraction, et les habitants sont en mesure de prouver leurs dires si une bavure est commise. C’est clairement un système favorable à tous. En plus, cette disposition permet d’éviter les longs rapports rédigés, ce qui pourrait réduire un peu la part administrative : si vous avez déjà vu un policier devant un ordinateur, vous comprenez de quoi je parle !A l’issue de cette expérience, les directeurs généraux de la Police et de la Gendarmerie Nationales offriront au ministre de l’Intérieur un rapport pour évaluer l’impact de ces caméras sur les contrôles d’identité. Si ce dispositif est validé, des affaires comme celles de Théo début février ne devraient donc plus défrayer la chronique. Voilà au moins une avancée favorable qu’on gardera de Hollande. Ceci dit, le dispositif d’enregistrement n’est pas automatique. Mais ce serait vraiment tendre le bâton pour se faire battre.

Casseurs à Saint-Denis: le gouvernement sous les critiques

Bobigny – Le gouvernement s’est retrouvé mercredi, en pleine campagne présidentielle, sous le feu des critiques de la droite et du Front national, au lendemain d’incidents à Saint-Denis pour lesquels huit mineurs vont être présentés à la justice.

Les huit mineurs sont soupçonnés de « violences sur personne dépositaire de l’autorité publique« , « attroupement armé » et « rébellion« , a déclaré dans la soirée le parquet de Bobigny.

Après des incidents aux abords du lycée Suger, dans le quartier réputé difficile du Franc-Moisin, des jeunes s’en étaient pris mardi aux policiers et avaient commis des dégradations dans cette ville de Seine-Saint-Denis, en banlieue parisienne.

Cinquante-cinq jeunes, dont 44 mineurs, avaient été placés en garde à vue mardi. Finalement, 46 jeunes devaient être relâchés mercredi soir, a précisé le parquet. Un autre avait déjà été remis en liberté.

« Il y a quelque chose de brisé dans notre République« , a lancé François Fillon, candidat de la droite à la présidentielle. Il a dénoncé « une véritable émeute, suivie d’une guérilla urbaine dans les rues« . « Cette situation n’est pas tolérable. Moi je ne la tolérerai pas! »

La présidente de l’Île-de-France, Valérie Pécresse (Les Républicains), qui s’est rendue sur place, a annoncé que la région porterait plainte. Elle a « renouvelé » sa demande au gouvernement « de protéger les abords des lycées franciliens, qui depuis plusieurs semaines sont le théâtre d’incidents violents« .

La candidate du Front national à la présidentielle Marine Le Pen a, elle, critiqué « une réaction minimale » du gouvernement.

« Le Premier ministre est sans doute trop occupé à faire campagne contre ma candidature pour se soucier de ce qui se produit dans le pays!« , a-t-elle accusé, appelant à « restaurer l’ordre républicain et reconquérir les territoires perdus de la République« .

Bernard Cazeneuve a répliqué en mettant en garde « ceux qui cherchent à exploiter » ces violences « inacceptables » à « des fins électorales« .

– ‘Une digue semble avoir sauté’ –

Les violences ont débuté mardi matin par des jets de fumigènes dans l’enceinte du lycée, qui avait connu des violences similaires en septembre, lorsqu’un surveillant avait été blessé, selon une source proche de l’enquête. L’établissement a été évacué.

« Quatre-vingt à 100 jeunes » ont alors pris la direction du centre-ville, selon une source policière. Sur leur chemin, « ils ont caillassé des policiers, incendié des poubelles et détruit du mobilier urbain« . Ils se sont aussi « introduits de force » dans un autre lycée, où ils ont commis quelques dégradations, a expliqué une autre source.

« Une digue semble avoir sauté » avec « l’introduction de la violence non plus seulement sur le parvis des établissements mais à l’intérieur« , a estimé sur BFMTV la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem.

Elle avait réuni dès mardi, des membres de la communauté éducative, le préfet du département et des élus. Elle a rappelé que les équipes mobiles de sécurité (EMS) avaient été renforcées à l’automne, notamment dans l’académie de Créteil (+35%) dont dépend la Seine-Saint-Denis, pour accroître la sécurité dans les établissements et à leurs abords.

Le premier syndicat des proviseurs, le SNPDEN-Unsa, s’est alarmé de « graves dérives, dont le caractère chronique et l’escalade régulière (…) menacent les communautés éducatives d’un drame« .

Le maire PCF de Saint-Denis, Laurent Russier, a lui condamné auprès de l’AFP des « événements inadmissibles« , en appelant toutefois à ce que les gardes à vue ne soient pas « un moyen de punition« .

En toile de fond des violences de mardi, « des reliquats de l’affaire Théo« , du nom du jeune homme victime d’un viol présumé avec une matraque lors de son interpellation le 2 février à Aulnay-sous-Bois, dans ce même département, ont expliqué des sources policières. « On a pu entendre quelques slogans du type +vengeance pour Théo+« , a rapporté l’une d’elles.

Mardi, trois autres jeunes avaient été placés en garde à vue après des incidents devant le lycée Paul-Éluard à Saint-Denis et devant le lycée Voltaire à Paris. Ces dernières semaines, des heurts ont éclaté aux abords de plusieurs lycées en région parisienne, lors de rassemblements contre « les violences policières« .

Journée internationale des droits des femmes

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